16 - Avant ma mort

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Yannis m'adresse un geste de la main à l'autre bout de la pièce. Il doit être content que je sois venu contrairement à son petit-copain qui ne daigne même pas m'accorder un regard. Je commence à connaître la maison.

Tiens, c'est ici que j'ai explosé la mâchoire de Dimitri à coup de poing, me rappelé-je en marchant sur l'herbe. Et c'est là que je m'étais presque endormi sous l'effet de masse et de transpiration.

Il fait huit degrés dehors et j'ai presque aussi chaud que la dernière fois. Certains sont même en train de faire trempette dans la piscine. Un trente-et-un décembre, ils sont courageux même si je doute qu'avec tout le fric qu'il a, Yannis n'ait aucun moyen de la chauffer. Je me rapproche d'Esteban et de son ami Enzo. Ava n'est pas là, elle se la coule douce à Marrakech où vit sa grand-mère paternelle : il faut bien que je m'occupe. Ils tiennent dans leur main un verre avec une boisson incolore. Je renifle leur gobelet. C'est de l'eau, pas de la vodka. Ça m'aurait étonné, mais aussi arrangé. J'aurai eu une excuse pour m'éclipser de la fête : désolé mon pote est bourré, je vais appeler ses parents et rentrer chez moi par la même occasion. Il faut dire que je n'ai aucune envie d'être ivre. Je vomis déjà assez comme ça, j'aime rester libre de mes choix et de mes actions. Il est à peine vingt-deux heures moins le quart. À minuit, la maison ne sera que feux d'artifices et champagne. Je devrais attendre au moins deux heures du matin pour rentrer chez moi sans que ça paraisse suspect. Et encore, j'aurai l'air rabat-joie. Quoique, je doute que quiconque s'aperçoive de mon absence. Je m'éclipse du groupe et envoie un texto à Ava pour me plaindre de mon ennui.

AVAJe suis en train de manger, j'ai une heure de retard sur vous, je te rappelle :) mon cousin m'emmène à une fête avec ses potes juste après, je pourrai pas te répondre désolé :/ Essaye d'arranger les choses avec Pol et tu pourras passer la soirée avec lui

Je cherche le couple dans la maison et le trouve se roulant des pelles sur le canapé. C'est presque si de la bave coule de leurs bouches.

MoiJ'ai tout sauf envie d'aller lui parler actuellement

AVA – Je croyais que tu étais motivé pour enfin arranger les choses ? Je me trompe ? Ce serait tellement cool que vous redeveniez amis.

MoiTu te trompes pas... Ava, je crois que j'aimerais qu'on soit plus que des amis...

AVAAlors ça y est, t'en est sûr ? Tu l'aimes?!

Je ne réponds pas, bien qu'au fond de moi, la réponse est évidente. En tout cas, je ne supporte plus de le voir avec Yannis. Ensemble, ils me débectent. Je veux bien faire le mec courtois et venir à sa soirée, mais faut pas compter sur moi pour aller leur taper la discute alors qu'ils sont en train de s'embrasser à pleine bouche.

Je range mon téléphone dans ma poche et coupe le son. Il continue de vibrer contre ma cuisse quelques minutes, le temps qu'Ava comprenne que je ne répondrai pas à sa question ce soir et je rejoins les garçons dans leur discussion sur les plus belles filles de l'école.

— Tiens en parlant du loup. On se demandait justement s'il ne se passerait pas quelque chose entre toi et ta pote.

L'espace d'un instant, j'ai cru qu'ils allaient prononcer le prénom d'Hippolyte.

— Tu parles d'Ava ? Non absolument pas. Il ne se passera jamais rien entre nous deux.

— Et y'a pas une meuf au lycée qui te tape dans l'œil ?

Si, mais c'est pas une fille.

— Non, aucune.

— T'es dur, confirme mon pote. Moi, j'ai jamais de chance avec les filles. Elles ne s'intéressent jamais aux timides. Alors que toi t'es un super bon nageur, t'as des cheveux magnifiques et t'es plutôt mignon. Si j'étais une fille, je me serais directement jeté sur toi.

Les nuits désordonnées (BxB)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora