Chapitre 6 : La Maison Rouge

1.4K 114 101
                                    

Quand j'avais été en âge de m'intéresser aux garçons, je m'étais souvent demandée comment serait ma vie, une fois que je rencontrerai l'homme de mes rêves.

Puis il y avait eu cette curiosité de savoir comment serait ma première fois et si c'était cela qui allait faire de moi une « femme accomplie ».

Ou peut-être que c'était avoir des enfants qui le ferait. Car bien sûr, j'allais avoir des enfants. Le contraire avait été inenvisageable. Du moins pour toutes les femmes de mon quartier, à l'église et sur les posters de campagne du Parti fasciste qui promouvaient la femme au foyer.

J'avais grandi dans l'idée qu'une fois j'aurais atteint ma majorité, je me marierai et je quitterai le domicile familial – au grand dam de Raf.

Mais la vie en avait décidé autrement, car à mes dix-huit ans, j'avais pris un petit job pour l'aider à subvenir à nos besoins. Et depuis, je n'avais pas arrêté de travailler jusqu'au jour où... Jusqu'au jour qui avait bouleversé ma vie.

Cependant, si on m'avait dit que ma première fois se passerait dans un bordel, je ne l'aurais pas cru.

Plus jeune, j'avais entendu des filles dire que pendant la défloraison, on ne sentait pas grand-chose. L'homme faisait tout. D'autres avaient parlé d'autre monde, d'extase et de petit nuage.

Dans mon cas, il n'y eut ni extase, ni nuage.

Pour ma première nuit, Pearl avait choisi un de ses clients pour m'éviter de tomber sur un inconnu.

Mais l'homme restait l'homme.

Personne ne m'avait dit qu'à peine déshabillée, on allait se jeter sur moi sans me prévenir, ses griffes serrant mes hanches, sa gueule sur mes seins. Personne ne m'avait dit qu'on allait attraper mon cou pour m'étouffer et plaquer mon visage dans l'oreiller pour étouffer mes pleurs.

Personne ne m'avait dit que ce n'était pas à un homme à qui on donnait sa première fois, mais à un animal affamé.

Puis je n'avais pas compris pourquoi à chaque cri que je poussais, cela l'avait rendu plus excité, plus brutal, plus impatient. J'avais cru qu'il avait confondu ma souffrance par du plaisir. Mais quand il avait ri après son premier orgasme, satisfait, j'avais compris.

J'avais compris que ma souffrance, avait été son plaisir.

Si on me demandait plus de détails, je ne saurais en dire davantage, car j'avais ensuite eu une absence, quand j'avais réalisé qu'il n'allait pas s'arrêter à sa première jouissance.

Et après ça, je n'avais plus rien ressenti.

Ni quand il m'avait retournée sur le ventre, ni quand il m'avait prise par-derrière, cherchant à aller toujours plus loin. Toujours plus fort.

Je ne pouvais même pas dire si cela avait été douloureux ou non.

Parce que j'avais eu l'impression d'avoir été dépossédée de mon propre corps.

Étrangère à moi-même.

Mais c'était que lorsqu'il était parti et que Pearl m'avait retrouvée sur le lit, tremblante, en sueur, en position fœtal, recroquevillée contre moi-même, que j'avais compris qu'elle aussi ne s'était pas attendue à ça de sa part.

Pour la première fois, je l'avais vue en colère.

Mais elle s'était vite reprise et elle m'avait aidée à prendre un bain.

— Ce n'est que le début, avait-elle murmuré en effleurant mon épaule nue. Si tu veux partir, c'est...

J'avais brusquement secoué la tête.

LA FLEUR DU MAL [MAFIA ROMANCE] - TERMINÉEWhere stories live. Discover now