🫤

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Je rêvais ou Diego m'avait réellement dit que je le dégoûtais. Entre nous deux, qui était le plus dégoûtant. Bien évidemment celui qui avait peur du sexe à son âge avancé ! Je suis restée là, plantée comme un arbre. Il avait pris son sac, tout et avait dévalé les escaliers à une vitesse indescriptible et peut-être inimitable. En deux secondes, il était déjà de l'autre côté de la rue. Sur le coup, ça m'avait touchée. Ses mots m'avaient blessée. Son « tu me dégoûtes » avait raisonné dans ma tête longtemps après son départ. Non, ce n'était pas le fruit de mon imagination. Je devais vraiment le dégoûter, vu la vitesse à laquelle il est rentré chez lui.

J'ai fait une trentaine de minutes, assise sur mon lit, le regard fixé dans le vide, sans faire un geste. Est-ce que ça voulait dire qu'entre nous c'était fini? Qu'il ne voulait plus me revoir, qu'il en avait marre de m'embrasser et de me dire à quel point il m'aimait ? Non. Non. Il me suffisait juste de me coucher, la nuit lui porterait conseil et le lendemain, il m'enverrait un message pour me dire qu'il acceptait que je me donne à lui...
À mon réveil, j'ai eu l'air bien bête de ne voir aucun message ou appel de sa part. Même à l'école, il n'est pas venu me voir. J'avais même l'impression qu'il m'évitait. Il n'avait pas passé la récréation à la cafétéria comme d'habitude. De plus, quand j'étais allée le chercher dans sa classe, on m'avait dit qu'il n'y était pas. Avait-il raconté à ses amis tout ce qui s'était passé ? Je parierais que oui, et sûrement chacun d'eux me jugeait... Diego ne répondait pas à mes appels, ni mes messages. Et cette mascarade a continué toute la semaine. Je m'étais dit que si je ne pouvais pas le voir au lycée, je me rendrais au cours de natation mardi. Et même là bas, il n'y était pas. Pourquoi m'évitait-il ?

A vrai dire, la vraie question était pourquoi je m'attardais à le chercher, à vouloir m'expliquer ? C'était une cible comme tant d'autres, et il était plus que clair qu'à la disparition d'une cible, je devais la remplacer par une autre. C'était la règle.
Alors que je rentrais de la piscine mardi, j'aperçus Diego qui montait dans sa voiture. Comme une idiote, j'ai couru pour le retrouver.

- DIEGO! l'appelai-je.

Lorsqu'il m'a vue, il a eu une mine dégoûtée et méprisante. Il a vite essayé de rentrer dans sa voiture et de démarrer avant que je n'arrive, mais je me suis avérée plus rapide que lui.

- Diego, écoute-moi.
- T'écouter me forcer à coucher avec toi? me lâcha-t-il comme une insulte.

Il ne levait même pas la tête vers moi, il faisait mine de regarder son volant, ses clés ou même sa climatisation. Là, j'ai eu la certitude qu'il était véridique quand il m'a dit que je le dégoûtais.

- Écoute, continuai-je, si tu as besoin de temps je t'en donnerai. Je t'attendrai pour que toi et moi le fassions.
- Tu peux me dire ce qui t'arrive? C'est quoi cette obsession? Si tu as besoin de sexe, attends sur le trottoir. Tu plairais bien aux petits vieux.

Merde. Il venait de me transpercer le coeur, il m'avait vraiment assimilée à une prostituée.

- Diego, ne sois pas blessant s'il te plaît. Je ne t'ai pas demandé la lune. Laisse-moi me donner à toi, je ne dirai rien. Promis.

Il s'énerva:

- Tu sais ce qu'on ne va dire à personne ? Que toi et moi c'est fini. Que notre idylle s'arrête là. Je ne dirai rien aussi. Je ne dirai pas que toi et moi ne sommes plus ensemble, ni même que tu as essayé de me forcer et de me convaincre de coucher avec toi. Je ne veux pas te faire passer pour une fille plus degueulasse que tu ne l'es déjà ma pauvre. A partir d'aujourd'hui, toi et moi ne nous connaissons plus. Ne mets plus tes pieds au lycée pour me chercher, reste dans ton collège. Ne m'appelle plus, ne m'écris plus, ne viens plus ici les mardis. Cherche toi quelqu'un qui acceptera de coucher avec toi sans broncher. Mais sache que ce quelqu'un, ce n'est pas... maintenant, si tu veux bien m'excuser.

A la fin de son discours, Diego démarra sa voiture en me laissant pétrifiée sur le parking, le regard absent et les pupilles noyées de larmes. Sans même m'en rendre compte, ces larmes ont coulé sur mon visage. Je ne pleurais pas de chagrin, je venais de me rendre à quel point j'étais proche du but.
Une fois à la maison, je remis mes idées en place. J'essayais, tant bien que mal, de me rappeler quels étaient mes objectifs.

Au revoir Diego, bonjour cible 2.

𝐒𝐎𝐔𝐑 𝐁𝐈𝐓𝐂𝐇.💋 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant