XXXIV- Comme la famille

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Pour oublier et tourner la page, rien de tel que de tourner la page d'un véritable carnet dans lequel on écrit sa propre histoire et son passé. Jisung et Hyunjin ont raison, la rédaction de ma vie en chanson est une toute nouvelle expérience qui m'aide plus que je ne le pensais. J'ignorais le véritable pouvoir des mots et de la musique qui, mis ensembles, sont réellement magiques. 

- Qu'est-ce que tu fais ? demande Minoï en venant s'asseoir près de moi. 

Je referme le cahier et me tourne vers elle :

- J'écris. 

- Je ne comprends toujours pas pourquoi tu n'as pas proposé ça lors de l'évaluation hier. Du peu que j'ai lu, c'est brillant, très efficace. Et ça pourrait être très valorisé.

- Ce n'était pas le moment et c'est très personnel. Non abouti. 

Et puis, mon évaluation s'est si bien passée que je ne voulais pas prendre le risque de la gâcher. J'étais sûre de moi et de ce que j'allais proposer pour une fois. Présenter quelque chose comme ça pourrait me mettre en difficulté.

- Je suis sûre que c'est génial, insiste mon amie.

Je hausse les épaules.

- Je ne dirais pas ça... Et au fait ! Je voulais te féliciter encore pour ton évaluation ! Nara m'a dit que tu avais tout déchiré !

Je n'étais pas avec Minoï lors de notre troisième évalution, mais j'ai eu d'excellents échos concernant son passage. Apparemment JYP n'a trouvé qu'un seul détail à relever, ce qui est un véritable exploit, mais qui ne m'étonne pas. Si il y a quelqu'un qui peut le faire, c'est Minoï.

- Merci, rougit ma cadette. Je crois que c'était mon meilleur passage. 

- C'est normal, après autant de temps et de rigeur, tu t'améliores ! 

- J'ai été étonnée par Nara, continue la fillette. Elle est très douée et sa première évaluation n'a pas eu l'air de temps la stresser en façade.

Je ris en me souvenant de mon premier passage devant les juris et JYP. J'étais liquéfiée, littéralement, et j'avais l'impression d'être la seule à être aussi paniquée.

- Quand elle répétait avec nous, c'était déjà excellent. 

Minoï hoche la tête avant de reprendre d'une voix un peu timide :

- Dis, est-ce que je peux lire ce que tu écris ? Je sais que tu ne veux pas, mais je suis grande tu sais. Et je suis sûre que tu parles de Hyunjin aussi.

J'y fais légèrement allusion, c'est vrai. Mais les mots sont trop durs pour une fillette, elle comprendrait trop de choses néfastes sur mon histoire, et même si j'ai confiance en elle et en son amitié je ne veux pas que notre relation soit modifiée. J'ai déjà eu la chance qu'aucun de mes amis ne me prenne en pitié, je refuse de prendre le moindre risque. Mes textes sont encore trop crus. Peut-être qu'une fois que j'aurais un peu plus romantisé les paroles, Minoï pourra les lire, ou même les écouter si j'arrive à l'enregistrer.

Je n'ai pas parlé à Minoï de notre baiser avec Hyunjin, j'estime que c'est trop important et "grave" pour être révélé à tout va. J'ignore les sanctions que Hyunjin pourrait encourir si cela se savait. Et de toute manière, nous n'avons pas parlé depuis, nous ne nous sommes pas vu du tout. Parfois il m'arrive de me demander si c'était bien réel, puis je revois le message qu'il m'a envoyé et je frissonne. Oui, c'est bien réel.

- Je préfère pas. Et non, je ne parle pas de Hyunjin.

- Tu crois que tu vas retourner voir les garçons pour leur montrer ce que tu as écris ?

Jisung m'avais proposé d'enregistrer avec eux, je me demande si sa propostition tiens toujours. Et puis, je me suis améliorer en chant, je me sens assez à l'aise pour entrer dans un studio et chanter seule devant le micro.

- J'aimerais bien oui. Et cette première expérience pourrait être très enrichissante.

Minoï acquiesce puis se lève pour rejoindre son lit. Elle s'y installe sur le ventre, la tête tournée vers moi et souris :

- Tu viens te coucher ?

- Tu veux un câlin ?

- Oui !

Je secoue la tête, amusée, et range mon carnet.

J'adore les moments le soir où nous sommes seules avec Minoï. Nara et Hailey sont sorties pour le moment, et j'ai l'impression d'être de retour au début, lors de notre rencontre avec la fillette, lorsque nous étions que deux. 

Je m'installe près d'elle, sur son lit et je souris, ayant comme la sensation de voyager dans le temps, à une période pas si ancienne mais qui me procure beaucoup de beaux sentiments.

- Sakuna... Tu crois qu'un jour on va réussir ? murmure la fillette alors que je joue doucement avec ses cheveux.

- J'en suis sûre.

- C'est long.

- Tu es arrivée ici si jeune, c'est normal. Le moment où JYP va organiser tes débuts, ce sera comme si il dévoilait sa botte secrète.

Elle rit :

- Vraiment ? Tu le penses ?

- Mais oui ! Tu verras. Je suis certaines que ton début fera du bruit, qu'importe le groupe dans lequel tu es.

- Peut-être qu'on débutera ensembles.

- Oui peut-être.

Je dis tout ces mots rassurants à Minoï, mais au fond je n'en mène pas large. Si je suis sûre du début de Minoï, c'est le mien qui m'inquiète. Je suis plus âgée et j'ai peu de période en tant que trainee pour le moment. Si Minoï débute dans l'année qui suit, il y a des chances que je ne sois pas avec elle. Je ne suis même pas sûre de me sentir prête. J'ai peur de faire mes débuts sans être à la hauteur, je tiens à être prête et j'ai conscience de ne pas l'être.

- Tu crois qu'on passe à deux dans le lit ? demande un peu timidement Minoï.

- Oui sûrement.

- Alors viens, je veux un câlin.

Attendrie, je me glisse près de la jeune fille qui se blottie contre moi. Elle baille et murmure avant de fermer les yeux :

- Je sais pas comment j'ai fais pour tenir jusqu'ici sans toi... Tu es comme ma grande sœur Sakuna... 

Vertige ➳ ℌ𝔶𝔲𝔫𝔧𝔦𝔫Donde viven las historias. Descúbrelo ahora