F O U R T E E N

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PDV INCONNU

Agust D – Daechwita

La sueur perlant sur mon front, je grimace en poussant sur mes bras, commençant ma routine du matin. Les muscles endolories je continue mes pompes en étant surveillé par les gardiens postés non loin de ma cellule. Bande de connards. 6 ans. Six putain d'années que je croupie derrière ces foutues barreaux. Mes proches ont tout fait pour me sortir de ce merdier, sans succès. Nous avons perdu le procès, j'ai donc gagné vingt ans de prison ferme. Je me suis longuement questionné sur comment ils avaient réussi à m'inculper sachant que je ne suis pas à l'œuvre de ces meurtres. Certainement Vegas, après tout monsieur a des contacts un peu partout dans le monde, même dans les forces de l'ordre et j'en passe. Peut-être même qu'à l'heure qu'il est l'un de ces gardes fait partie de ses magouilles. Je termine ma session de trente pompes et me redresse, les membres douloureux je m'assois à même le sol contre le mur. Ayant certainement pitié de mon piteux état, un des gardiens s'approche de moi, il ouvre ma cellule et attrape les menottes à sa taille.

— Fais pas cette tête mon gars, tu as une sale gueule. Puisqu'il est tôt et que tu es sage aujourd'hui je t'emmène prendre ta douche avant tout le monde.

Je ne me pose pas de questions et me lève, il attrape mes poignets et amène mes bras dans mon dos pour menotter mes mains. Je ne bronche pas un seul instant, confiant. Il nous emmène hors du couloir possédant une centaine de cellules.

Certains prisonniers m'envoient des regards noirs, d'autres m'ignorent ou encore me sourient.

Après six ans entre ces murs, j'ai pu me faire une réputation. Ici, c'est une véritable jungle, tu dois mordre pour être respecter. Je me rappelle m'être fait bizuter durant mes premières semaines en taule, ou bien même le jour où on a essayer de me tuer sous les douches. La règle numéro une lorsque tu es en taule – pour une chose que tu n'as pas commis – c'est de ne pas rester seul dans ton coin, la vulnérabilité est ta faiblesse première. Tu dois être redoutable comme tes ennemies, parce que des ennemies, j'en ai même ici. Cependant depuis que je suis dans la bande des dealers, tueurs en séries – et j'en passe parce qu'il y a trop de choses à dire sur leur compte – je suis protégé et en sécurité. Disons qu'il s'agit d'une astuce hiérarchique. Plus on sera nombreux, plus on sera redoutables et moins on aura de chance de crever dans notre sommeil ou que sais-je. Je ne dirais pas non plus que je me sens chez-moi ici mais je ne me sens plus en danger. Parce qu'entre ces murs, le danger c'est moi.

— Tu m'as l'air bien pensif aujourd'hui, Baek. Lance-t-il.

— Pas vraiment, j'en ai juste ras le cul d'avoir cette routine et de croupir ici. Grincé-je.

Le gardien dont j'ai zappé le prénom ricane en poussant une grande porte qui mène aux vestiaires, non-loin des douches communes.

— J'imagine bien mais ça va le faire, il me semble que tu as bientôt un autre procès non ? Pour réévaluer ton dossier ?

Merde. Je l'avais oublié celle-là. Mon avocat, Eliott Emerson, a demandé de rouvrir mon dossier après cinq ans sans l'avoir touché. Il pense qu'un autre procès serait une bonne chose, en essayant par la même occasion de rassembler des preuves sur mon innocence. Le problème c'est que je n'ai pas d'alibi. Enfin, lui que j'ai est défaillant.Un foutoir monstre. Face à mon mutisme, il me réplique alors :

— La femme qui passe régulièrement devrait te rendre visite aujourd'hui de ce que j'ai compris au téléphone.

Encore ? Ça fait quatre fois depuis le mois dernier. Ses visites sont de plus en plus fréquentes, je ne comprends pas réellement pourquoi mais j'imagine qu'elle a une raison derrière la tête pour être autant sur mon dos.

Tales Of Hearts [ T1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant