Chapitre 16

835 64 0
                                    


Après un léger silence, Hermione grogna, agacée. Drago Malefoy avait toujours été du genre à se moquer de l'opinion des autres et à jouer les provocateurs. Le voir si résigné la mettait hors d'elle.
— Il y a des idiots partout. Tu ne devrais pas faire attention à ce qu'ils disent ! Nous étions... les plus exposés et nous avons fait comme nous le pouvions. Ce n'est pas seulement Harry ou moi. Neville est d'accord, et Luna aussi.

Drago baissa la tête, visiblement perplexe. Puis, il reprit, essayant de reprendre un ton léger, changeant de sujet.
— Blaise a forcément quelque chose en tête.
— Comment ça ?

Drago lui jeta un regard en coin, puis il ricana, moqueur.
— Il est à Serpentard. Il est probablement le seul d'entre nous à venir d'une famille neutre, qui n'a pas pris parti pendant la guerre. Donc, s'il traîne avec Potter, c'est qu'il pense en retirer un bénéfice. Lui ne risque pas d'être inquiété, tu vois ?

Hermione renifla.
— Tout le monde n'agit pas par intérêt ! Il apprécie peut-être sincèrement Harry !

Le Serpentard secoua la tête, en levant les yeux au ciel.
— Gran... Hermione. Agir par intérêt n'est pas toujours négatif. Je ne dis pas que ses intentions sont mauvaises, juste qu'il y a un but derrière tout ça.

Hermione passa la main dans la fourrure de Pattenrond, les sourcils froncés. Puis elle secoua la tête.
— Il pourrait juste apprécier Harry ? Vouloir être ami avec lui parce qu'ils s'entendent bien ? Il faut obligatoirement qu'il y ait une raison derrière ?

Drago lui jeta un regard en coin.
— Dans notre situation... même pour lui, puisqu'il est à Serpentard et ami avec moi, c'est un peu risqué de se montrer spontané, tu ne crois pas ? Quoi qu'il arrive, Potter ne risque rien. Blaise n'est pas stupide. Et surtout, il n'a jamais rien eu contre lui. Il suivait le mouvement, mais il n'était pas vraiment hostile.

Hermione hocha la tête en se mordillant la lèvre. Drago soupira.
— Ça, c'était moi. Je suppose que si je discutais soudain avec Potter devant l'école, on me soupçonnerait de préparer un mauvais coup. J'ai... déjà entendu des rumeurs comme quoi je l'avais drogué ou j'avais utilisé la magie noire sur lui pour qu'il vienne me serrer la main.

Hermione se redressa brusquement, délogeant à demi Pattenrond, qui feula dans sa direction. Elle serra les poings, furieuse, ses yeux noisette lançant des éclairs de rage.
— C'est une plaisanterie ? Mais bon sang, qui fait courir ces stupides rumeurs ?

Le Serpentard eut un rire amer, ignorant la rage de la jeune fille près de lui.
— Quelle importance ? Il y aura toujours quelqu'un pour supposer le pire et il y aura toujours quelqu'un pour y croire. Tu te souviens de ce qu'a eu à subir Potter en quatrième année ? Je suis bien placé pour savoir qu'il est très facile de lancer une rumeur... et qu'il est presque impossible ensuite de remonter jusqu'à la source.

Hermione fronça le nez.
— Harry savait que ça venait de toi. On le savait tous.
— Bien sûr qu'il savait. Je ne me suis pas caché. Mais je n'ai jamais eu de problèmes, les professeurs n'ont jamais pu remonter jusqu'à moi. Vous pouviez m'accuser, il n'y avait aucune preuve. Et avec notre passif, personne ne s'en serait pris à moi sans de solides arguments. N'oublie pas que mon père était... enfin, il serait intervenu, comme toujours.


La jeune fille choisit d'abandonner le sujet, notant mentalement d'en parler à Harry.
— Et donc, selon toi, qu'est-ce que Blaise Zabini attend de Harry en dehors de son amitié ?

Drago haussa les épaules, se détendant de nouveau.
— Je ne suis pas dans sa tête. La première fois que tu as suivi Potter, pourquoi tu l'as fait ? Je me souviens très bien de notre première année et du fait que Potter collait la Belette, mais que tu étais... à l'écart. Alors, qu'est-ce qui a changé ?

Hermione hésita. Elle se mordilla la lèvre, puis laissa les souvenirs l'envahir avec un léger sourire nostalgique.
— Je n'avais jamais eu d'amis avant ça. Dans le monde moldu, les autres enfants me trouvaient... étrange. Et à Poudlard, comme je lisais tout ce que je pouvais pour... savoir le plus de choses possible... Et bien, j'étais plutôt solitaire aussi. Ron s'était moqué de moi juste avant, alors que j'avais juste voulu l'aider, et je pleurais... C'était le jour où le troll est entré dans l'école, le jour d'Halloween. Tous les deux, Harry et Ron, ils se sont rendu compte que je ne le savais pas et que j'étais seule et en danger dans les toilettes du troisième. C'est comme ça que ça a commencé. Ils sont venus me sauver, ils se sont tous les deux battus contre le troll. Je me souviens de Ron... il était mort de peur, mais il n'a pas abandonné. Il a même assommé ce fichu troll avec son propre gourdin.

— Donc tu étais reconnaissante ?
— Je suppose. Personne n'avait jamais fait ça pour moi avant. Pour leur éviter d'avoir des problèmes, j'ai prétendu que... que j'avais tout lu sur les trolls et que je voulais m'en occuper moi-même. Que j'étais certaine de pouvoir gérer et que sans mes camarades qui avaient voulu me stopper j'aurais pu être tuée.

Drago laissa échapper un léger rire, les yeux brillants.
— Je suppose que les profs n'ont eu aucun mal à te croire ?

Hermione laissa tomber sa tête contre le mur et gloussa, lui adressant un clin d'œil complice sans répondre. Son côté Miss-je-sais-tout avait été le prétexte de nombreuses insultes de la part du Serpentard après tout.


Drago reprit, continuant la conversation qu'il avait initiée.
— Ils t'ont sauvé et ça a suffi à te convaincre de les suivre ?

Hermione rougit légèrement puis gloussa nerveusement en se souvenant de leurs premières aventures.

— Pas tout à fait. En fait, au début, je les suivais pour les empêcher de faire perdre des points à notre maison. Je me disais que si je contrôlais leurs idées stupides, nous pourrions éviter de nous faire prendre et donc d'avoir des ennuis.

Cette fois, Drago laissa échapper un franc éclat de rire. Hermione l'observa discrètement, fascinée. Il semblait parfaitement en confiance et n'avait plus cet air pincé qu'il arborait en permanence. Il ne semblait plus sur le point de s'effondrer, comme si leur conversation légère lui avait fait oublier sa situation. C'était évidemment le but de la Gryffondor et elle se détendit à son tour, souriante.

Se reconstruireWhere stories live. Discover now