𝐀̀ 𝐯𝐨𝐮𝐬, 𝐧𝐨𝐬 𝐌𝐨𝐫𝐭𝐬 - 𝖲𝖭𝖪

À Erwin Smith

Jour 267

    J'ai l'impression que tu es mort hier. Ou alors que tu es mort il y a des années, je ne sais pas. C'est une sensation familière que j'ai toujours connue et pourtant, ton départ résonne plus fort en moi que celui des autres. Peut-être parce que c'est le plus récent, et parce que la chambre qu'on a si souvent partagée paraît trop grande maintenant. 
    Hange a tenu à garder la sienne (malgré son nouveau statut de Major) et à me laisser seul, et comme je ne dors toujours pas j'ai suivi son conseil et t'écris cette stupide lettre. Il paraît qu'on se sent mieux après; je n'en suis pas certain.

    Je me suis souvent dit que j'aurais dû te tuer plus tôt, comme j'étais censé le faire. Je n'aurais pas dû te pardonner d'avoir condamné Isabel et Farlan. Et pourtant, j'ai laissé mes désirs de vengeance se noyer un peu plus à chaque fois que ton regard croisait le mien, pour finir par les oublier complètement.
    J'ai toujours pensé que l'homme n'était pas fait pour être heureux, qu'il était là par hasard et devait se battre pour rester, sans aucun autre but. C'est pas facile pour moi de l'admettre, mais cette réalité était moins compliquée à accepter lorsque tu étais là.

    J'espère que tu ne m'en veux pas de t'avoir empêché de poursuivre ton rêve. Je pense jusqu'ici avoir fait le bon choix, car rien n'est aussi merveilleux que tu l'imaginais.
    Je ne t'oublierai jamais. Comment le pourrais-je, de toute façon ? J'ai le sentiment de te revoir dès que mon regard croise celui d'Arlert. Vous avez les mêmes yeux, les tiens étaient peut-être un peu plus fatigués. Mais bon, je ne t'apprends rien : Hange passait son temps à vous le dire.

    Tu resteras toujours cet homme que j'admire et respecte, et j'espère te retrouver un jour. Je pourrai alors peut-être te dire ce que je ressens et n'ose pas écrire dans cette fichue lettre qui finira au feu.

Mon coeur t'est entièrement dévoué, pour toujours.

Livaï.