Satan est une femme

08. Femme de rêves

"Vous êtes arrivée à destination."

— Tu es libre ce soir?

— Ce soir ?

— Hmm

— Oui, je peux me libérer. Où souhaites-tu m'amener ?

— Chez moi.

— Chez toi ? Tu ne m'amènes pas dans un restaurant comme tout le monde ?

— Et te faire manquer l'occasion de goûter à ma cuisine ? Jamais.

Je laisse un petit rire alors que je me gare dans le stationnement de la boutique.

— Va pour chez toi alors. Je suis arrivée sur le lieu de ma visite, on se rappelle dans deux heures ?

— D'accord, ne sois pas trop sévère avec tes employés.

— Je ne suis pas sévère.

— Mais oui, bien sûr. Bon, je te laisse, à tout à l'heure, Ariès.

— À ce soir Aaron.

Je coupe l'appel.

Oui, c'était Aaron, le réalisateur de Ginger.

Lors de sa visite d'il y a deux semaines, le courant était tout de suite passé entre nous. Il était charmant, créatif dans ses avances et avait un adorable sourire. Son physique avantageux n'était qu'un plus. Nous avons passé l'avant-midi à échanger des regards et flirter.

Avant de repartir avec Alexandra et Viviane, il m'a demandé mon numéro, me faisant bien comprendre que je lui plaisais et qu'il voulait me revoir... hors du cadre professionnel. Souvent.

Nous avons eu deux rencards jusqu'ici qui se sont déroulé à la perfection. Il est de bonne compagnie, drôle et très galant.

Il m'envoie d'adorables messages tous les matins, en journée et avant que je n'aille dormir. Il m'a même amené sur le lieu de tournage d'une des scènes de Ginger il y a quelques jours.

Il est le premier homme avec qui je n'ai pas encore couché depuis mon retour et je crois sincèrement que ça pourrait marcher avec lui. Pour l'instant, nous ne sommes pas en couple bien évidemment, on se fréquente seulement.

Je consulte les quelques messages reçus alors que je conduisais jusqu'ici. Un trajet d'une heure.

Darryl : J'ai un plan pour Riley, mais d'abord je dois parler à mes parents. J'espère que tu n'es pas encore au téléphone avec Aaron.

Jeanne : Oui, je déménage la semaine prochaine, tu viendras me rendre visite ?

Mme Anderson : Il y a un accident sur la 13 Nord. Je suis coincée dans le trafic, j'ignore quand je serai là. On peut reporter la visite si vous voulez.

Je lui réponds que je patienterai. Je n'ai pas d'autre journée de libre avant trois semaines.

Je ferme mon téléphone et entre dans la boutique Libertine qui vient juste d'être inaugurée.

Il est bien vu que les cadres se présentent de temps en temps sur le terrain pour rencontrer les employés et les voir à l'œuvre. Cette visite me servira également d'étude de l'expérience client, car j'avoue ne pas du tout savoir comment ça se passe. Travailler dans mon bureau à longueur d'année me déconnecte de la vie réelle. Mme Anderson, la gérante de cette succursale devait me faire la visite, me présenter leur approche et on devait prendre quelques photos pour montrer que nous sommes passés.

Lorsque j'entre dans la boutique aux lumières légèrement tamisées, une vendeuse m'accoste presque aussitôt. Elle est très grande, vêtue d'un corset et d'une très longue jupe noire et encore avec son allure gothique.