Scène 5

5.8K 465 376
                                    

𝕊𝕔è𝕟𝕖 𝟝: 𝕝𝕦𝕞𝕚è𝕣𝕖𝕤, 𝕔𝕒𝕞é𝕣𝕒𝕤, 𝕒𝕔𝕥𝕚𝕠𝕟!

Kenza

Ça ne devait pas se passer comme ça.

Je demande qu'on fasse pause sur ce très mauvais film et qu'on rembobine parce que je refuse que ça se passe comme ça. Ça ne peut pas se passer comme ça !

— Donald von Neumann, je représente Levi.

À l'entente du nom qui m'a donné la nausée depuis l'annonce de la distribution des rôles principaux, je quitte mes lamentations et remarque l'homme qui tend sa main en direction de Beatrice. Il s'agit bien de Donald Von Neumann, le producteur de génie, celui qui a révélé la grande Irina Popescu au public, faisant d'elle une légende, avant de l'épouser et de lui donner un fils ; Levi qui se tient à sa droite.

— Oh, je vous connais, monsieur von Neumann, c'est un grand honneur. Oh- j'en oublie de me présenter ; Beatrice Marshall, je représente Kenza, le rôle féminin.

— Enchanté, dit-il avant de se pencher pour nous serrer la main à moi et Bea tandis que son fils ne me lâche pas de ses yeux de givre.

Comment en est-on arrivé là?

Comment est-ce que je me retrouve aujourd'hui, assise en face de Levi von Neumann qui me mitraille du regard depuis mon entrée dans la pièce ? Entourée de quelques hommes, mon agent et le sien ?

Ça ne devait pas se passer comme ça. Alors oui, je suis aux anges d'avoir enfin décroché mon premier rôle dans une grosse production, un des personnages principaux qui plus est, mais c'est Blake Donovan qui devant être assis en face de moi, avec son joli sourire et ses yeux rieurs... pas Levi, sa mâchoire serrée et son aura hostile.

Je sais que je lui ai promis que nos chemins ne se croiseraient plus jamais, mais comment je lui explique que je ne savais pas que j'allais devoir jouer dans un film avec lui ?! Et puis pourquoi me regarde-t-il comme si c'était de ma faute ? Je suis presque sûre que je l'avais entendue affirmer à Blake qu'il ne participerait pas à l'audition.

Je croyais que l'audition qu'on a faite ensemble ne servait qu'à prouver à Blake qu'il pouvait mieux faire. En plus, cette audition a été une catastrophe, je l'ai frappé et je me suis enfuie en le laissant au sol.

Bon, je dis ça mais la vérité est que moi non plus, je n'ai rien à faire ici. Et ça transparaît dans la dynamique de la pièce.

Tous conversent, car étant du milieu, ils se connaissent d'une manière ou d'une autre. Moi je ne connais personne excepté Beatrice qui m'a comme oubliée dès qu'elle a vu ses pairs, alors je suis silencieuse et j'écoute. Levi, lui, ne parle pas simplement parce qu'il est trop occupé à m'éviscérer avec ses yeux.

Ça frôle l'obsession là, regarde ailleurs!

Comme si je n'étais pas déjà angoissée par la situation. Je me mets à jouer nerveusement avec mes doigts sous la table de bois verni qui nous sépare.

Il y a une semaine, quand Beatrice m'a annoncé que j'avais été sélectionnée, c'était les trois plus belles minutes de ma vie. J'ai flotté dans un bonheur ineffable, je me suis sentie pousser des ailes. Puis je me suis écrasée sur terre quand elle a précisé que non seulement je n'allais pas jouer avec Blake, mais qu'en plus je devais le faire avec l'homme qui est en train de comploter contre moi en songe.

Je lui jette quelques regards dérobés pour vérifier s'il me quadrille encore et chaque fois la réponse est oui. Cette signature de contrat risque d'être pénible... je ne veux même pas penser au tournage.

Lights, Camera, Action!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant