Nos interactions devinrent très limitées, voire inexistantes certains jours. C'était à peine s'il me regardait, mais je ne peux pas le lui reprocher, j'en faisais tout autant.
Et je détestais ça, de par le fait que ça mettait le doigt en permanence sur le malentendu que nous avons créés.
Car c'était un malentendu, aucune autre possibilité n'était à envisager à par celle-ci.
L'alarme me retira une fois de plus de mon monde, des bruits de pas résonnèrent dans le couloir. J'aurai voulu faire la morte ce jour-là, je n'avais pas envie d'aller en mission. Et j'aurai peut-être dû.
En un temps record, nous voilà au complet, en rang dans le grand hall. L'Umbrella Academy dans toute sa splendeur.
Ça me donne la gerbe.
- Bien. Les enfants le temps presse, on nous a signalé une attaque à main armée dans une école primaire à quelques kilomètres d'ici. Veillez à respecter la procédure comme à chacune de nos interventions. Un rappel n'est pas nécessaire je le crois, nez-en-moins, une fois votre mission achevée, rassemblez-vous devant le bâtiment où sans doute une quelques journalistes vous attendront. Je vous rejoindrai sous peu. Bonne chance les enfants.
Sans un sourire, un quelconque élan de bonté, il tourna les talons en compagnie de ma sœur. Elle le suivait comme un petit chien à chacune de nos missions, nous regardait nous battre, souffrir. Elle qui n'a jamais dû endurer tout ça. Parfois quand j'y pense, ça me met en colère, ou triste. Une certaine jalousie refoulée qui se présentait parfois un peu trop clairement. Et je détestais ça.
Arrivés devant le bâtiment, j'observe mes frères et ma sœur se disperser suivant les instructions données par mon père.
Par que c'est ce qu'attende les gens de nous, c'est notre devoir dit-on souvent.
J'eu un court moment d'absence puis réussis à me ressaisir. Des enfants étaient retenus à l'intérieur, plusieurs cinglés avec des armes, pointant leurs pistolets sur ces pauvres vies innocentes. Eux avaient largement le droit de vivre, de s'épanouir, dans une famille aimante. Je ne pouvais pas laisser passer ça. Hors de question.
Je cours à l'intérieur, tempi pour le plan, qu'ils aillent se faire foutre. Je me repère aux bruits de luttent qui s'intensifiaient. Diego et Luther essayaient déjà d'en éliminer un.
Ils sont trois, plus que deux à repérer et à éliminer.
Je perçus derrière moi un bruit familier, Cinq était entrain d'évacuer une classe, dans un silence presque irréel. J'ai toujours trouvé que les enfants étaient horriblement bruyants à cet âge.
Il me vit, fronce les sourcils, et je partis dans le sens inverse de là ou j'étais sensée me trouver, le laissant incrédule derrière moi. Je voulais retrouver ces salopards, leurs faire la peau.
Ca en devenait presque quelque chose de personnel. Ma rage ne pouvait tout simplement plus se contenir. Je voulais me déchainer, leurs faire subir ce qu'il se passe dans la cave du manoir, voir pire. Je voulais qu'ils paient pour ce qu'ils avaient l'intention de faire, pour tout le mal occasionné et non-occasionné.
Des larmes commencèrent à perler sur le coin de mes yeux, l'ombre de mes migraines s'annonçait. Non pas maintenant...tout mais pas ça.
Et puis merde.
Je recommence à courir en essayant de faire le moins de bruit, quand tout à coup, je le vis dos à moi, pistolet en main.
Une cagoule cache une bonne partie de son visage mais peu importait qui était ce type. Je lui saute dessus par derrière, et sur l'effet de surprise, il fit feu. Les balles volaient dans tous les sens, des cris se firent entendre, si stridents, si agressif, un vrai cauchemar. Etant toujours accrochée à son dos, je repris mes esprits et enfonce de sang-froid mes ongles dans sa peau du cou. Il cria et jura un tas d'insultes puis lâcha son arme.
Il s'écroula sur le sol, m'entrainant dans sa chute, je tendis la main pour récupérer son flingue, mais il réussit à m'immobiliser. Je me retrouve en l'espace d'une fraction de seconde plaquée au sol. Des mains de la taille de mon crane font pression sur ma gorge et m'empêchent de respirer.
Cela semblait durer une éternité. Je tente de me débattre, peine perdue évidemment, mais dans les moments comme celui-ci, tous les espoirs du monde, toutes les croyances sont plausibles pour se rattacher à une quelconque survie. C'est ce que je croyais, et alors que je vacillais doucement vers les ténèbres, je vis défiler des scènes, des visages.
Je revoyais mon père, cette pression précocement instaurée sur moi et mes frères et sœurs, je revoyais Allison et Luther s'enlacer en se tenant leurs poignets qui étaient marqués par notre parapluie de famille au moment ou l'aiguille a traversé notre peau.
Je ressentais encore les douleurs des décharges électriques, les flashs en boucle qui me forçaient à être déconnectée de la réalité.
Ces moments si relaxant à lire des tas de livres avec Ben sous le petit kiosque du grand jardin alors que le soleil brillait encore.
Mes frères et sœurs, ma seule famille et mon seul repère.
Son visage m'apparut soudain, comme un dernier épilogue, soufflé par la brise de cette nuit ou tout avait été parfait, pour une fois. Nos conversations, son regard, son physique, sa personnalité, lui, tout simplement.
Car c'est souvent dans ces moments qu'on comprend, que tout ne tient qu'à un fil, et c'est souvent à la fin du livre qu'on regrette de ne pas avoir suffisamment savouré chaque ligne qui nous ont été offertes.
Mais attendez, ça ne peut pas se finir comme ça, si ? Sinon pourquoi ces efforts, pourquoi cet acharnement ?
Je ne ressens plus rien, plus aucune pression sur mon corps, plus aucun souffle saccadé s'écrase sur mon visage. Peut-être que, c'est bel et bien fini alors ?
Quelqu'un me fait décoller du sol et me porte sur son épaule. Je me sens si faible, si vulnérable. Mes yeux restent fermés, j'essaye de gémir quelque chose, de crier, de me manifester d'une quelconque manière, rien ne sort. Des coups de feu lointains me sont presque perceptibles, des cris, de l'agitation. Puis le noir, le noir envahit mes pensées et éteint ma conscience comme une bougie.
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Noir sur Blanc - Fanfiction Cinq Hargreeves
FanfictionL'interdiction de rêver. S'évader d'un monde qui intimement n'est pas le miens. Aussi longtemps que je le pourrai, j'attendrai que tu réapparaisses, au milieu d'autres fantaisies abstraites. Car ça a souvent été notre jeu, à nous. Et j'aime toujours...