𝐍𝐲𝐜𝐭𝐨𝐩𝐡𝐢𝐥𝐢𝐚

19. Here with me

Pov's Jude Kebena.

La nuit ne m'a jamais paru aussi longue, j'ai l'impression d'avoir dormi une éternité. En me levant, mon corps entier me fait mal à chacun de mes mouvements, mais à présent je suis habituée, ça fait quelques temps que j'ai appris à vivre les conséquences d'abus physique.

Je ne prends pas la peine de descendre immédiatement, et je m'habille chaudement. Enfilant mon collant, ma jupe, ma chemise et enfin ma veste. Je n'ai pas la force de lever les bras pour m'attacher les cheveux, donc je les laisse tomber sur mes épaules.

Une fois prête, je reste assise près de ma fenêtre, à observer le feuillage de la forêt, légèrement caché par la brume matinale. Évidemment, à chaque fois que mes yeux se posent sur les arbres, l'image d'Ace apparaît dans ma tête.

Comme si il ne te dérangeait pas assez, Jude.

Mon coeur n'arrête pas de battre un peu plus fort quand je pense à ce qui m'attend aujourd'hui. Je dois réussir à m'extirper de cet enfer qu'est devenu ma maison, je dois me libérer avec l'aide d'Ace.

J'avais bien vu qu'il n'était pas partant, mais j'ai besoin de lui, car il est le seul sur qui je peux compter.

Finalement, je descends les escaliers, lentement, jusqu'à que le son dans la cuisine parvienne à mes oreilles. Rapidement, un dilemme s'installe dans mon esprit.

Partir maintenant, sans rien ajouter ? Ou alors, faire comme si de rien n'était et m'asseoir à table, en oubliant le fait que ma mère a failli me tuer ?

Mon choix est vite fait, et je passe la porte en 1 seconde. Étrangement, je marche plutôt rapidement, comme si je craignais que l'un de mes parents me suivent, mais au fond de moi, je sais très bien qu'ils ne me poursuivront pas.

Après un moment, j'arrête de marcher aussi vite, et j'avance lentement, en re-découvrant la nature comme si je l'avais perdu. À vrai dire, hier, allongée au sol, ma vie défilait devant mes yeux même si en réalité, il n'y a rien de marquant dans ce que j'ai pu voir.
Je ne sais pas trop où aller, je n'ai pas la tête à retourner une dernière fois en cours, et je ne pense pas trouver Ace à une heure si matinale. Donc je décide de m'asseoir dans un parc en ville.

J'ai pris mon sac, avec des choses banales tel qu'un petit déjeuner, une bouteille d'eau et mon magazine criminels. J'avais peur qu'en prenant mon téléphone, mes parents réussissent à me retrouver, j'ai préféré être prudente, quitte à me priver du délicieux plaisir qu'est la musique.

J'observe les oiseaux s'élever dans les airs, divaguer entre les différentes teintes que le ciel prend. J'aperçois un bout de la lune, qui devient de plus en plus invisible. Puis finalement, j'attrape mon magazine.

Je ne lis que quelques pages, avant que je ne sente mes paupières devenir lourdes. Je me suis réveillée il n'y a pas longtemps, pourtant je suis déjà de nouveau épuisée. Mais je n'ai aucune envie de m'allonger sur ce banc, en pleine journée, sous le risque de me faire voler ou pire.

Donc je me lève et marche sans but afin de ne pas m'endormir. J'observe les gens qui passent à côté de moi, ils sont tous pressés et m'ignorent. Sans le vouloir, j'arrive jusqu'à l'école de Daisy.

J'aperçois quelques parents commencer à se rapprocher dans un cercle. Discrètement, j'essaie de voir ce qu'il se passe, mais c'est impossible vu la foule de parents.

Quand j'aperçois une touffe familière au centre de cette foule, mon coeur s'enclenchait. Je bouscule les parents, ignorant leurs râlements, pour tomber nez à nez avec Ace.
Il ne semble pas me remarquer immédiatement, et je comprends rapidement la raison, il essaye tant bien que mal de tenir sa sœur qui me paraît extrêmement enragée.