Chapitre 16 (suite)

1.1K 183 499
                                    

Au milieu du salon, Gatien s'évertuait à écouter son professeur.

— Rentre le menton, lève la tête. Comme si un fil te tirait du plafond.

— Madame Charlotte elle dit toujours ça !

— C'est parce qu'elle a raison. Ne creuse pas le dos. C'est bien. Le pointé !

— Je sais pas faire ça moi !

Vicky se retint d'éclater de rire. Il se perdit dans ses souvenirs, songeant à cette version de Leï qui refusait à l'époque d'entendre parler de danse classique. Un sourire se figea sur ses lèvres quand il se rappela comme il avait honte de s'abandonner à ces mouvements devant lui. Aujourd'hui, Leï transmettait son savoir à des enfants et adolescents avec une patience adorable.

— En demi alors, c'est important de les travailler. Et hop, relevé !

Gatien observa Leï effectuer quatre pirouettes à la suite. Il applaudit et sauta sur place, manquant de se prendre les pieds dans le tapis. Leï rit jusqu'à ce que son amusement se transforme en toux. Il fit tourner son index, invitant Gatien à continuer ses mouvements, le temps pour lui de boire un verre d'eau. Vicky dut se maîtriser pour ne pas remettre le sujet du médecin sur le tapis. Ils se disputaient chaque fois qu'ils l'abordaient.

« J'préfère mourir plutôt que de me trimballer à nouveau une putain de bombonne à oxygène sur le dos ».

Si Vicky comprenait la peur et la douleur qui enflaient à l'intérieur de Leï, il restait choqué.

Il préfère mourir... Il a dit... qu'il préfère mourir. Et c'est son choix... Mais j'espère qu'il ne le pense pas...

Vicky le regarda avaler son verre d'eau, les doigts anormalement crispés autour. Les tremblements s'intensifiaient parfois. Il n'osait plus formuler la moindre inquiétude cependant, de peur que Leï s'en formalise. Dans ces moments-là, il songeait à la façon dont ce dernier l'avait repoussé, lui lançant au visage qu'il les détruirait tous deux. Et Vicky dut bien reconnaître qu'il n'était pas certain de survivre à tout cela.

Pourtant il l'aimait. Dieu qu'il l'aimait. Son amour ne faiblissait pas. Il aurait tout donné pour lui. N'importe quoi.

N'importe quoi... se répéta Vicky.

_____

Jeudi 4 mars

Les carrelages nacrés du plan de travail luisaient presque. Vicky tira le torchon sur son épaule quand la sonnette retentit. Un instant, il crut s'être perdu dans le temps, mais sa montre n'indiquait que quinze heures seize. Bien trop tôt pour que Leï rentre déjà. Il s'essuya les mains et ouvrit la porte en même temps que la bouche. Aucun son n'en sortit.

— Salut Victorien.

— Steven ?

Le vent fouettait le visage et la gabardine de Steeve. Vicky s'écarta pour le laisser rentrer. Malgré leur passif, il devait admettre l'élégance de ce garçon en toutes circonstances.

— Leï n'est pas là...

Les mains dans les poches, Steeve effectua un rapide tour sur lui-même, jaugeant les lieux, avant d'affecter un sourire faible, toutefois poli.

— Voilà qui m'arrange. C'est toi que je suis venu voir.

Vicky fronça les sourcils. Il n'avait ni le courage ni l'envie de s'engager dans une discussion avec Steven McRoilly.

— Écoute, si c'est à propos de Travis..

— Je ne suis pas venu pour te parler de ma moitié, mais de la tienne. Dis-moi... jusqu'à quel point tu tiens à Leï ?

Ultraviolet - (L&V) T.3Donde viven las historias. Descúbrelo ahora