Chapitre 3

337 64 243
                                    

Mes souvenirs m'ont tenu compagnie pendant plusieurs heures. Les mains libres, j'avais réussi à me déplacer jusqu'à une fenêtre afin de contempler l'extérieur. Les jardins du palais sont splendides à cette époque de l'année et m'ont permis de penser à autre chose qu'à l'attente que m'impose le prince. Je sursaute violemment quand le verrou de la pièce adjacente se fait enfin entendre. J'adopte, cependant, une attitude nonchalante afin qu'il ne se rende pas compte de mon soulagement à le voir revenir.

On prend ses aises à ce que je vois, lâche-t-il en s'asseyant à la place qu'il occupait en début d'après-midi.

Il faut me libérer.

C'est moi qui en décide.

Non, tu ne comprends pas : il faut que tu me détaches maintenant.

Et, évidemment, je ne vais pas m'exécuter.

Écoute-moi bien : j'ai envie de pisser, donc si tu ne veux pas avoir à nettoyer une énorme flaque dans cinq minutes, délivre-moi.

Ou alors je pourrais t'obliger à parler en échange d'un accès aux toilettes.

Ou alors je pourrais uriner maintenant, puisque je me suis retenue pendant des heures et que je ne peux plus patienter.

Nos prunelles entrent en duel, lançant des éclairs entre nous. Finalement, Zaccaria se redresse en ajustant sa chemise et sort un opinel d'une de ses poches. Avec une lenteur exaspérante, il contourne la table de réunion et s'accroupit pour couper les liens qui m'entravent. Bien malgré moi, je ne peux m'empêcher de sourire à la vision de cet idiot à genoux à mes pieds.

Ne crie pas victoire, ma belle. Il en faut plus pour me plier aux volontés de quelqu'un, me surprend-il avec humour.

C'est ce qu'on verra, murmuré-je en me relevant prudemment de peur de m'effondrer après avoir été coincée dans cette position pendant plusieurs heures.

Le coup du malaise ne fonctionnera pas.

Tellement de compassion réunie dans un seul être... raillé-je avant de m'interrompre lorsqu'il saisit mon bras avec force.

Je t'emmène aux sanitaires. Ne tente pas un coup fourré parce que je t'assure que ma bonté pourrait vite devenir un cauchemar.

Et si je te disais qu'elle l'est déjà ?

Et si tu la fermais ?

Bien malgré moi, un gloussement jaillit de ma gorge en réponse à cet affrontement pathétique. Zaccaria se permet un léger sourire avant de se renfrogner à nouveau. D'un geste sec, il tire sur mon bras et me fait sortir de la salle de réunion. Nous traversons le bureau du prince régent et il me conduit à un cabinet de toilette attenant à la vaste pièce. Promptement, il ferme une fenêtre avant de me lâcher et de se planter devant la porte.

Fais ce que tu as à faire. Vite.

Dès que tu seras parti.

Il en est hors de question.

Comment ça ?

Je ne te laisserai pas seule dans un endroit d'où tu pourrais t'échapper.

Nous nous trouvons au premier étage, tu veux que je saute par la fenêtre ?

Nous avons connu des évasions plus spectaculaires, rien ne m'étonne.

Je ne ferai pas mes besoins devant toi !

Alors, nous allons poursuivre l'interrogatoire. Quelle perte de temps, râle Zac en attrapant de nouveau mon bras.

Bienvenue au Sweetenstein - Tome 2 : Zaccaria - Roman éditéWhere stories live. Discover now