L'appel...

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Submergée par les réflexions, je me suis finalement endormie.
Une fois réveillée, j'ai fait signe à Diego et il m'a appelé pour qu'on parle.

- De quoi voulais-tu parler ? demandai-je.
- De la liste que tu as évoquée dans la voiture. Tu t'es mise à pleurer et je n'ai pas voulu te poser plus de questions. Apparemment, c'est à cause de cette liste que tu es où tu en es.

À cet instant, je me suis sentie très faible. Je n'ai plus trouvé à quoi ça servait de lui mentir. J'étais fatiguée de vouloir porter tout ça toute seule. Et s'il advenait qu'il se fâche, tant pis.

- Quand je suis entrée en sixième, mes camarades se sont longtemps moquées de moi parce que je n'avais pas de copain. Et plus on évoluait, plus elles se moquaient de moi en me disant que personne ne voulait de moi et que c'était pour cette raison que j'étais encore vierge. A mon entrée en classe de troisième, j'ai décidé de m'ouvrir à une nouvelle vie. Je me suis fixée des objectifs comme quoi, je devais avoir un copain, l'embrasser et coucher avec lui. Je sais ce que tu penses, mais s'il te plaît ne me coupe pas. Laisse-moi finir. J'ai passé minimum un mois et demi à devenir la fille irréprochable et irrésistible que tu as connue. Cette fille, ce n'est pas moi. J'ai refait ma garde-robe. En plus, j'ai établi une liste de cibles. Mes cibles étaient des garçons abordables. Des garçons célibataires, connus d'une façon ou d'une autre, et qui étaient présentables. Je les ai étudiés en profondeur. Leurs passe-temps, leurs situations scolaires, leurs emplois du temps. J'ai aussi établi une sorte de protocole, des étapes à suivre pour pouvoir séduire un garçon. Et j'ai commencé avec un garçon au hasard. Ma première cible, c'était toi. J'ai mis tout en œuvre pour que tu puisses me regarder, quitte à faire semblant de me noyer. Le plan était simple chaque fois, on devait se rencontrer, sortir ensemble, s'embrasser et coucher ensemble. Tu étais mon tout premier copain, j'ai commencé à ressentir des trucs pour toi mais j'ai décidé de refouler mes sentiments. Je ne devais pas t'aimer, tu n'étais qu'une cible, une passade. La soirée où nous nous sommes séparés, j'étais à bout. Tu avais rempli toutes les autres cases, pourquoi tu refusais de coucher avec moi ? Pourquoi tu ne voulais pas qu'on couche ensemble alors que j'allais bientôt réussir à m'affirmer ? Quand j'ai fini avec toi, je suis passée à d'autres cibles. Un m'a dit qu'il était gay, je me suis incrustée à la fête du fils du principal et on a failli coucher ensemble dans sa chambre, un autre m'a dit qu'il entretenait une relation à distance, le cinquième m'a dit qu'il ne voulait pas que je le fasse s'écarter de ses principes, le sixième s'est mis en couple juste quand je venais l'aborder. La dernière cible, c'était Arthur. Tout se passait bien et nous avons couché ensemble. Il m'a doigté, il m'a pénétré, il m'a embrassé, il a sucé mes seins et il m'a encore doigté. Il m'a prise en photo, mais je ne savais pas que ça se retournerait contre moi. J'étais déjà amoureuse. Je sentais que notre rapport sexuel nous avait liés, je sentais une connexion spéciale. Sauf qu'après m'avoir mise à quatre pattes, il ne voulait plus me parler. Je le suivais, je l'appelais mais chaque fois il me rejetait comme un vulgaire animal sauvage. Et puis, il a publié mes photos. Il s'est moqué de moi en disant que tout ça était un pari et voilà où nous en sommes. Tout ce que je vis actuellement, c'est le karma et je le mérite amplement. Sauf que je me suis rendue compte de quelque chose de bien plus grave, que la plus grosse bêtise a été de jouer avec les sentiments du garçon que j'aimais. J'ai piétiné sa dignité, son amour pour moi et toutes ses bonnes intentions. Oui, j'ai été une vraie pute. Et maintenant, j'ai envie de revenir mais j'ai peur qu'il ne veuille plus de moi. J'ai peur qu'il me lance à la figure que j'ai joué avec ses sentiments et que tout ce que je voulais c'était avoir une haute estime de moi-même. Ce garçon, c'est toi Diego. Je t'aime. Cette fois, je te promets que je suis sincère. Que je ne me moque pas de toi et que depuis le début je t'aime. J'ai juste été stupide, j'ai juste joué la chienne et je le regrette. Tu es la seule personne dont je veux recevoir des messages. Tu es la seule personne que je veux avoir au téléphone jusqu'à deux heures du matin. Tu es la seule bouche que je veux sentir sur mes seins et la seule langue que je veux avoir sur mes tétons. Tu es le seul que je veux sentir en moi... Si tu n'es pas prêt, laisse-moi te dire que je ne vais plus te forcer à coucher avec moi. Je suis prête à tout et n'importe quoi pour que tu veuilles encore de moi. Pardonne-moi.

Je parlais en pleurant. Je hoquetais même...
Il resta silencieux au bout du fil, même sa respiration je n'entendais plus. Quelques secondes après, il a raccroché sans même me répondre.

Raison de plus pour pleurer, non?

𝐒𝐎𝐔𝐑 𝐁𝐈𝐓𝐂𝐇.💋 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant