Chapitre 1

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Cela fait déjà deux heures que j'attends. Deux heures que je reste là, parfaitement immobile et prête, devant ma fenêtre de chambre. Mon regard oscillant de droite à gauche, perdu dans cette douce brise matinale. Les feuilles volaient, tournaient, tombaient. On aurait dit une danse que m'offre intimement la nature. Cette même nature dont je n'ai pas l'habitude de voir. Il faut dire que je viens d'emménager ici, et qu'avant de vivais en pleine ville. Je suis donc assez heureuse de pouvoir échanger ces interminables gratte-ciels contre ces magnifiques arbres. 

Il me faut quelques secondes pour que mon cerveau se reconnecte à la réalité. Mon père m'appelle. J'ai du être trop longue à répondre étant donné que je le vois débouler dans ma chambre. 

- Mais tu te fous de moi? Qu'est-ce que tu fais le nez encore collé à la fenêtre? Me demande-t-il avec sa "délicatesse" habituelle.

- J'arrive, répondis-je simplement.

- Et tout de suite, siffle-t-il en partant.

A-t-il toujours été ainsi? Bien sure que non. Mais ai-je le choix? Non plus. Il est tout ce qu'il me reste. Que deviendrais-je si je partais? Où irais-je? Avec quel revenu? Tant de questions pour si peu de réponses et....de temps! Il faut que j'y aille ou il me le fera regretter. Et je n'ai pas envie de me battre dès le matin.

Je me lève d'un bond, enfile mon sac et attrape mon téléphone avant de visser un de mes écouteurs dans mon oreille.

- Enfin, dit-il en me voyant descendre. Ce soir il y aura des amis à moi. Ne me fais pas honte, et surtout, sois là à l'heure. Tu t'occuperas de préparer ce qu'il faut.

- ...

Il me regarde de haut en bas analysant chaque centimètre de mes vêtements. J'attends une réflexion de sa part... Pas assez de couleur pour lui? À moins que ce ne soit mon haut qui soit trop court à son goût? Mais qu'est ce que j'en ai à faire! J'ai 18 ans mais il se croit toujours permis de me juger, de me rabaisser, de m'humilier... Or je l'ai déjà dit, je ne peux partir...

Au lieu de dire quelque chose sur mon style vestimentaire, il souffle et pointe la porte du doigt.

- Sors, tu vas rater ta première heure de cours. Et ne sois pas en retard, 18h ici.

J'hoche de la tête et sors. Une fois la porte fermée, je souffle un coup et mes mon deuxième écouteur dans mon oreille me laissant envahir par le rythme de ma musique. Je n'ai jamais laissé transparaitre mes émotions devant les autres, même les plus douloureuses, alors ce n'est pas aujourd'hui que cela va commencer. J'essuie mes larmes du revers de la main et augmente le son de mon téléphone. Je n'avais que quelques minutes de marche pour arriver à ma  fac, mais ce sera déjà ça pour me changer les idées. Croyez-moi, mon premier jour ne commence pas de la meilleure des manières pour moi...

Je ne comprends toujours pas ce que je ou j'ai fait de mal? Je ne me vois pas envahissante, ni même inactive... alors pourquoi? Pourquoi devais-je vivre tout cela?

Je souffle à nouveau pour me sortir ses pensées de la tête. Je me le suis promis. Je dois faire un effort, pour moi, pour elle...

Lorsque j'arrive devant l'immense bâtiment, un seul mot me vient à l'esprit.

Ennuyeux.

Pour tout vous dire, je suis obligée d'aller dans cette fac publique parce que mon père ne voulait pas dépenser beaucoup d'argent pour moi. J'ai donc du aller dans celle la plus proche, la moins chère...mais surtout, la moins bien fréquentée...

Raison de plus pour garder mes écouteurs et avancer en ne regardant rien d'autre que droit devant moi.

Casier 206.

What's your poison ?Where stories live. Discover now