Calme

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Damien

Le mois qui suivit notre arrivée au camp rebelle fut le plus stressant et le plus chargé que j'avais jamais vécu. Je passais mes journées avec le bataillon d'hommes et de femmes que Lilly avait soigneusement sélectionnés. J'avais une dizaine de personnes sous mes ordres. Nous serions chargés d'infiltrer le château et de trouver le roi.

Tous les matins, j'entraînais mes hommes à être discrets, rapides et agiles. Les rebelles n'étaient, pour la plupart, pas des soldats entraînés et manquaient cruellement de tactique mais ils avaient une volonté de fer. Ils ne seraient évidemment pas aussi talentueux que les soldats que j'avais l'habitude de diriger lorsque j'étais déployé en avant-poste mais il faudrait faire avec.

Je sortis de mes pensées juste à temps pour parer le coup qui arriva dans mon dos. Eloïse, une petite femme à la peau sombre et aux grands yeux violets, jura lorsqu'elle se retrouva projetée par terre. Elle était une des amies de confiance de Léna et avait assez de motivation pour tout le bataillon. Sa progression avait été impressionnante, au point qu'elle avait plusieurs fois réussi à me mettre à terre.

- Presque, la félicitai-je en lui tendant une main qu'elle prit pour se relever. Tu as juste oublié de dégainer ton arme bien plus tôt pour éviter que j'entende un bruit métallique quand tu l'as sorti. Et tu dois être plus souple sur tes jambes et pouvoir te relever en quelques secondes si jamais l'ennemi te met à terre. Recommence.

Eloïse écouta mes conseils avec attention puis partit se remettre en place tandis que je reprenais mon rôle de garde. Le jour de la bataille approchait à grand pas et, même si tout le camp avait fait d'immense progrès sous la tutelle d'Alexandre, de Lilly et la mienne, nous étions loins d'être prêts. Tout reposait sur le fait de trouver le roi et de parvenir à le prendre en otage. Si mon bataillon échouait, nous serions tous condamnés.

Alors que ces sombres pensées traversaient mon esprit, j'aperçu Alexandre à l'autre bout du camp, en pleine discussion avec Lilly. Lorsqu'il ne pas passait pas son temps avec elle pour affiner le plan de bataille il entraînait le reste des rebelles et s'efforçait de gagner leur confiance, leur loyauté. Ça n'avait pas été chose aisée malgré son intervention au feu de camp. Certains rebelles avaient été durement touchés par la cruauté du roi et se méfiaient encore du prince. Plusieurs fois, nous avions eu à prouver nos bonnes intentions – notamment à ceux qui avaient perdu un frère, une fille, un amant...

Alexandre était exceptionnel dans ces moment-là. Il trouvait toujours comment consoler ou rassurer ses détracteurs. Il avait maintenant raconté l'histoire de ses cicatrices plus de fois que je n'aurais pu les compter. Tous ceux qui apprenaient la vérité finissaient immanquablement par prendre mon prince en pitié. Tous ceux qui apprenaient à connaître réellement Alexandre comprenaient sa force et lui donnait leur loyauté.

Je soupirai et esquivai aisément une nouvelle attaque d'Eloïse. Il se faisait tard et elle devait être fatiguée. Nous l'étions tous. Je n'avais pas eu l'occasion de passer plus de quelques heures avec Alexandre depuis le feu de camp. Il me manquait terriblement mais dès que nous avions l'occasion de nous retrouver seul à seul, nous étions si épuisés que nous nous écroulions sur le lit et que nous nous endormions immédiatement.

Dans six jours, nous serions sur le champ de bataille. Dans six jours, je ferais tout pour l'aider à reprendre le trône. Malgré ma détermination et ma confiance en lui, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une peur sourde à l'idée de le perdre. Durant notre infiltration, il aurait pour mission de prendre la salle du trône afin que tout soit prêt pour juger le roi actuel et le destituer dans les règles. C'était sans doute la partie la plus dangereuse. Le roi avait encore de nombreux alliés au château et ceux-ci essaieraient sûrement d'assassiner Alexandre pour l'empêcher de prendre la couronne. Même si mon prince parvenait à ne pas se faire tuer, il faudrait ensuite convaincre les membres du conseil de se réunir. Si plus de la moitié du conseil ne penchait pas de son côté, il serait obligé de se retirer ou de monter sur le trône par la force. Même si Alexandre accédait à la salle du trône, même si mon bataillon trouvait le roi, rien ne serait gagné.

Le prince d'Andoria (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant