Chapitre 59

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Kazimir franchit le seuil de sa demeure d'un pas pressé et, machinalement, comme il avait l'habitude de le faire depuis presque trois mois, il chercha Éléna des yeux. Il cherchait toujours la jeune femme du regard et qu'importait l'endroit où il rentrait. Le mafieux était constamment habité par le doute, ce fameux doute, cet horrible doute qui le contraignait à imaginer la femme de sa vie attendant qu'il rentrât, les bras ouverts et un sourire aux lèvres sur le perron. Volkov se languissait de pouvoir s'y jeter à nouveau et de goûter à ses lèvres.

Avant qu'elle ne le quittât, la jeune femme avait pris pour habitude de l'accueillir sur le pas de la porte d'entrée, en sautillant sur place lorsqu'elle le voyait sortir de son véhicule, quand son compagnon se rendait en ville pour affaires. Elle l'avait toujours reçu avec un sourire et un baiser, comme s'ils avaient été séparés plusieurs jours d'affilée, alors que quelques heures s'étaient seulement écoulées.

Éléna lui manquait à tel point que Kazimir se mettait à la voir partout.

Depuis le départ de sa Rose, Volkov passait ses journées enfermé dans son bureau, à pleurer. Il avait interdit à ses capitaines de le déranger. Même Eduard n'avait pas le droit de le voir, ne fut que pour lui apporter ses repas. Il laissait les plateaux devant la porte de son bureau et les récupérait une heure plus tard sans qu'ils ne fussent vides.

Tit avait pris les rênes de l'organisation et commandité les missions à la place de son chef, tout en veillant à ce que les hommes de la Izmaïlovskaïa et les factions n'apprissent pas que leur parrain était indisposé, sans quoi, ils pourraient fomenter un complot et se liguer contre ce dernier pour le destituer ou pire, le tuer.

Un parrain ou un chef d'organisation criminelle malade ou convalescent était un homme à abattre, voir mort aux yeux des hommes qui le servaient, d'où l'intérêt à ce que le brigadier fut un homme de confiance. Un seul mot ou un seul claquement de doigts de sa part pouvait faire vriller l'organisation et engager la destitution ou la mort du parrain en place.

Tit était la personne la plus proche de Kazimir. Il agissait, certes en qualité de capitaine, mais avant et surtout comme ami. Il était le seul à connaître le passé tortueux de Kazimir et le seul à connaître la raison du chagrin de son ami qu'il appelait son frère.

Le parrain était fou amoureux d'Éléna, mais il s'était voilé la face en n'assumant pas ses sentiments et pour cause ; Kazimir avait déjà aimé passionnément une femme. Malheureusement, un stupide accident les avait séparés à jamais. La jeune femme avait perdu la vie et en même temps, l'enfant qu'elle portait.

Suite à son décès, le parrain avait mis plusieurs années à faire le deuil de sa compagne et de son enfant à naître avant de se remettre à fréquenter des femmes dans le but de se remonter le moral, sans vraiment trop y croire. Il avait d'abord côtoyé des filles faciles. Par la suite, il avait été amené à ramener ses conquêtes rencontrées en soirée à l'hôtel pour passer la nuit avec ces dernières. Ce fut au cours de l'une de ces soirées qu'il a rencontré Katya et il savait qu'il ne tomberait jamais amoureux d'elle. Cette femme était vulgaire, grossière, pimbêche, vénale, feignante au possible, mais elle avait réussi à lui faire passer du bon temps. Elle avait également aidé l'homme à sortir de son deuil et dès qu'il évoquait son ex-compagne, il ne pleurait plus. C'était la seule chose pour laquelle il estimait Katya. Malheureusement, la jeune femme était tombée amoureuse de lui. Après lui avoir avoué ses sentiments, elle s'était pris un râteau monumental et avait, dès lors, concocté un plan foireux pour garder l'homme à ses côtés. Elle avait arrêté de prendre son contraceptif et avait minutieusement détérioré les préservatifs de son amant. Elle lui avait proposé de passer une dernière nuit ensemble en guise d'adieux, ce qu'il avait accepté.

Mafiosnyy OrelTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang