LXIII

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Le matin du 22 février, Lana se réveille avec une migraine lancinante qui ne disparaît pas même après une prise de médicaments.

- Tu as toujours mal ? S'inquiète Yoko en posant sa main sur son front pour prendre sa température.

- Ça va un peu mieux mais ça fait toujours mal. C'est comme si... on m'avait frapper au front avec une barre de fer.

- Tu connais ce genre de douleur ? Plaisante Izumi.

Lana soulève ses cheveux au niveau de sa tempe pour lui montrer la cicatrice qu'elle doit au combat contre Moebius.

- Wow ! Comment tu t'es fais ça ?

- Je me suis battu contre des mecs qui en voulaient à Draken. Un coup de batte de baseball en plein dans la tête.

- Eh bah...

- On devrait peut-être t'emmener à l'hôpital. C'est peut-être la douleur de ta cicatrice qui se réveille. Dit Yoko.

- Ça fait déjà 6 mois. C'est pas maintenant que cette cicatrice va faire des siennes. Et puis, j'ai des choses à faire aujourd'hui.

La mère acquiesce et à contre cœur et laisse sa fille s'en aller en ayant à peine prit son petit déjeuner.

- T'es sûre que c'est une bonne idée de la laisser partir ? Demande Izumi. Elle va sûrement rejoindre son gang. Elle s'est déjà mis en danger plusieurs fois et t'arrête pas de t'inquiéter. Ses potes sont peut-être gentils mais c'est pas une raison.

- Tu as raison et je le sais. Mais je peux pas lui interdire de faire ce qui lui semble juste.

- Yoko... Je sais qu'à son âge tes parents t'interdisaient beaucoup de choses. Tu veux sûrement pas que Lana connaisse ça aussi mais tu dois quand même lui imposer des limites.

- Non... Tu ne comprends pas. Je peux pas me vanter de l'éducation de Lana parce qu'elle s'est faite toute seule. Je suis déjà bien contente qu'elle m'inclue dans ses choix. Je peux pas me montrer présomptueuse. Ce serait lui donner une bonne raison de me détester.

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- Après la mort de son père... J'étais devenue l'ombre de moi-même. Je pensais que je ne m'en sortirais pas. Je devais subvenir à nos besoins mais je n'avais pas envie de passer ma vie travailler ou à m'occuper d'un enfant. J'étais égoïste. Je voulais juste profiter de ma jeunesse et faire tout ce qu'on m'a toujours interdit de faire. J'ai commencé à sortir et faire la fête, laissant ma gamine toute seule à la maison. Et quand je rentrais, je m'attendais à ce qu'elle me saute dans les bras en pleurant et qu'elle me demande de ne plus la laisser toute seule... Mais la seule chose que je trouvais c'était une enfant de 6 ans qui avait fait le ménage et ses devoirs avant de se coucher. Il y avait son kimono plié soigneusement dans un coin, le réveil réglé que pour j'aille au travail et qu'elle aille à l'école. Chaque pièce que je laissais traîner ou qu'elle trouvait dans la rue était conservé dans une boîte qu'elle ne sortait que s'il manquait de l'argent pour le loyer... En la voyant se débrouiller si bien, je me suis dit qu'elle n'avait pas besoin de moi. Et avec les années, c'est moi qui ait fini par me reposer sur elle. Elle venait me chercher peu importe mon état, peu importe où j'étais. Elle a accepté mes mariages sans broncher et ne s'est jamais plainte même si elle savait que j'avais épousé ces hommes pour leur argent. Tout ce que je voulais c'était vivre sans me soucier des factures et de si j'arriverai à nourrir ma fille. J'ai choisi la solution la plus simple et je sais que malgré son âge, elle comprenait. Elle a toujours été très intelligente et moi, j'en ai profité jusqu'à tomber sur un homme qui me battait. Et encore une fois, c'est ma fille qui m'a sortie de là. C'est ce jour-là que j'ai réalisé que je ne pouvais plus continuer comme je le faisais. J'ai tout fait pour lui éviter la maison de correction après qu'elle ait défoncé le crâne de mon ex mari. Ensuite, elle m'a aidé à lui extorquer le plus de biens possibles pendant le divorce. Mon but, c'était nous assurer une belle fin de vie, de ne plus lui imposer d'hommes dont on devrait vivre aux crochets. Je voulais tout recommencer de zéro pour qu'elle se sente libre. Et c'est arrivé. On est venue vivre ici. On a acheté cet appartement et on a vécu comme on l'entendait. J'ai passé plus de temps avec ma fille mais ça ne m'a pas empêché de sortir et c'est d'ailleurs comme ça qu'on s'est retrouvé, toi et moi. Elle, s'est fait des amis. C'était la première fois qu'elle me présentait des amis. J'étais tellement contente alors peu m'importait que ce soit des délinquants. Je l'ai vu sourire et s'épanouir. Elle est même tombée amoureuse. Je n'ai jamais vu ma fille plus vivante que depuis qu'elle connaît ces garçons. Avant ça, je la voyais presque comme un robot dont les seuls plaisirs étaient les arts martiaux et le surf.

Le brun n'ose plus parler ou même bouger. Yoko lui avait déjà fait part de certaines difficultés qu'elle a pu rencontrer au court de sa vie mais il n'a jamais imaginé qu'elle et surtout Lana, avait pu vivre toutes ses choses sans péter un câble à l'arrivée.

- Tu comprends, maintenant ? Je peux pas interdire à Lana de faire ce qu'elle veut parce que peu importe toutes les erreurs que j'ai pu faire, elle m'a toujours soutenu sans jamais se plaindre. Évidemment, j'aimerai qu'il ne lui arrive rien. J'ai peur mais... c'est sa vie. C'est à elle de décider.

Izumi soupire et acquiesce. Il comprend enfin les liens qui unissent Yoko à sa fille.

- Après ce que je viens de te dire, je comprendrais si tu ne voulais plus me voir... Depuis qu'on s'est retrouvé j'essaye de te renvoyer la meilleure image possible mais j'ai commis des actes impardonnables. J'ai été la mère la plus égoïste qui soit. Alors je ne t'en voudrais pas.

- Pfff. Qu'est-ce que tu racontes, Yoyo ? Dit-il en appuyant bien sur le surnom qu'il lui donnait enfant. Je t'ai déjà dit que t'étais la femme de ma vie. Alors c'est pas ça qui va m'arrêter. On a tous un passé dont on est pas fier. Si on te rejette à cause de ça, c'est qu'on t'aime pas vraiment. Et c'est pas mon cas.

Émue aux larmes, Yoko se cache le visage derrière ses mains avant d'éclater en sanglots.

Izumi sourit et se lève pour la prendre dans ses bras.

- Pleure pas, Yoyo. Ça va aller.

Destins Croisés - Tokyo Revengers - En CoursWhere stories live. Discover now