Perte

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Alexandre

J'étais nerveux lorsque je frappai à la porte de la petite maison aux abords du bois. Il n'avait pas été difficile de retrouver la mère du garçon. Elle n'avait pas déménagé depuis le drame. La porte s'ouvrit sur une vieille dame à l'air fatigué. Elle avait des cernes sous les yeux et ses cheveux blancs étaient poisseux et désordonnés. La femme semblait plutôt grande mais c'était difficile à dire tant son dos était vouté, comme si le poids du monde pesait sur ses épaules. Ses yeux, rouges à force d'avoir trop pleuré, s'écarquillèrent de peur lorsqu'elle me reconnu. Elle fit un mouvement brusque pour fermer la porte mais Damien l'en empêcha.

- Madame, s'il vous plait je veux vous juste vous parler.

- Je n'ai rien à vous dire !

- Je sais pourquoi vous avez envoyé un assassin pour me tuer...

- Vous... je... vous n'avez aucune preuve !

Maintenant si...

- Madame, je ne vous ferais aucun mal. Je veux juste vous parler.

- Si vous n'êtes pas venu m'arrêter allez vous-en ! Je n'ai rien à dire à quelqu'un comme vous !

- Quelqu'un comme votre fils vous voulez dire ?

La vieille dame se figea et me regarda avec attention. Damien se plaça tout près de moi pour me protéger d'une éventuelle attaque. Sa main glissa dans mon dos et je vis les yeux de la femme aller de lui à moi puis se remplir de larmes. Elle s'écroula au sol en sanglotant.

- Oh pardonnez-moi mon prince... pardon...

Je m'agenouillai et lui caressai doucement le bras.

- Ce n'est rien... je crois que je comprends votre douleur.

- Arrêtez-moi si vous le désirez, faites ce que vous voudrez de moi, je n'ai plus rien à perdre de toute façon.

- Je n'ai pas l'intention de vous faire le moindre mal.

La vieille femme releva la tête et me regarda dans les yeux. Un petit sourire fatigué étira ses lèvres. Elle leva la main pour me caresser doucement la joue. Je vis du coin de l'œil que Damien se crispait, prêt à intervenir au moindre mouvement suspect.

- Vous lui ressemblez tellement, murmura-t-elle à peine assez fort pour que je l'entende.

Elle soupira puis se redressa. Elle entra dans sa petite cabane délabrée et posa une vieille théière poussiéreuse sur le feu.

- Vous n'avez sûrement aucune envie de prendre le thé avec une vieille folle qui a tenté de vous faire assassiner mais j'espère que vous pardonnerez mon audace. Me feriez-vous l'honneur ?

- Avec grand plaisir, répondis-je doucement en pénétrant dans la demeure.

Je sentis que Damien se tendait encore plus à mes côtés et je lui pris doucement la main pour le rassurer. Héléna, elle, avait observé la scène avec un calme étonnant. Elle avait visiblement décidé de me laisser gérer seul et je lui en fus infiniment reconnaissant. Nous nous installâmes tous les trois autour de la minuscule table et la vielle femme déposa la théière sifflante au milieu. Elle nous servit tour à tour dans des tasses tout aussi poussiéreuses que le reste de la maison. Damien me lança un regard qui m'interdisait de boire quoi que ce soit que cette dame nous offrirait. Je retins un petit rire devant la méfiance de mon amant – même si je comprenais au fond et que je n'avais de toute façon aucune envie de boire de la poussière. J'observai sommairement la maison et remarquai, sur la cheminée, un petit portait dessiné au fusain. C'était le seul objet qui avait l'air d'être entretenu avec le plus grand soin.

Le prince d'Andoria (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant