La Gardienne des Légendes ✷ Tome II. - L'Eclipsis

Scène bonus : Innamoramento

Et voilà une deuxième scène bonus, qui s'est passée dans le tome un mais que je dévoile ici sous un point de vue différent... c'est pour vous remercier une deuxième fois ♥︎ Bonne lecture !

Neo

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"Innamoramento", Italien. En français : État ressenti au moment où l'on devient amoureux. "amour naissant", moment d'entre-deux juste avant de tomber complètement amoureux

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Point de vue de Elyon

La voix inquiète et distraite de la femme qu'il considérait comme sa mère l'avait fait accepter immédiatement. Ses mots tournaient encore en boucle dans son esprit, alors qu'un halo de lumière lui était apparu, en pleine mission.

« Elyon. J'ai besoin que tu viennes à la grotte des légendes, dès que tu auras ce message. C'est... c'est enfin arrivé. Il est de retour... »

Armos n'avait même pas posé de question, quand il lui avait fait part de son départ - non qu'Elyon n'ait jamais suivi ses ordres. Il avait toujours été où bon lui semblait, et le Premier Invictus lui-même avait fini par intégrer que son bras droit ne serait jamais le parfait petit soldat. Mais aujourd'hui, c'était à croire que son chef savait ce qu'il ignorait. Ses yeux gris comme l'acier l'avaient toisé, l'air de l'attendre, de connaitre ses mots à l'avance. Ainsi donc, quelque chose de grave était en train de se tramer. « Vas-y, fils », avait-il murmuré, de sa voix grave.

Elyon volait à toute vitesse entre les nuages, slalomant entre les gouttes alors que l'orage approchait. L'air était lourd, et pas uniquement à cause de la météo. Oui, une page venait de tourner. Son sixième sens ne trompait pas. Il veilla à déployer son aire d'antimagie le plus large possible, pour demeurer aussi invisible que possible aux pouvoirs d'un possible détecteur dans les parages. Tout lui soufflait qu'il ne devait pas être vu. Ses ailes étaient tendues comme deux lames de rasoir fendant les nuages, repliées contre son corps pour lui faire gagner toujours plus de vitesse. Sa silhouette n'était plus qu'un mince trait d'ébène. Malgré son corps tout en muscles, dans les airs, il ne se sentait jamais aussi rapide, aussi léger.

Alors que l'océan défilait sous ses yeux depuis maintenant une bonne heure, des vagues se dressant rageusement les unes contre les autres, il fondit en piquet, traversant les nuages gorgés de pluie comme une épée lancée de toute force. Ses ailes noires étaient rendues lourdes à cause de l'eau, qui faisait gonfler ses plumes, et il n'en était que deux fois plus rapide. Alors qu'il était tout près de franchir le niveau de la mer, le paysage sembla se désintégrer sous ses yeux, comme s'il avait traversé la face d'un miroir et atterri de l'autre côté. À présent, il se trouvait dans un temple sous-marin, tout en parois de verre ; il déploya ses ailes à toute vitesse, dans les quelques mètres que lui laissait la hauteur sous plafond, et atterrit un genou au sol, en plein centre de la rosace. Il inspira profondément, et secoua sa tête pour dégager les cheveux noirs collés contre son front.

Espérons qu'Isira a déjà préparé mon arrivée, pensa-t-il, alors qu'il posa sa paume contre la pierre froide de la rosace. Il eut sa réponse alors que les motifs s'illuminèrent, et que les fonds marins furent remplacés par le jardin idyllique de la grotte des légendes.

À peine eut-il le temps d'adapter ses yeux à la luminosité nouvelle de la grotte qu'on lui sauta au cou. Il eut toutes les peines du monde à retenir le réflexe qui lui intimait de rejeter le contact et de plaquer l'intrus contre le mur.

— Elyon !

L'odeur fleurie et familière de son amie d'enfance baigna ses narines, et il mit in temps avant de répondre à son étreinte. Celle-ci fut toutefois étrange ; il était à vrai dire assez mal à l'aise. Il n'avait pas enlacé Xerys depuis dix ans — et elle n'avait plus rien de la jeune fille qu'il avait laissée. Non, rien du tout, se répéta-t-il avec stupéfaction, alors que cette dernière se reculait, lui révélant sans le savoir sa nouvelle silhouette. Il n'arrivait pas à croire que cette jeune femme était la petite fille qu'il portait sur ses épaules pour attraper les biscuits cachés dans le placard, et à qui il avait offert une épée en bois pour ses sept ans.