Chapitre trente six

57 5 0
                                    

Règle n°1 de la vie. Faites ce qui vous rend heureux.

Point de vue de Lana.

Les yeux sombres de ma mère brillent dans la nuit.
Je me recule, consciente de la dangerosité de la situation. Et si elle voulait me faire du mal ? Ma conscience se livre dans une bataille sans nom en prenant un coupe-papier dans ma main en guise de moyen de protection. Tous ses mensonges, ses trahisons envers leur propre enfant contribue a mon manque certain de confiance. Mon dos heurte brutalement les murs recouvert entièrement de brique en la regardant combler la distance entre nous.

— Je ne suis pas ton ennemie, Lana.
Me dit-elle en tentant de me faire baisser mon arme. S'il te plaît, tu dois me croire.

Je pointe la lame dans sa direction, les larmes aux bords des yeux incapable de croire qu'elle rejette ses erreurs plutôt que de s'en excuser.

— J'AI JETÉE UNE MONTAGNE DE FLEURS SUR SA TOMBE !

Mes poumons se vident de tout oxygène en me transformant soudainement en furie. Elle ne m'aimait pas vraiment, elle tout comme mon père qui préfère aujourd'hui vivre de sa passion pour la famille Kulling plutôt que pour moi. Savent-t-ils seulement tout ce que je ressens ? Tout ce chagrin qui m'accable en comprenant le genre de monstres qu'ils sont. Ceux sous votre lit ou dans vos placards, ceux qui sont terrifiants et qui vous empêche de dormir. Je meurs d'envie de lui cracher a la figure toute ma haine scellant ainsi nos retrouvailles.

— Cette idée ne vient pas de moi, Lana.
Murmure-t-elle en ravalant ses larmes de crocodile. Papa est incontrôlable, je ne peux pas le faire revenir a la raison.

— Pourtant ça ne t'embêtait pas de me donner aux frères Kulling. Plus de petite choses toujours dans tes pattes a chouiner la mort de son père.

Et maintenant, mes trois ravisseurs sont ceux qui compte le plus a mes yeux. Ceux qui essuie mes larmes sans rien attendre en retour, me protège des dangers de ce monde et me donne un semblant d'amour.

— J'ai dis a ton père de ne pas te mêler a cette histoire. Murmure-t-elle en tentant une nouvelle approche. Drew est en pleine obsession, il ne dissocie plus le bon du mauvais.

— Ça te va bien de tout lui remettre dessus.

Je la repousse violemment en arrière en me frayant un chemin dans les allées jonchées de cartons et objets divers qui traînent contre le plancher.

— Je t'en prie, ne t'en va pas.

Maman court dans mon dos avant de faire barrière devant la porte. Sincèrement, j'ai de la peine. Elle transpire la tristesse comme dans une putain de scène de théâtre. Je ferme les yeux une seconde en comprenant que je n'ai pas le choix. Qui me reste-t-il maintenant ? Lola, Eddy ? J'ai l'impression d'être devenue une étrangère depuis notre enlèvement. J'ouvre les yeux et le visage de Dany remplace soudainement celui de ma mère. Ses beaux yeux me transpercent, sa bouche s'entrouvrent dans des paroles flottantes qui ne s'assimilent pas.

— Lana ?

Meurtrière, meurtrière, meurtrière.

Mes genoux s'écrasent contre le carrelage de la cuisine en tentant de faire disparaître cette image incessante de mon ex-petit copain et son corps qui baigne dans une marre de sang.

— Tu m'entends ?

Des longs doigts vernis s'agitent devant mon visage.
Je cligne des yeux plusieurs fois en retrouvant celle qui incarne son rôle de mère parfaite pour divertir son publique inexistant. Si elle savait ce que tout cette histoire implique, elle ne me verrait plus comme la petite fille a son papa. Tu l'as tué, Lana. Combien de temps faudra-t-il a la police pour se mettre a ma recherche ? Puis-je avoir confiance en Aaron alors qu'il ne me porte pas dans son cœur ? Moi et ma chance autrement dit.

— Vient, essaie de t'asseoir.
Me dit-elle en tentant de me remettre debout.

— Ne me touche pas.

Je m'affale tout de même sur le divan, épuisée en tenant toujours fermement la lame dans sa direction. Mary Lincoln capitule et vient prendre place a ma droite en soupirant.

— Je sais que tu m'en veux et je peux le comprendre mais s'il te plaît, parle-moi Lana.

Si seulement tu savais comme j'ai envie de retrouver une vie normale, maman. Ouvrir les yeux et revenir des mois en arrière au printemps peut-être ou mon unique chagrin se trouvait dans mes choix de tenues.

— On va vraiment faire la discussion ?

— Essayons.

J'essuie mes mains moites sur mon pantalon en ne sachant pas quoi dire tant j'ai de choses insignifiantes en tête comme ses affreux meurtriers qui sont plus humains a mes yeux que quiconque. Maman repose doucement une main prudente sur mon genoux encore douloureux pour m'extraire de mes divagations.

— J'ai couper le système de cette puce, Lana.
Intervient-t-elle en me montrant mon bras. Je ne dirais rien a ton père.

Je m'assure qu'elle soit sincère en retournant dans la cave pour me convaincre que je peux lui faire encore un minimum confiance puis retourne a ma place initiale en m'enroulant dans une couverture qu'elle me donne.

— Ils ne sont pas aussi monstrueux finalement.

Pourtant ils ne veulent plus de toi idiote.

— Black est celui que je redoutais le plus pourtant.
Comment se comporte-t-il avec toi ?

— Il se raccroche a ce qu'il connaît.
La violence premièrement et la colère mais il reste a mes yeux le plus attachant.

Chaque jours, il mène un combat ardent contre lui-même contre ses petits diables intérieurs qui ressurgissent et rien que pour cette raison, mon cœur cogne plus fort encore, toujours plus vite.

— Tu ressens quelque chose pour ce garçon ?

Le silence tombe soudainement dans la pièce a vivre.
Maman ne parle pas mais pourtant semble comprendre la lutte qui se propage dans mon crâne en cherchant mes mots. Je ressens une haine inexplicable envers lui non seulement parce qu'il a fait de le choix de m'abandonner mais aussi beaucoup de colère contre toutes ses craintes de s'attacher a moi.

— Je m'attache.

Je me sens gênée de cette soudaine proximité avec ma mère mais plus encore parce que la première personne qui devrait être au courant ne se soucie pas de moi dans l'instant même.

— Et Dany ?

Dany ne reviendra plus, maman.
Mon sang n'afflue plus correctement. Est-ce qu'il va me hantait pour le reste de ma vie ?

— On ne se suffit plus.

Je ne tente pas le diable, je ne sais pas ce dont elle est déjà au courant avec cette puce a la place de mon implant. Je préfère me mettre en tête qu'elle ne se doute pas de mon implication plus qu'avancée dans la disparition de Dany.

— J'ai besoin de dormir.
Soupirai-je finalement en mettant un terme a la discussion. Donne-moi les clefs de ma chambre.

Je m'enferme dans la chambre de mon enfance qui semble s'être momifiée durant mon absence. Un vague soulagement m'envahit en refermant a toute vitesse la porte dans mon dos avant de me noyer dans la lumière. Je frôle une soudaine crise cardiaque en apercevant une silhouette assis nonchalamment sur mon fauteuil dans un angle de la pièce.

— Surprise, joli cœur.

Black Kulling  { EN RÉÉCRITURE }Where stories live. Discover now