20. Tais-toi, femme (1)

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20 décembre (J-4)

J'ouvre yeux et sens la plus grosse migraine qui m'ait été donnée de ressentir depuis longtemps. Ça et ma bouche pâteuse me font comprendre que j'ai la gueule de bois. En bougeant, je sens quelque chose de chaud, moelleux et agréable sous mon visage. Je me redresse légèrement pour voir que ma tête reposait sur les seins d'Ariès.

Et je dormais... Quel con, mais quel con!

Mon mouvement la fait bouger et changer de position sans pour autant la réveiller. Elle se met sur le côté, réduisant à néant mon plan de faire semblant de me rendormir sur elle.

Délicatement, je sépare nos corps et me lève. Ce n'est que quand je suis debout, que je réalise que j'ai dormi sur le lit, dans les bras d'Ariès qui plus est et en boxer en plus.

Comment je me suis retrouvée là ? Je tente de me remémorer la fin de la soirée d'hier, sans succès. J'étais assis au salon à essayer de garder le contrôle et puis... et puis quoi ?

La peur me saisit soudain.

Je déteste ce sentiment. Celui de me réveiller sans savoir ce que j'ai pu faire avant. Est-ce que j'ai dérapé ? Est-ce que j'ai fait du mal à quelqu'un ? Est-ce que j'ai fait du mal à Ariès ?!

J'inspecte mon corps et regarde Ariès qui salive sur l'oreiller dans une position insolite. À première vue, on dirait que non. Mais le sentiment de ne pas savoir ce qui s'est produit la veille m'angoisse encore.

Je porte mes pantoufles et sors de la chambre. Je descends à l'aire commune où tous sont déjà réveillés et à table en train de déjeuner.

Quand ils me voient, toutes conversations cessent.

Et merde.

Puis des sourires apparaissent sur les visages.

— Tu nous as offert un foutu spectacle hier soir, commente Darryl.

— J'ai quoi- vous savez quoi, ne me dites même pas. Peu importe ce que j'ai fait saoul et défoncé, sortez-vous ça de la mémoire.

Je prends place à table et mange silencieusement en écoutant les discussions diverses.

— Bonjour Freddie.

Je frissonne en sentant le souffle chaud et la voix d'Ariès dans ma nuque. Elle s'assoit sur la chaise vacante à ma gauche.

— Freddie ?

— Pardon, je voulais dire Hugo.

Elle n'ajoute rien d'autre et se penche pour attraper la cafetière avant de verser son contenu dans une tasse en face d'elle. Autour, les conversations diverses reprennent et Ariès y prend part, parlant fort et riant.

Je sens son genou toucher le mien sous la table alors qu'elle continue de parler comme si de rien n'était. Moi je suis incapable de me joindre aux conversations, je ne pense qu'à nos peaux en contact qui me donnent l'impression d'être électrocuté par chacune de ses cellules.

Comme si ça ne suffisait pas, Ariès lève sa jambe dénudée et la pose sur la mienne sans même jeter un regard en ma direction. J'abandonne ma tartine pour me concentrer à paraître naturel.

Si Chanel nous voit...

C'est ce que je pense, mais cela de m'empêche guère de poser ma main sur sa cuisse, ce qui la fait frissonner l'espace d'une milliseconde, et de dessiner d'interminables spirales sur sa peau diaphane.

— Oui, nous sommes égaux, mais biologiquement les hommes auront toujours une avance sur les femmes, affirme Rajeev quand je réussis à détourner mon attention de la cuisse d'Ariès.

Satan est une femmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant