𝐋'𝐚𝐦𝐨𝐮𝐫 𝐞𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐞𝐮𝐱 𝐥𝐚𝐧𝐠𝐮𝐞𝐬 | 𝐁𝐚𝐣𝐢 𝐱 𝐑𝐞𝐚𝐝𝐞𝐫

Chapitre 3

Point de vue de T/p

C'est aujourd'hui. C'est aujourd'hui le jour de mon exécution. Je vais crever au milieu des gosses de mon âge qui vont croire que je fais mon intéressante. Putain j'ai peur. Ils vont tous se moquer de moi, c'est sûr. Il ne faut surtout pas que je montre que je suis terrifiée. Super maintenant j'ai envie de pleurer. Je me mets une gifle en espérant que ça fonctionne mais j'ai mal. J'ai vu ça dans un film, il ment.

Je me prépare en m'habillant avec l'uniforme, je me coiffe et j'attends Justin qui doit m'accompagner pour mon premier jour. J'ai l'estomac trop serré pour grignoter quelque chose, donc je me contente de rester contre le mur de l'entrée. Il arrive enfin et on quitte l'appartement, en descendant les escaliers, j'entends des voix masculines sans pour autant comprendre ce qu'elles disent, sûrement des adolescents. Je stoppe immédiatement mon frère.

Moi : Attends s'il te plaît, je veux pas qu'on me voit.

Il ne bouge pas et on attend quelques minutes. Les voix se sont éloignées et on sursaute au bruit de la porte de l'immeuble qui a claqué. Et merde maintenant on va être en retard.

Justin : Il nous reste dix minutes pour arriver à l'heure sachant qu'on a quinze minutes de marche. Tu vas devoir courir soeurette. *Il affiche un sourire narquois.*

Moi : QUOI ?! T'es sérieux là ?! Bordel je te hais !

Puis on court, enfin, lui il s'arrête quand il voit que je suis trop loin c'est-à-dire tout le temps. On passe devant deux garçons qui se sont arrêtés pour nous regarder arriver. En même temps mon frère me crie de me dépêcher et moi je l'insulte, tout ça en français. J'ai pas particulièrement fait attention à eux mais je crois qu'il y a un blond et un brun. Sincèrement je m'en fous, je vais être en retard le premier jour !

Finalement, on arrive une minute à l'avance, grâce à Justin qui a fini par me porter au bout de cinq minutes. Je lui dis à ce soir, complètement essoufflée et je me fais interpeller par un adulte qui me prend en charge. Je crois que c'est le directeur, un truc du genre. Je comprends rien à ce qu'il me dit mais je hoche la tête quand il me regarde. On arrive devant une salle de classe, elle semble vide, y'a pas de bruit. Je capte deux trois mots du directeur, ça va être ma salle de classe, je vais découvrir mes camarades, blablabla. Il ouvre la porte et je vois une trentaine de visages rivés sur moi. Mes joues rougissent instantanément, c'est trop gênant. Ils sont là depuis le début et j'ai rien entendu ? Genre ils ne racontent pas leur vie à leurs potes pendant que le prof essaie de se faire respecter ? C'est quoi cette dictature ? J'ai envie de les prévenir qu'ils ne sont pas en prison mais c'est trop difficile, puis je stresse trop pour parler.

C'est le prof qui brise le silence. Il m'adresse la parole et je me retourne instinctivement vers le directeur, qui a disparu... Je le regarde, les sourcils froncés. Il parle lentement pour que je comprenne, j'ai l'impression d'être débile mais au moins je comprends la plupart des mots. Je dois me présenter, fais chier. Je m'avance pour faire face à la classe, c'est le prof qui m'a dit de le faire.

Moi : J-je m'ap-...

J'ai pas eu le temps de terminer que la porte s'ouvre brusquement alors que personne n'a toqué, un peu trop à l'aise ceux-là. Un garçon aux longs cheveux noirs lâche la porte tandis que celui aux cheveux blonds s'avance et prend la parole. Ils ne m'ont même pas remarqué.

Le blondinet : Excusez-nous monsieur pour notre retard. *Il penche son buste en avant tandis que l'autre ne bouge pas d'un poil, trop occupé à mal regarder son pote.* On a vu des choses étranges sur notre rou-... *Il s'est redressé tout en parlant et s'arrête en me remarquant.* Non rien, on ne s'est juste pas dépêchés, c'est tout.