Chapitre 11 : Chez Carla

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       La maison était magnifique et plutôt imposante. Si ses habitants avaient l'air d'acteurs tout droit sortis d'Hollywood, ils en avaient aussi la demeure.

         Ce ne furent pas eux qui vinrent les accueillir mais une employée de maison. Elle les conduisit auprès de Carla qui était dans sa chambre. Tout dans la villa respirait le luxe mais la chambre, enfin plutôt la suite, de l'adolescente était carrément royale.

           Carla était assise derrière son bureau. Lorsque les détectives furent invités à entrer, ils la virent refermer son ordinateur portable avant de se tourner vers eux. Elle leur proposa d'aller s'asseoir dans un petit salon attenant à la chambre. Maggie sortit ses feuilles et un vieux stylo qu'elle trouva au fond de son sac, et l'interrogatoire commença :

« —Comment tu te sens ? lui demanda Béthanie une fois qu'ils furent confortablement installés.

—Bof. Même si ça me touche car un suicide reste un suicide, je ne vais pas vous mentir, je n'appréciais pas Célia plus que ça. Elle faisait partie du groupe d'amies grâce à Eva et aux jumelles mais je n'ai jamais eu d'atomes crochus avec elle.

—Et Driss ? demanda Maggie de but en blanc. »

        Carla essaya tant bien que mal de garder le calme olympien et l'assurance dont elle faisait preuve depuis le début de l'enquête.

« —J'ai eu plus de mal... »

         Elle s'effondra. Elle fut secouée par de forts sanglots qui ne s'arrêtaient pas. Des larmes ruisselaient sur ses joues et entre ses mains qui tenaient son visage pour le cacher, comme si pleurer était une honte. Béthanie, telle une grande-sœur exemplaire, mit doucement sa main sur l'épaule de la jeune femme pour tenter de la réconforter. Ils durent attendre qu'elle se calme pour reprendre. L'attente dura de longues minutes.

« —Pourquoi tu n'as pas laissé échapper tout ça dès le début ? lui demanda Béthanie sur un ton très protecteur comme elle savait si bien le faire.

—Parce que je ne voulais pas qu'on s'intéresse à moi ! Je voulais qu'on me laisse tranquille ! Je savais que si on apprenait que je tenais à lui, j'aurais forcément des emmerdes. Je vous jure que je n'ai rien fait, je ne l'ai pas tué !

—Et pourquoi on devrait te soupçonner ?

—Mais parce que ce n'était pas juste un bon ami, c'était MON meilleur ami. Mais ça, l'autre gourde de Célia ne le comprenait pas, elle pensait que je voulais me le taper alors que c'est pas ça qui m'intéressait. Et il est devenu distant à cause des crises de jalousie de l'autre conne, ça me mettait hors de moi ! Donc j'ai pensé que si vous étiez mis au courant de tout ça, vous me soupçonneriez de l'avoir tué sur un coup de tête. J'ai eu tellement peur...

—Tu ne crois pas qu'en essayant d'étouffer tout ça tu deviendrais plus suspecte que si tu nous l'avais dit avant ?

—Je sais, mais je n'arrivais plus à réfléchir. J'ai d'abord été pétrifiée quand j'ai appris que Driss était mort, c'était affreux, je ne voulais pas y croire et je ne veux toujours pas y croire... »

        Quelques larmes coulèrent avant qu'elle reprenne :

« —Ensuite, j'ai aussitôt paniqué quand j'ai compris qu'il avait été tué et qu'un meurtrier était parmi nous. Je me suis dit que, comme j'étais proche de lui, on me soupçonnerait aussitôt. Je n'arrivais pas à être rationnelle, je suis dans la merde et c'est entièrement de ma faute... »

         Nouvelle crise de larmes, puis nouveau moment de calme.

« —Pourquoi tu dormais avec Célia avant-hier alors que tu ne peux pas la voir en peinture ? lui demanda Maggie en essayant d'avoir l'air le plus agréable possible.

—Ah oui... Ça a dû vous paraître bizarre... En fait avant-hier soir on a beaucoup parlé, on s'était un peu réconciliées, pas totalement, juste un peu, sur certains points. Comme il était assez tard, Eva, avec qui je devais dormir initialement, était déjà partie se coucher. Donc, pour ne pas la réveiller et comme nous terminions de discuter, nous sommes allées nous coucher dans la même chambre. Après tout, c'est rien de dormir avec une personne qu'on apprécie sans plus, vu qu'on dort.

—Donc vous vous étiez réconciliées ?

—Oui, enfin un tout petit peu. On a simplement fini par dire qu'on ferait toutes les deux des efforts. Pour Driss. »

         Encore une fois Carla s'effondra. On aurait dit qu'elle expulsait toute la peine qu'elle avait accumulée ces dernières 24h. Heureusement pour la patience des détectives, Carla retrouva son calme plus rapidement que les fois précédentes.

« —Tes parents nous ont avoué qu'ils n'aimaient pas beaucoup Driss, commença Maggie avec beaucoup de précautions pour ne pas risquer de perdre l'adhésion de l'adolescente. Ils pensaient qu'il flirtait avec toi, que ce n'était peut-être pas un simple ami. Qu'en penses-tu ?

—Ils sont cons. Pour eux, je suis une princesse, une reine même ! Je suis tellement parfaite que n'importe quel homme qui oserait m'approcher serait là pour me draguer. Faites attention, lança-t-elle à l'adresse d'Ewen, vous m'avez saluée tout à l'heure et maintenant vous êtes assis dans ma chambre, ils vont croire que vous voulez conclure. »

         Ewen fut pris au dépourvu par la remarque de l'adolescente qui le mit mal à l'aise. Pour pallier à cette gêne, il ne trouva rien d'autre que de se passer la main dans les cheveux.

« —Non, reprit Carla, ils n'aimaient pas Driss et ils ne le cachaient pas.

—Autre chose à rajouter ? demanda Béthanie, non seulement à l'adresse de la jeune femme, mais aussi à ses collègues. »

          Ils hochèrent tous la tête. Les trois détectives saluèrent Carla et furent raccompagnés dehors par l'employée de maison.

« —On va où maintenant ? demanda Ewen à ses collègues.

—Je ne sais pas, lui répondit Béthanie. Tu veux aller quelque part en particulier Maggie ?

—Chez Eva.

—Pourquoi ?

—Pas ici. »

          Les détectives montèrent dans la voiture et se rendirent chez Eva après avoir appelé Morgane pour se procurer son adresse car Djamila était partie avec le dossier contenant toutes les informations. Durant le court trajet Béthanie reposa sa question à sa collègue :

« —Pourquoi Eva ?

—J'ai une question à lui poser.

—Une seule ?

—Une seule.

—Heureusement qu'on ne paie pas l'essence, fit remarquer Ewen. »

Fête de fin d'annéeWhere stories live. Discover now