CHAPITRE 3

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MILO

Assis et adossé contre la porte, le silence comme seule compagnie, on attend. Encore et encore, déjà une heure est passée et je me rends compte que je n'ai toujours pas lâché le bras de Léo. Ma poigne est si forte que je peux voir sa main qui blanchie. Mais il ne dit rien et attend lui aussi.

Toujours aucun signe d'Hervé, maman ne nous a pas balancé. Mais est-ce-qu'au fond d'elle, c'est pour ne plus jamais me revoir ? Ou me protéger ? Je ne sais pas ce qu'il se passe dans sa tête, je n'arrive pas à la cerner, si elle veut de l'aide ou non. Ça me tue de la laisser comme ça mais je dois protéger Cléa d'eux.

Nous restons silencieux, et malgré moi, je sers de plus en plus le bras du châtain. Est ce que lui aussi a peur ? Je le regarde, il observe ma chambre en silence, plus précisément, il observe le sang séché sur le parquet, mon sang. Puis les traces de moisis au plafond, qui s'effrite, les auréoles de sang séché depuis plus longtemps sur le parquet et nos matelas posés au sol. Ma chambre est loin d'être le nid douillet du riche.

J'entends alors des bruits de pas et me crispe d'avantage, je sens alors la main du châtain venir se poser sur mon bras, peut-être que je lui fait mal, je desserre alors ma poigne doucement pour que Léo récupère son bras et m'enfonce d'avantage dans la porte pour ne pas qu'il vienne l'ouvrir.

Je tente de réguler ma respiration pour me calmer, Léo est toujours silencieux, il attend, et observe toujours ce qui me servait autrefois de chambre.

J'entends alors la porte de la voiture se refermer, le moteur démarrer et Hervé qui part. Je souffle alors un grand coup pour que la pression redescende, me lève et m'avance à pas de loup vers ma fenêtre, plus de voiture. Il est parti.

J'attrape un sac en vitesse et prends le plus d'affaires possible, des vêtements pour Cléa et moi, nos brosses à dents, le nécessaire de toilette et les quelques jouets auxquels ma soeur tient.

Léo reste silencieux, les yeux rivés sur le flaque séchée, le sang avait fusionné avec le plancher. Je ferme le sac, le porte à mon dos de mon épaule valide et descend.

Ma mère s'est endormie, je remarque que personne n'a ramassé le sac poubelle que j'avais renversé la semaine dernière après notre dispute. Je décide donc de l'attraper et de jeter tout ce qui traine au sol. Léo m'aide en me tenant le sac.

Je veille à ne pas me couper ou me piquer, et nettoie tout ce qui se trouve à terre. Une fois fini, je referme le sac et commence à partir.

J'observe un instant ma mère endormie. Son visage est creusé et blanchie par tout ce qu'elle prend, elle est maigre et fatiguée. Mon visage se referme, je décide de lui déposer un baiser sur le front avant de lui chuchoter « Au revoir maman » et je pars sans me retourner, ravalant mes larmes.

Sur le chemin, je sens le regard insistant du châtain, j'en ai assez, je me tourne alors.

« Vas y, soupiré-je, pose la ta question.

Ce sang, commence t'il, il était à toi ?

Oui. Dis-je en reprenant ma route.

Pourquoi tu n'appelle pas la police ? Me demande t'il alors.

Je soupire et baisse la tête.

Parce que si je préviens la police, ils vont emmener Cléa. J'ai pas l'âge pour être son tuteur légal.

Quand est-ce-que tu fais dix-huit ans ?

En mai.

Alors Cléa et toi vous allez rester jusqu'en mai. Et quand tu auras dix-huit tu vas faire les papiers.

LIGHT IN SHADOWOù les histoires vivent. Découvrez maintenant