Vertige ➳ ℌ𝔶𝔲𝔫𝔧𝔦𝔫

IV- Besoin d'air

Je me réveille en sursaut, le cœur battant. Je crois avoir fait un cauchemar, mais je n'arrive pas à m'en souvenir. Il m'échappe déjà, plongeant dans les abysses de ma mémoire. En sueur, je repousse vivement ma couette, et pose mes pieds sur le sol froid, qui, étonnement, me fait du bien tant je suis prise de vagues de chaleur. Ma respiration est sifflante et mon cœur fait un bruit monstrueux, résonnant jusque dans mes tempes.

J'ai encore rêvé de ça. Encore et toujours. C'est comme le refrain d'une chanson maudite qui revient perpétuellement, tous les jours, toutes les nuits, à chaque seconde. Qu'importe ce que je fais, avec qui, je n'arrive pas à oublier, à tourner la page. Comment le pourrais-je ? Je suis brisée. Je ferme les yeux, laissant le noir m'engloutir.

Après de longues secondes, je réussi à calmer les battements de mon cœur et grâce à des exercices de respiration appris sur Internet, mon souffle redevient peu à peu normal. Je chasse les images mentales qui m'envahissent et ouvre les yeux.

Mon regard se porte sur le lit de Minoï que je distingue dans la pénombre. Elle dort profondément, son corps se soulève au rythme de ses respirations. Je n'ai pas envie de la réveiller, mais j'ai vraiment besoin de prendre un grand bol d'air frais. Je ne peux pas ouvrir la fenêtre sans risquer de la tirer du sommeil, alors je me lève discrètement. Je ne connais pas encore bien le building et ses interminables couloirs et étages, mais je suis sûre que je peux trouver la sortie, ou au moins une terrasse d'où je pourrais respirer un grand coup. J'ai l'impression d'étouffer.

J'enfile mes baskets et un sweat, regroupe mes cheveux en queue de cheval, et traverse la chambre sur la pointe des pieds, essayant d'ouvrir la porte sans la faire grincer. À ce léger bruit, Minoï soupire mais ne se réveille pas, alors je referme derrière moi.

Le couloir est désert, évidemment. Je ne sais même pas si je suis autorisée à sortir me promener à presque 4h du matin (sûrement pas) mais j'en ai besoin, alors je ne réfléchit pas plus. J'allume le flash de mon portable pour m'éclairer, et essaie de me repérer, avançant le plus discrètement possible, sur la pointe des pieds.

Je prends des escaliers, tourne dans des cul-de-sac, manque de me prendre des murs (oui, oui). Mais après presque vingt minutes d'exploration dans le building plongé dans le noir, j'atteins une porte qui semble donner sur l'extérieur. Je ne sais pas exactement où je suis après ces longues minutes d'exploration, mais je ne prends pas le temps d'y penser et la pousse.

Immédiatement, le vent froid me saisit et je frissonne, rentrant mes mains dans les manches de mon sweat. J'ai bien fait d'attacher mes cheveux, sinon je ne verrais plus rien tant il est violent. J'espère ne pas m'envoler et j'avance à petits pas. J'ouvre grand les yeux.

Je réalise alors que je suis sur le toit du building et mon cœur manque un battement lorsque mes yeux rencontrent la vue offerte par l'endroit. Heureusement que je n'ai pas le vertige... Je ne savais pas qu'il était possible d'accéder au toit, je ne suis même pas sûre que ce soit vraiment autorisé, une fois de plus. Mais je savoure.

La vue est imprenable. La ville est immense, éclairée, peuplée, vivante, même au milieu de la nuit. Les lumières de la ville sont absolument magiques et elles dansent devant mes pupilles. Et soudain, la ville me rappelle Tokyo : toujours vibrante, même en plein milieu de la nuit. Mes yeux n'arrivent pas à se détacher de la vue, et je m'avance toujours plus près du bord, captivée, hypnotisée.0

- Tu ne vas pas sauter quand même ?

Je sursaute, et une main s'enroule autour de mon poignet, me tirant doucement en arrière. Je panique immédiatement à ce contact, même si la prise n'est pas forte. 

- Ne t'avance pas si près...

Je me retourne, même si j'ai reconnu la voix à la seconde où la première syllabe a franchi ses lèvres. Hyunjin. Il me sourit doucement et relâche mon bras, que je me frotte immédiatement, automatiquement, alors même qu'il ne m'a pas blessée.