S E V E N

785 46 59
                                    

VAN

Sia – Elastic Heart

Tic. Tac. Tic. Tac.

Ce bruit frénétique retentit entre ces murs, l'horloge qui ne cesse de tictaquer, me rend plus nerveux que je ne le suis déjà. La femme d'âge mure en face de moi note je ne sais quoi sur son cahier, laissant le son de son stylo gratter le papier dans l'air ambiant. Mon regard est alors dirigé vers son immense aquarium derrière elle, que je n'arrive alors pas à détacher des yeux. J'ai l'impression d'être en sueur, comme tout le temps ou je viens ici. Un frisson roule le long de mon épine dorsale, j'essaye toutefois de tenir bon en observant ses poissons faire des vas et vient dans l'eau. La voix douce de la blondinette s'élève finalement dans mon dos :

— Pourquoi n'es-tu pas venu récemment ? J'ai failli ne pas pouvoir payer mon loyer parce que tu ne venais plus. Tu sais que chaque minute compte pour les frais de consultation, n'est-ce pas ?


— J'étais dans un état où je n'avais même plus la force de venir chercher mon ordonnance pour mes médicaments. admis-je.

— Penses-tu à des décisions extrêmes ces derniers temps ?

Je prends une grande bouffée d'oxygène avant de quitter cet aquarium du regard pour croiser ses yeux pâles. Elle croise ses longues jambes et retire ses lunettes en les tenant par le devant, me fixant pendant des secondes qui me font me sentir mal. Parce qu'elle me connaît mieux que mes propres amies. Parce qu'elle sait tout de moi. Elle connaît mes faiblesses depuis près de dix ans. Sans jamais me juger, non pas parce qu'elle fait son travail mais parce que nous avons développé un lien au fil du temps.

— Parfois oui, récemment j'ai fait une tentative.. parce que j'ai rechuté encore une fois.

— Ne serait-ce pas parce que tu as cessé de prendre ton traitement journalier ?


— J'imagine, il n'y a pas que ça mais tu sais déjà tout de toute évidence.. dis-je en indiquant du menton le dossier qu'elle tient.

Un franc sourire illumine son faciès. Mes yeux retrouvent le vide, qui me nargue chaque fois que je suis dans cet état second. Elle se racle la gorge pour reprendre son récit comme elle en a l'habitude :

— Sais-tu quels sont les moments les plus durs dans mon travail ? C'est quand mes patients se suicident. C'est à ce moment-là que je ne sais pas quoi faire ni comment penser. Si je dois assister aux funérailles ou non. D'un côté, j'étais celle qui connaissait le mieux le patient, j'ai récemment eu une perte tu sais. C'est pour cette raison que je te dis tout ça.

— Vas-tu aller à ces funérailles ?


— Même l'association a un avis partagé mais la règle n'est pas d'y assister pour la protection du médecin mais j'y vais quand même.

— Pourquoi..?


— En tant qu'humain ce n'est pas dur de passer du temps à dire au revoir pour la dernière fois. Ce qui est dur c'est d'oublier. Et pour répondre a ta question c'est parce que je tiens à eux, a chacun de mes patients tout comme je tiens a toi mon cher Van.


— Merci Az.. murmuré-je.


— Passons, dis-moi en plus sur ta venue d'accord ?

J'acquiesce, le cœur lourd. Comment pourrais-je lui sortir tout ce que j'ai sur le cœur sans pleurer ? Comment pourrai-je la regarder en face ensuite sans défaillir ?


— Tu te rappelles de mon petit-ami ?

— Bien sûr, tu m'avais dit qu'il était devenu ton refuge. Tu te sentais en sécurité avec lui, je m'en souviens qu'en est-il aujourd'hui ?

Tales Of Hearts [ T1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant