Mortel

Chapitre 22

If you fall, I fall with you baby

Cause, that's the way we like to do it

Demi Lovato- Made In The USA

Un horrible hurlement me déchira les tympans et, secouée de spasmes, je pressai mes paumes contre mes oreilles pour ne plus l'entendre. Il me fallut plusieurs secondes pour réaliser que c'est moi qui criais.

Une terreur comme je n'en ai jamais ressentie m'envahit, me pétrifiant sur place. Je n'arrivais plus à respirer, ni à bouger, j'eus même l'impression que mon cœur s'était arrêté de battre.

Puis ce fut comme si mon univers tout entier s'effondrait en même temps que le corps de Lamine.

C'est alors que l'enfer se déchaina.

Ceux de notre camp venaient d'ouvrir le feu. Je suppose que voir Ivo foudroyer Lamine sur place avaient dû les décider à attaquer. Les balles pleuvaient de partout, des cris de fureur, de panique et de douleur envahissaient l'espace, tandis que les Agents prenaient l'école d'assaut.

Tout n'était que chaos autour de moi.

Et je m'en fichai.

J'étais comme déconnectée de mon corps, c'était comme si je regardais la scène qui se déroulait autour de moi d'un point de vue extérieur.

Je voyais une quinzaine des hommes d'Ivo encercler ce-dernier pour le protéger dès que les Agents avaient commencé à se ruer dans la cour.

Je voyais Sally donner un violent coup de coude à celui qui l'immobilisait puis lui arracher son arme des mains avant de l'assommer avec la crosse.

Je voyais Tapha et d'autres hommes nous tirer dessus en se ruant dans le bâtiment pour se protéger...

Je voyais tout ça sans le voir.

Entre le moment où Lamine était tombé et celui où les Agents avaient fait irruption dans l'école, il avait du se passer moins d'une minute, mais pour moi, ces secondes eurent des allures d'éternité. Toujours immobile, je fixai Lamine qui gisait par terre, insensible à ce qui se déroulait autour de moi, refusant de croire à ce qui venait tout juste de se produire.

Lamine est mort.

Lamine est mort et c'est par ma faute.

Si je n'avais pas fait confiance à Ivo, rien de tout cela ne se serait produit. Si je n'étais pas sortie de la salle de classe, il serait encore vivant.

Je sentis soudain quelqu'un me jeter brusquement à terre et au même moment où une balle sifflait au dessus de ma tête, j'entendis une voix furieuse hurler : « Il avait dit de ne pas toucher à la fille !». Légèrement hébétée, le cœur battant, je levai les yeux pour voir qui avait parlé mais mon horizon était obscurci par Kader qui se redressait prudemment en jetant des regards furtifs tout autour de lui.

- Ça va ? me demanda-t-il en m'aidant à me remettre debout.

Les jambes chancelantes, je m'accrochai à lui sans répondre et me prenant par le bras, Kader me guida à grands pas vers l'intérieur du bâtiment. Je voulais résister pour échapper à sa poigne, je voulais rester sur place et aller vers Lamine, je voulais aller le relever, l'amener loin d'ici, mais mes muscles qui s'étaient transformés en guimauve refusaient de m'obéir et je n'eus d'autre choix que de suivre docilement Kader alors que dans ma tête résonnaient des cris qui disaient : « Non ! Non ! Non ! ».

Il me fourra à l'intérieur d'une salle de classe et referma la porte derrière lui. Je me dirigeai aussitôt vers la fenêtre comme un zombie et tournai les yeux vers l'endroit où était étendu Lamine.