Chapitre 10 : grincheux

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Remus s'assit sur la pierre froide de la tour d'astronomie, la tête entre les mains. L'air frais de la soirée le caressa, soulevant les quelques mèches qui retombaient sur son front. Il leva les yeux vers le ciel, où la lune argentée était presque pleine. Il voyait à peine la différence avec la rondeur de la pleine lune. Son regard se voila de tristesse. L'astre était autant magnifique qu'une torture pour lui.

Il avait été irritable toute la journée, s'était énervé à la moindre contrariété et s'était fâché pour des futilités. Ce soir, il s'en sentait coupable, il aurait voulu revenir en début de journée et rester dans son lit. Même si ses amis avaient l'habitude de le voir plus susceptible à l'approche de cette date spéciale, il s'en voulait toujours de s'en prendre inutilement à eux.

Il était venu se réfugier ici pour le reste de la soirée, après son heure quotidienne de retenue, il ne voulait pas gâcher le temps libre des autres Maraudeurs avec sa mauvaise humeur. Parfois il en venait à se demander la raison pour laquelle Sirius, James et Peter étaient restés amis avec lui tout ce temps. A leur place, il ne serait pas resté avec un monstre comme lui. Remus se redressa et s'approcha de la rambarde. Il laissa ses yeux glisser vers le ciel étoilé. Pas un nuage ne venait dissimuler le spectacle stellaire ce soir. Il sourit en voyant les petits points lumineux. Le ciel était magnifique. Le halo de la lune diffusait un faible éclairage qui rendait le tout encore plus beau.

Il se perdit dans sa contemplation, ne prenant pas conscience du vent qui se levait et commençait à faire frissonner sa peau. Il aurait pu rester des heures ainsi, à simplement regarder le ciel.

- C'est presque aussi magnifique que toi, intervint une voix dans son dos.

Remus sursauta. Il se retourna pour faire face à un Sirius souriant. Le brun se plaça à côté de lui, plaçant une cape épaisse sur ses épaules. Ce fut à ce moment que Remus se rendit compte qu'il avait jusqu'alors eut froid. Sirius s'installa dans la position qu'il avait précédemment, accoudé sur le rebord, le nez en l'air. Remus se contenta de fixer Sirius, connaissant déjà la réponse à la question qu'il allait poser :

- Qu'est-ce que tu fais ici Pat' ?

- C'est pas parce que tu es sur les nerfs que je n'ai pas envie de te voir.

Remus sentit un sourire forcer les coins de ses lèvres. Sirius avait toujours le mot pour le lui redonner. Parfois Remus avait l'impression d'être trop proche de lui. Le brun le connaissait tellement que c'en était effrayant. Il était capable de deviner la moindre de ses humeurs rien qu'en le regardant.

- Je suis désolé pour aujourd'hui. Non, en fait je suis désolé pour toute cette semaine. J'ai été horrible avec vous.

- La lune a été horrible avec nous, corrigea Sirius en continuant de fixer le ciel.

Remus trouva ce commentaire adorable. Pourtant, il refusait de laisser le brun faire comme s'il n'était en rien responsable des disputes qui avaient eu lieu ces derniers jours. Le châtain se força à lâcher Sirius du regard et se tourna de nouveau vers les étoiles sans rien ajouter. Il sentit Sirius se coller un peu plus à lui, son épaule venant effleurer la sienne. Le brun déclara :

- T'as le droit d'être grincheux 'mus. Aucun de nous ne t'en veux tu sais.

- Vous devriez. Sirius, j'ai engueulé James parce qu'il a renversé de l'encre sur son parchemin. Même pas le mien, le sien. Je ne vois pas comment vous pouvez ne pas me détester.

- Tu saurais retrouver Sirius d'ici ? demanda le brun pour seule réponse.

Remus se retint de hurler de frustration face à l'ignorance de son ami. Sirius avait cette fichue tendance à changer de sujet lorsque la conversation ne lui plaisait pas. Ce soir, Remus voulait sa réponse :

- Comment vous faites Sirius ? Comment vous pouvez rester ami avec moi ? Comment c'est même possible d'envisager...

- Si tu prononces ce mot Remus, je ne t'adresse plus la parole pendant un an.

- Peut-être que c'est ce que tu devrais faire.

Sirius pivota enfin pour regarder Remus. Il le prit par les épaules et le força à lui faire face. Son regard se plongea dans les yeux dorés et tristes de Remus, qui tentaient de se détourner vers le sol.

- Très bien, peut-être qu'on ne devrait pas être amis. Dans ce cas, je devrais peut-être retourner chez mes parents et les laisser me frapper.

- Non ! Ça n'a rien à voir ! protesta immédiatement Remus.

- Si tu ne mérites pas d'avoir des amis, alors moi je mérite les traitements de mes parents.

Remus ne sut quoi répondre. Sirius avait le visage sérieux et le regard déterminé. En cet instant, Remus était plus amoureux que jamais du brun. S'il n'écoutait que son cœur, il l'embrasserait sur le champ, savourant le goût de ses lèvres avec cette fraîcheur automnale. Mais Remus ne suivait que rarement son cœur, il préférait se fier à sa raison, qui lui prodiguait bon nombre de conseils intelligents.

Remus en revint aux prunelles grises qui le regardaient sans faillir. Sirius n'avait pas détourné le regard une seconde. Il persistait, entourant les épaules de Remus de ses mains. Le châtain frissonna en prenant conscience du contact et du rapprochement de Sirius. Celui-ci n'était plus qu'à un pas de lui, bien trop près pour son cœur affolé.

- Remus, est-ce que tu comprends où je veux en venir ?

Le châtain voulut répondre, mais il se trouva incapable de le faire. A la place, il plongea simplement son regard dans les yeux en face des siens.

- Tu n'es pas celui qui peut décider si oui ou non tu mérites des amis. C'est à nous de choisir. Peter, James et moi. Pas toi. Tu pourras trouver mille raisons pour tenter de nous faire fuir, ça fait six ans qu'on est ensemble, ça ne changera jamais Remus. On ne t'a pas abandonné le jour où on l'a découvert, ce n'est pas pour le faire après des années.

- Vous pouvez penser ce que vous voulez, ça ne change pas ce que je suis, murmura Remus en baissant à nouveau le regard.

- Par Merlin Remus ! explosa Sirius, lâchant finalement le corps face à lui. Quand est-ce que tu comprendras ? Quand est-ce que tu accepteras ? Tu es un gars génial. Tu es drôle, intelligent, beau, gentil, patient... Tu as des milliers de qualité mais un foutu défaut ! Tu es sacrément borné et je commence à en avoir marre !

Une fois encore, Remus ne sut comment réagir. Il était perdu entre la joie d'entendre ces mots de la part de Sirius, la tristesse de ne pas vraiment y croire, le dégoût de lui-même. Il sentit soudainement des doigts relever son menton.

- On t'aime Remus, peu importe ce que tu es, peu importe ce que tu en penses.

- J'ai passé tant d'années à me répéter la même chose Sirius. Je sais que tu n'aimes pas m'entendre dire ça... mais je me verrais toujours comme un monstre.

Sirius tiqua à l'usage de ce mot. Il avait fait promettre à Remus d'arrêter de le prononcer lorsqu'il parlait de lui-même, mais le châtain n'y était jamais parvenu.

- Laisse-moi te montrer la façon dont je te vois Remus. Parce que pour moi, tu es l'une des plus merveilleuses personnes sur cette Terre.

La bataille émotive s'acheva en Remus. La victoire fut attribuée à la joie, qui s'exprima en de chaudes larmes le long de ses joues. Les mots de Sirius, rassurants et plein de promesse, lui faisait un bien fou. Il franchit les derniers centimètres entre eux pour venir prendre le brun dans ses bras. Sirius referma bien volontiers les siens autour du corps tressautant de Remus.

Les deux Gryffondors restèrent ainsi un long moment, à simplement profiter de la chaleur des bras de l'autre, s'enivrant de l'odeur de l'autre. Puis ils furent obligés de se séparer et, pris d'un élan, Sirius laissa échapper :

- Je t'aime 'mus.

Le cœur de Remus explosa. Ses yeux s'ancrèrent dans ceux de Sirius. Il tenta d'y lire tout ce qu'il pouvait. La seule chose qu'il y trouva fut la sincérité pure. Alors, bien qu'un peu hésitant, il prit son courage et déposa ses lèvres sur celles de Sirius.

Inktober des MaraudeursWhere stories live. Discover now