8. Besoin d'aide ?

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Un peu à l'écart des salles de cours, le mystérieux Blackwood avec ses cheveux argentés dignes du héros de The Witcher  m'a entrainé dans la bibliothèque du lycée qui ne semble pas trop fréquentée à cette heure.

Je m'adosse à une étagère de bois sombre en soupirant.

- Qu'est-ce que tu me veux à la fin ? je soupire.

- Je ne vais pas tourner autour du pot Dulac ! annonce-t-il en imitant ma position adossée à l'étagère, bras croisés et mine défiante. Je suis venu te voir pour une bonne raison et tu le sais déjà.

Je hausse un sourcil, étonnée. Son visage parfait n'exprime rien si ce n'est un certain énervement, son regard bleu est dur. Impossible de deviner en lui le moindre indice sur ce que je suis censée savoir.

­- La seule bonne raison que je connaisse, je réponds en rivant mon regard sur ses iris de glace, c'est que « Oh miracle ! » tu viens me faire des excuses.

Dereck grogne presque, ce que je suppose être un début de rictus.

- Des excuses ? il passe une main sur son menton fin. Pour quelle raison ?

- Ton comportement pourri, hier soir.

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

Dereck s'avance vers moi dans l'étroit espace entre les rangées de livres et pose une main sur l'étagère derrière moi. Son avant-bras en extension est la distance qui nous sépare l'un de l'autre. Ses yeux sont d'un bleu si clair que je suis fascinée l'espace d'une seconde.

- Je ne fais jamais d'excuses, Dulac ! Sache-le.

Il lève un index devant mon nez ce qui me fais presque loucher:
- Je pensais que tu étais une Saintclair donc mon antipathie était compréhensible pour ne pas dire... naturelle.

- Naturelle ? je me décale sur la droite.

- Disons héréditaire, il se redresse sans pour autant bouger d'un pouce, nos familles ne sont pas les plus amicales que je connaisse.

Il sourit en coin, j'ai l'impression que l'air me manque. Il est trop près, je ne supporte pas ça !

- Pourquoi tu voulais me voir alors ? je lui tourne le dos en faisant mine de regarder les romans et j'en prends un au hasard.

Peut-être que je pourrais l'assommer avec le dernier tome de Harry Potter ?

- Je suis venue parler lecture, évidemment !

- Pardon ? cette fois c'est moi qui pousse un bruit entre le couinement et le grognement. Tu veux me faire découvrir ta PAL (Pile à lire), tu te fiches de moi ?

- Ce serait drôle, il sourit et cela me fait une étrange impression comme se retrouver face à un loup qui montre les dents en pleine nuit. La prof de littérature m'a demandé de te coacher, il paraît que t'es nulle.

- Je ne suis pas nulle ! Je n'avais simplement jamais étudié l'œuvre au programme ! Pourquoi c'est toi qui t'y colles ?

- J'ai rendu un devoir en retard, c'est ma punition. TU es ma punition.

- Merde !

- Comme tu dis, ouais ! il plisse les yeux et semble m'évaluer comme si j'étais une énigme.

- Et si je ne veux pas ? je repose le Harry Potter avec regret : j'ai besoin de plus que de la magie d'un sorcier imaginaire, en ce moment.

- Tu crois que ça m'amuse de te donner des cours de rattrapage ? On est dans le même bateau, alors je te dirai quoi lire et tu vas m'écouter. Plus vite on se débarrasse de cette corvée, mieux on se portera l'un l'autre.

Un point pour lui. J'ai besoin d'aide mais de là à travailler avec lui...

- Rendez-vous demain ici, après les cours ! Sois pas en retard, sinon je le dirai à la prof...

- Quoi, qu'une fille t'a posé un lapin ?

- Que tu es un cas désespéré et que tu as refusé les cours de soutien. Tu verras avec elle et le proviseur comment rattraper ton retard.

Nous nous dévisageons. La tension est palpable.

- C'est bon, j'ai pigé !

- Parfait. Dernière chose, Dulac.

- Quoi ! j'aboie.

- Un : je ne fais jamais d'excuses et deux : personne ne me pose de lapin.

Dereck me tourne le dos et part sans un regard :

- À demain, la cancre !

- Ouais, c'est ça !

Je vais m'arracher les cheveux si je dois bosser avec cet abruti prétentieux ! Je m'assieds en tailleur sur le parquet et décide de faire mes devoir ici.

Ici, c'est calme et j'ai justement besoin de quiétude. Les minutes passent, mes exercices de mathématique sont nombreux mais faciles. Au moins, pas besoin de maîtriser l'anglais pour résoudre des équations. Ce sont bien les seuls problèmes qui ne me prennent pas la tête en ce moment. Le jour décline quand je sors de mes réflexions, le ciel que j'aperçois à travers les hautes fenêtres de la salle s'est teinté de rose. J'imagine que Sybille aura bientôt terminé son club d'art dramatique, on rentrera avec sa voiture.

Après avoir crée une carte d'emprunt auprès de la documentaliste, je rejoins mon casier pour y reprendre mes affaires. Un garçon est accroupi devant les armoires rouges, il semble perplexe. Je déglutis et me fige en comprenant ce qu'il regarde. Argh ! Ne me dites pas que c'est lui le propriétaire du casier que j'ai défoncé à coup de pieds ?

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Devinez qui est le propriétaire ? 😉

Dance with the Moon (En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant