Tension

66 5 0
                                    

Les rayons du soleil traversent la pièce et parviennent jusqu'à mes yeux qui s'ouvrent délicatement. Mais, le soleil qui tape trop fort sur mes yeux me fait les fermer instantanément.

Le lit est doux, beaucoup trop doux et j'ai énormément de place. Normalement, Aaron dort comme un gros porc en mettant son corps sur moi bouffant les moindres centimètres du lit. Il se colle à moi en m'emprisonnant dans ses gros bras, me laissant presque aucun air.

Mais, ce matin, ce n'est pas comme d'habitude, le lit est trop confortable et j'ai beaucoup trop de place.

Je sens une personne dormir à côté de moi, son souffle résonne dans la pièce.
Ce souffle, je ne le reconnais pas. Il est harmonieux, léger et apaisant. Il n'est pas proche des énormes ronflements d'Aaron qui m'empêchent quelques fois de dormir.

Non, ce souffle a un effet contraire, il me détend et me donne envie de me rendormir. Je me sens comme dans une volupté, c'est tellement aérien et léger.

Tant pis, pour le locus amoenus qui venait de se dresser dans mon imagination. J'ouvre les yeux malgré l'intensité de la lumière.

Mes yeux s'ouvrent sur une chambre luxueuse, avec une décoration digne des magasins IKEA. Tout est très blanc, très épuré, très hôtel.

Mince, je suis à l'hôtel. Sacrilège, je suis à l'hôtel, m'écriai-je intérieurement. La panique commence peu à peu à gagner mes esprits.

Sahar, sérieux j'espère tu n'as pas fait ce que tu penses avoir fait. Avant de tirer de conclusions trop hâtives, il faudrait Sahar que t'analyses bien la pièce.

Je tourne brusquement ma tête vers les respirations. J'aperçois une silhouette qui m'offre une vue sur dos.

C'est un homme blanc avec de longs cheveux noirs ondulés qui retombent sur son cou dénudé. Son cou est décoré d'une chaîne en acier assez simple. Ses épaules sont larges mais pas trop. Des omoplates saillants remplissent son dos et accentuent la maigreur initiale de son corps. Sa taille est fine et appelle presque à se faire briser.

Je ne reconnais nullement cet homme et c'est ce qui me fait peur. Un homme et une femme dans un hôtel, avec une femme qui se rappelle plus de ce qui s'est passé, c'est le début d'un film romantique à succès.

Sauf que dans la vraie vie, y'a rien de romantique, c'est plutôt le contraire. Dans quelle merde, je me suis fourrée !

Il me reste un dernier espoir, j'espère secrètement que je porte les mêmes habits qu'hier. Je soulève délicatement la couverture pour ne pas réveiller ce parfait inconnu. Mince, ce ne sont pas mes habits que je porte mais plutôt un t-shirt large couvrant à peine mes hanches volumineuses.

Je remarque ma petite culotte noire en dentelle, au moins la culotte m'appartient. Ma jupe, mon soutien -gorge et mon t-shirt sont partis aux oubliettes.

Sacrilège, j'ai sincèrement merdé. Je n'ai pas couché avec un inconnu quand même. Stecy m'avait dit que la première fois qu'on le faisait le lendemain, on avait mal en bas. Mais après, tous les corps sont différents.

J'espère tellement que je n'ai pas couchée avec lui. Vous imaginez, perdre la chose que vous avez gardé précieusement toute votre vie et la voir disparaître en un claquement de dos,  et ne pas rappeler comment vous avez perdu ce trésor ?

J'espérais au moins m'en souvenir mais faut croire que ce n'est pas possible. Un inconnu, Sahar, tu l'as fait avec inconnu parmi toutes les personnes de ce monde, c'est un inconnu que t'as choisi à la place d'Aaron.

Je me lève pour descendre du lit mais je me ramasse salement. La migraine que j'avais délibérément oublié depuis mon réveil me tape si fort sur la tête que j'en viens à tomber. Je ne tombe pas d'une manière élégante et sensuelle, non mon corps s'est littéralement écrasé sur le sol.

Oublie-le ou tu m'oublieras.Where stories live. Discover now