Chapitre 35 : Des mots qui font mal

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Lucy était en rogne, furieuse... ou plutôt elle aurait voulu l'être ! Depuis le départ du joueur aux cheveux roses, elle s'était précipitée ici, dans le vestiaire, à l'attendre ! Elle n'osait imaginer dans quel état il devait être. Renoncer à son rêve à cause de cet accident, à cause de cette brute de Sabor Tooth, ça devait être dur à digérer. Sauf que... elle était là, et il n'arrivait pas. Monsieur devait sûrement avoir autre chose à faire. Elle était là, toute seule dans le vestiaire, comme une idiote et il ne venait pas... toujours pas !

Qu'allait-elle dire à Erza ? Qu'allait-elle dire aux autres ? Qu'il était parti sans se retourner, sans penser à elle ? Était-elle insignifiante à ce point ?

Le peu de confiance qu'elle avait acquise en s'occupant du joueur aux Signatures était en train de fondre comme neige au soleil.

Elle pinça les lèvres, des larmes au creux des paupières. Elle aurait tant voulu être importante à ses yeux. Elle aurait tellement voulu croire en ce coup de foudre dont Mirajane parlait.

Elle en avait marre... vraiment ras-le-bol ! Il était temps que sa vie change ! Elle voulait des amis, des projets, elle voulait faire la fête ! Ras-le-bol de la solitude ! Elle rêvait d'exister indépendamment de son père, indépendamment de son nom de famille. Ras-le-bol d'être cette petite fille parfaite en jupe plissée !

Soudain, elle entendit du bruit. Quelqu'un avançait dans le couloir... Des portes avaient claqué. Sûrement cette peste de Minerva venue se délecter de son humiliation ! Lucy fronça les sourcils. À tous les coups, Dragnir l'avait elle aussi draguée !

Elle rumina et serra les poings de toutes ses forces. Elle se tourna vers la porte du vestiaire en tapant du pied. Elle était prête à toutes les possibilités. Peut-être serait-ce Minerva avec Natsu dans les bras en train de le consoler, peut-être serait-il accompagné de son frère comme si rien ne s'était passé, ou peut-être serait-il seul, en larmes, anéanti... Elle croisa les bras, dans l'expectative, prête à tout affronter.

La porte du vestiaire s'ouvrit. Ce qu'elle vit lui ôta toute décence. Ce qu'elle ressentit à cet instant... C'était de la haine, de la haine envers elle-même ! Il était là... sautillant, l'esprit léger, avec un immense sourire, tout content, tout joyeux ! Ses cheveux dans le vent, son regard juvénile et naïf, si sûr de lui, si fort, si beau aussi !

Aussitôt, l'humeur de la blonde s'assombrit jusqu'à devenir brûlante de fièvre. Natsu heureux... Elle le vécut comme une trahison. Lucy était trop jeune, trop égocentrique. Perdue dans le tourbillon de ses émotions, elle n'était plus capable de discerner les méandres qui s'épandaient à l'intérieur de sa tête. Les sentiments étaient ravageurs, intenses, ils avaient pris le dessus sur sa raison. Qu'il soit heureux, alors qu'elle s'était fait tant de soucis, c'était violent, douloureux, injuste !

Une colère noire prit possession d'elle. Elle se sentait dupée. Ce qu'ils avaient partagé dans le vestiaire avec Eligoal, dans le placard, dans les gradins et même hier soir... Tout ça. Ce n'était que de la comédie ! IL avait joué la comédie ! Elle l'avait cru au bord du gouffre ! Et... rien... En fait, il n'en avait strictement rien à faire !

Les poings toujours serrés, la rage au creux du ventre, Lucy riva ses yeux au plus profond de ceux du garçon en face d'elle et d'un regard offusqué, hurla :

«Franchement Natsu. T'es qu'un idiot ! Tu vas nous refaire ce coup toutes les cinq minutes ?».

Le rosé écarquilla les pupilles avant de s'immobiliser en plongeant à son tour ses yeux dans les siens.

Hein ? répondit-il sans comprendre.

Son immense sourire s'effaça laissant la place à un regard inexpressif, perplexe peut-être.

Un Idéal - PARTIE 1: Les SélectionsOnde histórias criam vida. Descubra agora