Chapitre quarante six

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Vous vous réveillez chaque matin pour combattre les mêmes démons qui vous ont rendu si fatigué la nuit précédente et ça mon amour, c'est de la bravoure.

Point de vue de Black.

Le goût de la cigarette encore en bouche je rejoins Lola dans un petit local tout au fond du pub où d'après moi nous serons tranquille. Autant dire les choses comme elles sont j'ai les bijoux de famille complètement pleins et la vidange en solitaire ne fait pas partie de mon vocabulaire. Je pousse la porte brusquement et remarque qu'elle est déjà là à m'attendre en petite culotte.

— Bouge j'ai pas toute la nuit.

J'ôte mon pantalon à la hâte et pourtant un soudain haut-le-cœur de dégoût vient me surprendre. A mes yeux, elle est une poubelle humaine qui ne cherche qu'à prendre les déchets des autres. Pourquoi accepte-t-elle qu'on la prenne comme un objet ? Personne ne devrait accepter ça.

— On peux faire les préliminaires avant ? Murmure-t-elle confuse. Je ne suis pas à l'aise sans ça.. 

— Et puis quoi encore ?

Nos lèvres se soudent à l'unisson et je n'aime pas cette sensation. Elle ne me plaît pas, son haleine n'a pas le goût du soleil, elle n'est pas fragile et incomprise, non elle n'est pas Lana. Je cadenasse mon cœur à double tours et tout ce que ma raison me dit de faire et pousse son corps contre une banquette. Ses râles de plaisirs en m'embrassant sont tout juste à me faire vomir mais ma fierté m'empêche de retrouver Lana comme un petit pingouin après notre dispute monumentale.

— Tu pourrais avoir ça autant que tu veux si tu voulais bien faire quelque compromis..

— Tu te fous de ma gueule aujourd'hui ? Dis-je en me reculant. Qui voudrait d'une fille facile comme toi, Lola ?

Ses yeux me sondent une seconde en tentant de reprendre notre embrassade. Je me recule encore en sentant que je bande encore moins que la minute précédente. Elle ne me sert plus à rien maintenant. La porte s'ouvre brusquement et à peine ai-je le temps de me retourner que je reconnais immédiatement son pote Eddy. Il murmure un désolé avant de s'enfuir en trottinant alors que je tente de le suivre.

— Lana est ici ? Crachai-je en remontant mon pantalon.

Je regarde cette garce rouge comme une pivoine et comprends presque sur le coup qu'il va tout lui dire dans la seconde où il va la rejoindre. Je frappe un bon coup dans un mur pile à côté de son visage en la freinant automatiquement dans sa marche.

— Elle ne veut plus de toi, Black. Minaude-t-elle dans un petit rictus mauvais. Il faut t'y faire, elle a quelqu'un d'autre maintenant.

Ses mots tournent comme un disque sans fin dans ma tête. Quelqu'un d'autre ? Non impossible, elle n'est pas comme ça. Je reste immobile une seconde en tentant de faire le vide dans ma cervelle mais Lola qui sent qu'elle tient enfin son emprise continue à me faire tourner en bourrique.

— Allez c'est pas la fin du monde, c'est toi qui ne voulait pas d'elle.

La gifle que je lui assène est de loin la plus satisfaisante de toute ma vie. Ma mère pourrait me tuer sur place si elle savait ce que je viens de faire surtout envers une femme mais putain elle le mérite et personne n'a assez de courage pour ouvrir les yeux sur cette garce. Lola qui vient de se manger le revers du bâton me regarde furieuse en se tenant fermement la pommette.

— Tu peux faire tes adieux à ta petite vie tranquille, Black.

— Tu peux dire adieux à ton aspect de sainte nitouche devant tout le monde.

Je m'engouffre dans la foule à la recherche d'Eddy qui ne passe pas inaperçu avec son tee-shirt jaune poussin. A cet instant l'oxygène me manque en remarquant Lana qui tombe en sanglots sur son siège. Je m'avance mais son ami l'entraîne soudainement en m'apercevant en contrebas. En prenant conscience que je suis en train de la perdre de vue, je pousse en arrière tout ceux qui croise mon chemin et atteint la sortie au pas de course.

— Il faut que je lui parle.

— Il y avait des règles à ne pas franchir, Black. Me dit doucement Eddy en me bloquant le passage. Je t'estime beaucoup mais elle ne peut pas être ton souffre-douleur tu comprends ?

Alors ils me considèrent vraiment tous comme un monstre ? Je regarde Lana de loin qui s'est installée sur un banc recroquevillée sur elle-même et cette souffrance que je ressens a travers cette image remonte une bile soudaine dans ma gorge.

— Laisse-moi lui parler Eddy, j'ai besoin d'elle.

Un type que je ne connais pas vient se mettre sur mon chemin. Est-ce que Lola avait raison à son sujet ? Est-ce que cette femme que je convoite bien trop en secret me laisse sur la touche pour un mec de bonne famille comme lui ? Il respire le propre d'après ses vêtements de luxe, la modestie et la gentillesse. Tout ce que je ne suis pas.

— Excuse-moi mais tu es qui ? Me demande-t-il dans l'incompréhension en me criblant des pieds à la tête. Je crois que Lana n'a pas envie de te parler, tu devrais te tenir à distance.

Je rectifie ce que je viens de dire, je le haïs.

— Toi mon pote c'est pas le moment de me faire chiez maintenant.

Je le pousse gentiment en arrière pour bien lui faire comprendre que ma patience vient de venir à échéance. Je saute sur l'occasion et rejoins Lana sur son vieux banc mais à mon contact elle se relève soudainement en chien de faïence.

— Va t-en, ne m'approche pas.

Ses mots sont durs mais je les respecte parce qu'ils sont vrais. Je devrais lui foutre la paix une bonne fois pour toute mais mon égoïsme m'en empêche. Dix huit jours où elle demeure dans ma tête et que je me voila la face, ça fait long.

— Putain s'il te plaît, laisse moi une chance de t'expliquer.

Ses grands yeux clairs ressemblent à deux mitraillettes prête à me tuer.

— Qu'est-ce que tu veux m'expliquer ? Crache-t-elle de colère. Les faits sont là mais tu ne me dois rien, on est rien l'un pour l'autre.

Le coup que je viens de me prendre est douloureux. Avant ça Lana se suffisait du peu que j'avais à lui offrir et maintenant c'est moi qui ramène parce que je n'ai pas pris conscience assez rapidement de la chance que j'avais de l'avoir dans ma vie. Ironie du sort ? Je suis en train de la perdre parce que je m'empêche de goûter au bonheur.

— Arrête de dire ça, tu sais très bien que quelque chose nous reliera toujours.

Combative et insensible à mon désarroi, ma petite brune me fait un doigt d'honneur obscène en pleine tronche avant de faire signe a Eddy et sa bande de nous rejoindre.

— Crois moi c'est bien dommage que tu t'en rendes compte que maintenant, Black. Laisse moi vivre ma vie comme je l'entends parce que tu n'en feras plus jamais partie.

Black Kulling  { EN RÉÉCRITURE }Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ