Le temps qu'il faut

XXIV - Charlie XcX

« You're the glitter in the darkness of my world. Just telle me what to do : I'll fall right into you, going under casta spell just say the word. »
- Boom clop, chalie XcX

(Tu es les paillettes dans la pénombre de mon monde. Dis-moi simplement ce que je dois faire : je tomberais dans tes bras, je tombe sous ton charme à chaque mot)

    -Allez, dépêche, on va louper le tram !
    -Ça va, ça va, chuis là. Et puis le tram il passe tout le temps, si on rate c'ui là, on aura qu'à en prendre un autre et puis c'est tout.
    -Ou alors tu t'dépêche et on prend celui de dix-huit heure trente-huit, comme prévu.

    Raphaël, qui était entrain de lacer ses chaussures, leva les yeux au ciel aux paroles d'Alex. Le gesye sembla l'agacer une peu plus alors l'adolescent accéléra malgré sa réticence : il finit d'attacher ses lacets en vitesse et se releva pour enfiler sa veste en cuir par-dessus son col-roulé noir. Il sentit le regard de son petit-ami s'arrêter sur son corps, le faisant sourire. Il était content que sa tenue face son petit effet auprès de l'étudiant, il avait choisit ces vêtements exprès pour ça et il comptait bien amener son petit-ami à les lui enlever lorsqu'ils seraient de retour dans sa chambre ce soir.

    -Enfin ! se reprit rapidement le brun en lui prenant la main pour l'entraîner à sa suite, lui faisant de nouveau lever les yeux au ciel.
    -Appelez-moi quand vous voudrez rentrer après le ciné, leur lança Marc alors qu'Alex ouvrait déjà la porte d'entrée.
    -Oui, oui.
    -Et fais attention à Raph, hein Alex, demanda sa mère d'un air soucieux qui fit soupirer le garçon. Qu'il traîne jusqu'à pas d'heure avec des types louches dans son quartier ou que son frère le fasse fumer depuis qu'il avait douze ans ne la gênait pas, mais qu'il se fasse un McDo, suivit d'un ciné avec Alex – qui était beaucoup plus responsable que n'importe quelle personne avec qui il n'avait jamais traîné jusqu'ici (Neil évidement comprit), sois dit en passant – l'inquiétait durement. Il fallait vraiment qu'elle pense à revoir ses priorités.
     -Mais oui, promis, écourta son aîné en l'entraînant dehors. Allez, à plus !

     Raphaël frissonna à peine lorsque le froid le frappa dans tout le corps, bien trop euphorique à la perspective de la soirée qui s'annonçait. Il avait toujours la main de son petit-ami dans la sienne et cela agrandit encore le sourire niais qui s'étalait déjà sur son visage. Alex marchait vite, l'obligeant à adopter un rythme soutenu qui aurait presque pu l'amener à regretter de fumer autant tous les jours mais il s'en fichait. Il était heureux qu'ils soient en sortie ensembles, juste tous les deux, et ça compensait tout le reste.
    Sans vraiment s'en rendre et, comme souvent lorsqu'il était d'humeur guillerette, Raphaël se mit à chantonner. Il profita également d'avoir son compagnon dos à lui pour l'observer longuement, sans complexe. Il ne s'attarda pas longtemps sur son dos : sa veste en jean noir et col à moumoute cachait ce qui aurait pu être intéressant à voir, il s'arrêta en revanche un petit moment sur ses fesses moulés dans son slim noir. Beaucoup plus intéressant. Béni soit le jour où Alex avait décidé de commencer le sport : les squattes lui faisaient un cul d'enfer.

    -Tu sais c'que tu chantes, au moins ? questionna soudain Alex en se tournant vers lui, un sourire amusé aux lèvres.
    -Heuuuu... All of... quelque chose, de Louis Armonstrong. Je crois.
    -All of me. Mais ce que je voulais dire c'est : est-ce que tu sais ce que ça veut dire ?
    -Non, méga pas.
    -Eh bien, je dois admettre que c'est assez amusant de t'entendre chanter une chanson aux paroles aussi triste qui parle d'un amour à sens unique en ma présence et sur un ton aussi joyeux.
    -Ah.
    -Ouais, ah. Oh et, pour ta gouverne, ce n'est pas parce que je regarde droit devant moi que je ne sais pas que tes yeux sont fixés sur mon magnifique fessier. Raphaël rougit.
    -Je te déteste.
    -Non, tu m'aime à la folie, cesse de te voiler la face, mon cœur, répliqua Alex sur un ton chantant.