Solitude

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Il parut tout aussi surpris que moi et détourna son regard du mien comme s'il avait honte. je me laissai tomber sur le lit de Wilson, complètement désemparée. Je ne pouvais m'empêcher de pleurer. Et plus j'essayais de m'arrêter, plus les larmes coulaient. Si ma meilleure amie n'était qu'un esprit, qui était vivant ? Qui était mort ? Comment allais-je les reconnaître ? Wilson était désormais la seule personne à qui je pouvais me fier. Tous ces meurtres et la disparition de mon père étaient -ils tous liés à Stan ? Et pour quelle raison ? Au final j'avais plus de questions que de réponses. Je fouillai frénétiquement mon sac a la recherche d'un mouchoir en papier, lorsqu'il arrêta mon geste et, assis derrière moi il m'enlaça à nouveau comme une petite chose fragile, détournant sa tête afin de ne pas me regarder.

- Vous allez finir par vous déshydrater. Râla-t-il. Cessez donc de pleurer, vous me mettez mal à l'aise.

Je me retournai et attrapai son visage afin de le regarder droit dans les yeux.

- Comment pouvez vous être aussi froid ?

- Je ne le suis pas. Je n'aime juste pas vous voir pleurer.

- Vous avez passé trop de temps avec vos " trépassés" ! Les êtres vivants ça pleure, ça rit et j'en passe ! On s'exprime ! Commençai-je a m'énerver en cessant de respirer.

- Non. Vous n'avez pas compris, je ...

- Oui oh ça va ! Je sais c'est ridicule de pleurer pour un rien.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire...

- Alors quoi ?

- Alors taisez-vous une seconde et continuez de pleurer ça vaut mieux.

Je l'enlaçai à mon tour, me lovant dans ses bras chauds. Comment pouvait-il être aussi ambivalent ? Et comme il ne peut y avoir de sentiments sans drame, Helen revint à ce moment là. Lorsque j'entendis ses talons fouler le sol, je me défis immédiatement de mon étreinte. Lui, ne me lâcha pas pour autant, et m'empêcha de m'éloigner de lui. A sa tête, je devinais déjà ses pensées. Mais elle n'en fit rien, et décida que je n'existais pas.

- Tu devrais te reposer Henry. Dit-elle sur un ton  doux et sec à la fois en le prenant par les épaules et le forçant à s'allonger.

- Que fais tu ici ? Demanda -t-il froidement. Je t'avais dis que je devais parler de quelque chose avec Mademoiselle Anderson.

Lorsqu'elle entendit le " Mademoiselle Anderson" elle ne put s'empêcher d'esquisser un large sourire de satisfaction.
" C'est ça. Rigole." Pensais-je en grinçant des dents. Je me dégageai de ses bras, malgré sa résistance, et m'en allai.

- Je vais vous laisser. Dis-je un peu plus apaisée. Reposez vous bien Wilson.

- Si c'est trop difficile pour vous, vous pouvez toujours venir m'en parler, Mademoiselle Blue.

Le visage d'Helen se décomposa, tendis que, surprise, mes yeux s'écarquillèrent et je m'arrêtai à l'embrasure de la porte. J'eus l'impression l'espace d'une seconde que tout mon corps allait exploser. Qu'est-ce que c'était encore que cette sensation ? Comment un si petit rien avait pu déclancher une réaction pareille ? Je secouai la tête et rentrai chez moi.
Je conduisais lentement sous les timides flocons qui virevoltaient sous un ciel noir. La forêt était devenue si sombre et si belle à la fois. Mon téléphone sonna deux fois avant que je ne prenne la peine de décrocher.

- Blue ? Fis la voix d'Éric légèrement hésitante. Écoute je suis désolé pour la dernière fois. Je me rend compte que je t'ai trop mis la pression. Me donnerais tu une dernière chance de me rattraper ?

Que pouvais-je bien lui répondre ? Je ne savais pas moi même si j'en avais envie. Sans rien dire je raccrochai. Ce n'était vraiment pas le moment.

- Fiche moi donc la paix. Marmonnai-je en jetant impulsivement mon téléphone à l'arrière. Et c'est quoi ce temps ? Ça n'annonce rien de bon.

Arrivée chez moi, je me laissai tomber sur mon lit, fixant le vieux plafond et réorganisant mes pensées. J'étais triste. Choquée. Et j'avais besoin d'un ou d'une amie. Mais je n'avais personne. C'est en réalisant ce silence assourdissant qui emplissaient les lieux que je me remis a pleurer. Me sentais seule désormais. Amelia me manquait. D'habitude je me tournais vers elle quand ça n'allait pas. Je tournai en rond pendant un moment puis m'endormis sur le fauteuil du salon.

Secrets ( 1ère Partie )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant