10. Code secret

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Art semble si confiant. Cela m'énerve. S'il croit pouvoir me manipuler il se trompe. Je dois déjà me coltiner son demi-frère pour mes cours d'anglais, je ne vais pas céder avec un deuxième Blackwood.

- Tu peux tout garder, je réponds. Je ne viendrai pas chez toi.

- Pourquoi ? il s'amuse.

- On m'a clairement mise en garde contre toi.

- Et tu obéis sagement ? Es-tu une fille sage ou manques-tu simplement de courage pour te faire ta propre opinion sur les gens ?

Manquer de courage ? Je me suis battue pour survivre à un accident qui m'a enlevé mes parents, quitté mes amis adorés et traversé un océan pour intégrer une famille que je connais à peine et intégré un cursus scolaire inconnu dans une langue qui n'est pas ma langue maternelle. Du courage, j'en ai assez pour affronter la vie et ses obstacles. Je ne suis pas assez inconsciente pour me mettre à dos la seule famille qui me reste ou faire de la peine à ma cousine.

- Tu ne me connais pas ! je tape deux fois sur la porte métallique de l'index replié. Pousse-toi que je déverrouille.

Il recule d'un pas pendant que je reprends mes affaires. Son visage étonné et ravi dépasse au-dessus la porte rouge qui nous sépare. J'évite ses yeux posés sur moi sans aucune gêne, j'affiche un superbe dédain. Je me retourne ensuite alors, les bras encombrés de mes livres.

- C'est libre ! Le code est 5436L. A toi, je le toise.

Le grand corps de Art descend doucement lorsqu'il plie les genoux. Il se retrouve à mes pieds, à ouvrir son propre casier d'une main et à retirer les livres un par un avec une lenteur voulue. Son regard pendant ce temps reste rivé au mien. Si c'est un duel de regard, je ne veux pas perdre. Mes manuels sont lourds et je ne peux pas bouger sans manquer de tout faire tomber, je reste donc immobile, mes jambes à quelques centimètres de son visage.

- C'est bon, il secoue son livre de biologie, c'est le dernier. Et ce sera la dernière fois que je me mets à genoux devant toi, précise-t-il d'une voix rauque en posant son coude sur la porte du casier du bas.

Il se relève beaucoup plus rapidement qu'il ne s'était mis à genoux. Il me domine brusquement de sa haute taille. Je ne bouge pas, pendant qu'il range ses affaires dans mon ancien casier.

J'attends, même si mes bras commencent à trembler sous le poids de ce que je porte. Pas question de me baisser devant lui. J'attendrai qu'il parte. Art prend un malin plaisir à placer un par un chacune de ses possessions sous mon nez. Je fixe sans un mot ses avant-bras musclés dévoilés par ses manches retroussées. Ses mains sont larges et d'une teinte caramel profonde. Je les trouve belles. Elles étaient immenses sur mon poignet au réfectoire, chaudes contre ma paume tout à l'heure. Je m'en veux de penser cela, maintenant. Je me mords la lèvre inférieure. Fronçant les sourcils en lisant de biais les inscriptions de mon manuel d'histoire sur le haut de ma pile. Je m'abîme dans la contemplation de l'illustration marron d'un tableau d'époque qui en fait la couverture.

La porte claque avec fracas, je sursaute. Art pose ses mains sous ma pile de livres. Ses longs doigts frôlent les miens et je relâche tout comme si on m'avait brûlée. Il fait tout basculer vers lui, me libérant de la charge d'un geste rapide, avant de tout poser sur le sol. Il attrape un stylo dans son casier, mord le bouchon et le garde à moitié en bouche. Le capuchon noir tranche avec le rose profond de la pulpe de ses lèvres charnues. Doucement, il me prend ma main. Sa prise se fait intense quand je tente de la retirer. Il écrit dans la paume de ma main avec son stylo, appuyant à peine. Cela me chatouille. Une suite de chiffres apparaît en bleu marine. Il me relâche et prend son sac son l'épaule avant de partir.

- Ton code est super long ! je lance à son dos qui s'éloigne.

- C'est mon numéro de portable ! répond-il sans se retourner.

- Je m'en fous de ton téléphone ! C'est quoi le code de ton casier ?

- Passe le prendre chez moi !

Il se fiche de moi, là ?

- Je les mets où mes affaires alors ? je lui crie.

- Tu les mets dans mon nouveau casier, on partagera en attendant de passer chez moi. 

- Mais je ne sais pas où tu habites, crétin !

- D'où l'utilité de mon numéro de téléphone pour me le demander via message. Sinon, demande à ta cousine, elle m'adore, ironise-t-il.

Il me fait un geste de la main sans même se retourner et quitte le lycée. Je me retrouve seule avec mes livres, un nouveau casier que je ne peux pas fermer sans code et un ancien que je dois partager avec un crétin arrogant.

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On se retrouve bientôt ! J'essaie de poster minimum un chapitre par semaine (en général le weekend). N'hésitez pas à vous abonner pour savoir quand il est publié 😉

Merci de suivre cette histoire ❤️

Dance with the Moon (En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant