La Sélection de Victoria (T1) - Descendance

Chapitre 6

- Mlle Doodle, avez-vous goûté de cette délicieuse lemon curd ? Et vous Miss Damores, je suis ravi de voir que la confiture de mûre vous fasse sourire à ce point.
Les deux intéressées rougissent jusqu'aux oreilles quand le prince leur adresse la parole. La première attrape le pot de crème de citron que Joshua lui tend tandis que l'autre glousse un peu bêtement.
Une fois les présentations terminées, le prince Joshua s'est installé à table avec nous pour notre premier petit déjeuner ici. Et quel déjeuner !... Des petits pains cuits à la perfection, des gelées de tous les fruits possibles et imaginables, des boissons froides, chaudes, crémeuses ou non, du sucré, du salé... Il y en a pour tous les goûts ! Je ne peux pas dire que je meurs de faim à la maison mais là... Il faut croire que la famille royale cherche à nous engraisser ! Peut-être qu'ils vont nous dévorer toutes crues à la fin de la Sélection, comme les ogres dans les contes pour enfants. Cette pensée m'arrache un léger rire qui ne passe apparemment pas inaperçu…
- Et bien Miss Leger, me lance le prince d'une voix détendue. Qu'est-ce qui vous amuse comme ça ?
Zut... Je vais encore passer pour une idiote...
- Hum... Je me demandais juste le nombre de repas au palais qu'il me faudrait pour devenir aussi large que haute.
À ses mots, Joshua éclate de rire, en même temps que plusieurs autres filles qui ne parviennent pas à camoufler leur hilarité. D'autres pouffent plus bas en tâchant d'être plus discrètes.
- J'espère que ce n'est pas l'objectif de votre séjour ici Victoria. Mais rassurez-vous, me répond Joshua. Je vous donnerai l'occasion de brûler toutes ces calories bientôt.
Cette dernière remarque attise la curiosité autour de la table. Clémence et moi, nous nous regardons d'un regard interrogateur alors qu'une des filles –Rana Silverton si je ne me trompe pas– demande timidement :
- Qu'entendez-vous par là Majesté ?
Un petit sourire malicieux aux lèvres, le prince nous lance un regard pétillant. Toutes les sélectionnées s'arrêtent de manger un moment pour porter son attention sur lui.
- Et bien... C'est une surprise que j'espérais vous faire. Pour faire plus ample connaissance avec vous, j'aimerais organiser une petite randonnée dans la journée de demain.
Après un petit temps, il rajoute.
- Mon père nous a trouvé un chemin tranquille dans la nature où nous ne serons pas dérangés. Ma mère nous accompagnera ainsi que quelques amies à elle. Nous pique-niquerons tous ensemble à midi au milieu d'une nature magnifique.
Un petit brouhaha excité commence à s'élever autour de la table.
Moi qui croyais qu'on ne passerait pas tant de temps que ça avec le prince à cause de ses obligations dues à son rang, je suis agréablement surprise.
- C'est super !, nous souffle Sissi à moi et à Clémence. Il est tellement gentil de bien vouloir nous consacrer une journée entière dès les premiers jours !
- Ça c'est sûr, renchérit Clémence. Et moi qui adore la nature et la marche !
Elles ne sont pas les seules à être aux anges à cette annonce. Je vois que de nombreuses filles se réjouissent déjà à l'idée de cette journée surprise. Au milieu des bavardages qui se sont peu à peu accentués, le prince intervient soudain :
- Bien. Maintenant que je vous ai mises au courant de cette petite surprise, je me vois au regret de devoir vous laisser. J'ai beaucoup de travail et je dois commencer le plus tôt possible. Alors je vous laisse profiter de la fin de matinée comme bon vous semble et nous nous retrouverons au déjeuner.
Sur ce il se lève, nous salue et va sortir de la pièce. Je regarde mon assiette dans laquelle s'accumulent les miettes.
- Vous allez faire quoi ce matin vous ?, fait la voix de Mélisandre.
Je hausse les épaules.
- Moi je vais sûrement écrire à ma famille pour commencer, j'annonce.
Clémence approuve.
- Bonne idée. Je vais faire de même.
- En tout cas, on se retrouve plus tard dans le boudoir, renchérit Sissi. Rose veut nous y voir en fin de matinée pour nous donner le programme des leçons de royauté.
Quand elle dit ça, une voix surgit derrière nous :
- Pfff... Des cours de royauté... Elle est vraiment perchée cette Madame Killvan !
Sissi, Clémence, Mélisandre et moi nous nous retournons sur deux filles qui se sont approchées. Une blonde au teint bronzé qui me rappelle un peu Karism en plus machiavélique, et une grande brune à l'air béat.
- Te moque pas Lean !, la reprend la grande brune. Ce n'est pas sympa !
- Mais avoue Oriane... C'est n'importe quoi. C'est le roi qui gouverne. La reine n'a qu'à se la fermer en public et profiter. On n'a pas besoin de cours pour ça !
Les deux filles s'éloignent en gloussant et en faisant à peine attention à nous. Bon bah... Ça, c'est dit..., je pense amèrement. Je sais bien que certaines des filles présentes ne sont là que pour l'intérêt de la couronne et de la belle place qu'elle confère mais je ne pensais pas entendre ce genre de chose. Mes amies ont l'air aussi choquées que moi. Mise à part peut-être Mélisandre qui semble avoir l'esprit très loin de tout cela, avec son air rêveur habituel.
- Bon, je dis. Je vais y aller. Je voudrais finir ma lettre au plus vite.
Je me lève et Clémence fait de même pour partir de son côté. Sissi reste avec Mélisandre.
Une fois sortie je pousse un gros soupir. La matinée a été rude en émotions. 
Quand j'arrive à ma chambre, je remarque qu'un garde se tient devant. Étrange... Il n'était pas là la veille, ni ce matin quand je suis partie manger. Il est jeune et doit avoir à peu près mon âge si j'en juge à son physique. Sur son uniforme, les initiales K.W sont gravées sur une petite plaquette d'argent.
- Heu..., je fais en approchant. Bonjour.
Je m'apprête à passer devant lui pour rentrer dans ma chambre quand il m'arrête.
- Mademoiselle Leger ?
Étonnée, j'acquiesce.
- Votre mère, Miss America Leger a appelé le palais en début de matinée. Elle voulait vous faire passer ce message.
Alors, il me tend un petit bout de papier plié.
Ça par exemple... J'aimerais bien savoir comment ma famille a-t-elle pu avoir le numéro du palais déjà. Et puis un message… Curieuse, je prends le papier que le garde me tend.