CHAPITRE XI

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Mars 1693, Académie de Magie Beauxbâtons...

- Les duels à la baguette magique sont plus qu'une discipline, c'est un art des plus raffiné. Un art auquel je vais m'efforcer de vous éduquer, disais Flavien de Monblason, le professeur de Charmes Maléfices et Sortilèges. Mais avant, je souhaiterais rappeler au plus pauvres d'entres vous, qui ont hérité d'une baguette familiale, qu'elles risquent de ne pas se plier tout à fait à votre volonté, puisqu'elles ne vous ont pas choisies. Les contrôler est aussi important que de savoir lire. Si vous ne maîtrisez pas vos baguettes, elles pourraient faire des dégâts que je n'expliciterai pas aujourd'hui.

Faisant taire les murmures qui parcouraient l'assemblée, le professeur Monblason monta sur l'estrade centrale de la pièce. Située dans une tour, la salle d'arme était baignée de lumière. Au mur des vitraux magnifiques rejouaient des duels légendaires. Celui entre Merlin et Morgane étant le plus spectaculaire.

- Comme vous êtes peu nombreux aujourd'hui, je vais tous vous affronter un par un pour mesurer vos capacités cependant que vous vous affronterez les uns les autres. Un murmure parcourut la salle et le professeur Monblason le fit taire instantanément. Ses yeux mauve fixaient tour à tour les élèves présents. Les dames d'abord, dit-il en désignant une élève au hasard. Mademoiselle Adrastée Delacour montez donc ici, je vous prie. Les autres, choisissez-vous un premier adversaire et une piste puis mettez-vous en garde.

La jeune fille rougit en entendant son nom et monta rejoindre son enseignant. Ce dernier lui adressa un baisemain auquel elle répondit par une révérence. La longue chevelure blonde, presque blanche, du professeur Monblason lui tombait sur les épaules. D'un geste, il l'envoya dans son dos en fixant son élève dans les yeux. Adrastée rougit de plus belle face à ce regard et quelques élèves pouffèrent de rire en la voyant. Le professeur Monblason se racla la gorge et le silence revint.

- Veuillez, je vous prie, sortir votre baguette magique et vous mettre en garde face à moi. En piste et en garde vous autres ! Aboya-t-il à ses élèves qui n'avaient pas bougé. Ces derniers s'exécutèrent rapidement et Hector qui n'avait choisi personne se retrouva seul.

- Vous serez le prochain, monsieur Balthazar. En garde ! Prêt ? Aller ! Lança le professeur dans la salle où chacun attendait le signal. Les éclairs et les sortilèges fusèrent. Hector observa attentivement le maintien et le jeu de jambes du professeur en attendant son tour. Après quelques passes où Adrastée perdit sa baguette, le professeur Monblason la congédia et appela Hector :

- Halte ! Le vainqueur reste sur sa piste, les perdants se déplacent. Monsieur Balthazar, montez sur le cercle je vous prie, lança Monblason lorsque Adrastée eut intégrée un groupe plus bavard que combatif. Le professeur parcourut la salle du regard en saluant machinalement son élève. Hector fixait son enseignant avec une intense réflexion affichée sur son visage. Ses yeux semblaient lire des choses qu'ils étaient les seuls à voir. Hector revint de ses pensées et d'un geste machinal, il fit apparaître sa baguette magique entre ses doigts gauches puis se mit solidement en garde.

- En garde ! Prêt ? Aller !

Les sortilèges avaient à peine reprit que la baguette du professeur Monblason vola dans la pièce. Surpris, le professeur regarda son élève puis sa baguette avant de l'attirer dans sa main gantée.

- Impressionnant ! Refaite-le. Dit-il à la fois fasciné et effrayé.

Une fois de plus, sa baguette magique vola à l'autre extrémité du cercle de pierre. Le professeur la ramassa et s'approcha d'Hector.

- Je ne vous ais point enseignés les sortilèges informulés, aussi suppose-je que vous les avez découvert par vous même.

- En effet professeur, répondit Hector décidant de ne pas révéler la strict vérité.

- Cela n'est pas sans m'étonner. Vous êtes un très bon élève, quoique trop discret. Ce qui m'étonne en revanche, c'est que vous n'avez absolument pas bougé. Pas même votre poignet.

- Ne l'avez-vous pas vu ? Demanda Hector en sachant qu'il ne parlait pas de la même chose que son professeur.

- Non, je ne l'ai pas vu. Votre mouvement à du se faire trop rapidement pour que je le remarque.

Hector se félicita intérieurement que son enseignant n'ai pas porté son attention sur son autre poignet.

- J'aimerais vous faire participer à des duels de votre niveau, monsieur Balthazar. Dit le professeur Monblason sur le ton de la conversation mais toujours aussi bas tandis qu'il regardait les autres élèves.

- Monsieur ?

- Que diriez-vous de vous battre avec des élèves plus âgés ?

- Ne serait-ce pas les insulter, monsieur ?

- Pas dans le cadre de l'école. Et si vous gagnez, vous aurez le droit de leur enseigner votre technique.

- Navré professeur, mais je me dois de refuser votre proposition. Répondit Hector que l'idée de divulguer son secret avait refroidit. Je ne souhaite pas attirer plus de regards sur moi que je n'en subit déjà.

- Puissant, doué et sage. Vous êtes très clairvoyant jeune homme. Vous irez loin. Puis-je vous demander qui était votre père, que je sache de qui vous tenez.

Hector regarda son enseignant, la bouche ouverte, ne sachant que répondre. Mais il dut se résoudre à dire la vérité voyant que le professeur Monblason attendait sa réponse :

- Je ne l'ai point connu, monsieur. Je fût recueilli et élevé par le Sieur et la Dame Flamel.

Flavien de Monblason regarda Hector avec incrédulité et murmura :

- Voilà qui explique bon nombre de chose. Vous pouvez disposer. Allez vous trouver des adversaires et tâchez de ne pas trop les humilier. Halte ! Dit-il pour faire cesser les duels.

Hector descendit de l'estrade en se félicitant de ses progrès en magie scandinave et en remerciant le Maître Gutemberg et ses précieux conseils...

Hector Salazar : Mémoires D'un Auror Noir (Tome premier 1678-1715)Onde histórias criam vida. Descubra agora