Snow Falling for December [1ER JET]

18. C'est pas de la tarte !

"Bake the world a better place."
— Unknown

18 décembre 2022
Snow

Hier, après m'avoir conseillé sur le cadeau à faire à December, ma mère s'est tue. Pour de bon, cette fois. Je suis donc sorti de sa chambre lorsque j'ai manqué d'inspiration pour continuer de monologuer devant sa mine absente, en lui promettant que je reviendrais la voir bientôt.

Une fois de retour à l'accueil, l'une des directrices du centre d'hébergement pour femmes m'a interpellé pour mettre à jour le dossier de ma mère. La responsable de la maison a confirmé avec moi que le numéro de cellulaire qu'elle avait à mon nom dans ses archives était encore bien valide, puis m'a demandé ma nouvelle adresse ainsi qu'un second téléphone à joindre en cas d'urgence. Je lui ai fourni les informations. Elle a noté le tout dans ses documents et je l'ai assistée dans cette paperasse de routine, avant de quitter les lieux pour aller me procurer le présent de December.

Lorsque j'ai regagné mes pénates, je suis monté dans ma chambre, j'ai inséré mes écouteurs dans mes conques pour me couper du monde extérieur, j'ai contemplé le plafond et je me suis perdu dans mes pensées. J'étais secoué et je suis resté calfeutré entre les quatre murs de ma piaule pour le reste de la soirée, comme à chaque fois que je reviens d'une visite à la résidence où ma mère a trouvé refuge il y a déjà quelques années.

Or, ce coup-ci, ça a été différent. Je n'ai pas été seul bien longtemps. Peut-être une heure ou deux. Ensuite, j'ai entendu quelques tambourinements réguliers contre l'embrasure et j'ai vu ma porte s'ouvrir doucement sur la silhouette fine de December.

Plongée dans la pénombre, cette dernière a pris place à mes côtés, comme si elle avait compris, par mon état stationnaire, que quelque chose n'allait pas. Sans que j'aie besoin de dire quoi que ce soit, elle m'a percé à jour. Elle s'est allongée à ma droite, devinant que tout ce dont j'avais besoin, c'était qu'elle soit là, avec moi.

Puis, elle m'a volé un écouteur et l'a enfilé, s'insinuant pleinement dans mon univers. Nous avons passé des heures ainsi, côte à côte, à écouter sans un mot la musique qui jouait dans nos oreilles, notre esprit gravitant autour les paroles de cette dernière. La terre entière aurait pu disparaître autour de nous sans que je ne m'en soucie le moins du monde.

December se retournait parfois dans ma direction, me scrutant en détails. Je le sais, parce que je faisais exactement la même chose. Lors de certains passages de chansons, nous nous regardions dans les yeux, comme pour nous renvoyer mutuellement les mots qui retentissaient dans nos tympans.

Alors que High and Low de Joshua Radin résonnait dans nos écouteurs, le regard céruléen de December a plongé dans le mien. Pourtant, c'est moi qui aurais aisément pu me noyer dans le bleu de ses yeux.

J'ai écouté les paroles qui défilaient, comme si c'était elle qui me les disait de vive voix.

" Don't you worry now
Don't let life get you down
[...]
And I'll see you in the high and low
In the high and low I'll find you
And I'll see you anywhere you go
Anywhere you go
I'll follow you anywhere
[...]
I will follow you down
[...]
I will follow you "