Chapitre 18 : De retour chez Julien

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     Ewen sonna à l'interphone en bas de l'immeuble. Rien ne se passa pendant près de cinq minutes qui semblèrent interminables aux deux compères.

« —Oui ? demanda finalement la voix de Julien à travers l'appareil alors que les détectives allaient partir.

—C'est Ewen Mercier et Maggie Annisterre, les détectives.

Vous avez encore besoin de m'interroger ?! Je vous ai tout dit.

—Ce n'est pas de notre avis. Peux-tu nous ouvrir maintenant s'il te plaît ?

De toute façon j'ai pas le choix. »

     Un *clic* se fit entendre lorsqu'il raccrocha le téléphone de son côté de l'interphone, puis un léger bruit mécanique retentit, signalant ainsi que la porte était déverrouillée. Les deux détectives s'engouffrèrent dans le bel immeuble et se rendirent à l'appartement qu'occupaient les parents de Julien au deuxième étage.

      La porte de l'appartement était ouverte mais personne ne se trouvait devant. Ewen frappa quand même, n'osant pas entrer sans qu'on ne l'y ait invité.

« —OUAIS ENTREZ ! leur hurla la voix de Julien qui était toujours invisible. »

       Maggie et Ewen entrèrent dans l'appartement en refermant la porte derrière eux. Ils se retrouvèrent dans un hall spacieux et décoré avec goût. Ils ne savaient pas s'il fallait qu'ils se rendent dans la salle à manger comme lors de leur dernière visite, ou s'ils devaient rester là. Plusieurs minutes passèrent sans un bruit avant que :

« —Vous allez rester dans l'entrée encore longtemps ou vous vous décidez à venir ? »

     C'était encore la voix de Julien qui ne se montrait toujours pas. Les deux détectives se rendirent donc dans la salle à manger. Et il n'y avait toujours personne. Enfin, c'est ce qu'ils croyaient. Ils allèrent s'installer autour de la table, Maggie étala ses papiers, toujours prête à prendre des notes.

« —Il se moque de nous ou quoi ? commença à s'énerver Ewen.

—Qui ça ? »

      C'est Julien qui avait posé la question. Au même moment, il bougea du bar au fond de la pièce sur lequel il était appuyé. Les deux collègues sursautèrent car ils ne l'avaient pas remarqué, il se fondait complètement dans le décor, caché en partie par une imposante plante verte.

« —T'es là depuis longtemps ?! lança Ewen cette fois complètement énervé.

—Depuis plus longtemps que vous en tout cas. »

       Maggie posa sa main sur le bras d'Ewen en espérant que ça le contiendrait et lui éviterait d'exploser de rage. Pourtant, ce n'était pas son collègue qui la préoccupait sur l'instant mais plutôt l'apparence de l'adolescent qui venait de les rejoindre. Julien semblait avoir vieilli d'une dizaine d'années. Des cernes s'étalaient sous ses yeux qui semblaient s'être noircis, ses joues s'étaient creusées comme s'il ne s'était pas nourri depuis plusieurs jours. Une barbe naissante venait accentuer l'effet de vieillissement, de même pour ses cheveux qui donnaient un effet complètement ébouriffé, bien qu'ils soient assez courts. Il avait beaucoup perdu du beau jeune homme qu'il était au début de l'enquête.

« —Alors on va commencer si tu le veux bien, lui dit Maggie avec un cruel manque d'assurance.

—Non je ne le veux pas. Je ne le veux plus. Je suis fatigué du tout ce qui arrive, je veux juste qu'on me foute la paix maintenant. Laissez-moi faire mon deuil comme j'en ai envie bordel de merde. »

     Il avait dit tout cela sans hausser la voix. Au contraire, il y avait toute la lassitude du monde dans le ton qu'il avait employé.

« —Plus vite tu nous auras dit ce que tu caches, plus vite nous te ficherons la paix, lui répondit la jeune femme avec cette fois une certaine empathie.

Fête de fin d'annéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant