20. Peur

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Léna

J'ouvre les yeux. La lumière passe à travers le fin rideau. Je me redresse et m'étire.

Je sursaute. Il est face à moi. Ses yeux bleus me pénètrent. Il est assis sur un fauteuil, juste en face de mon lit. Seuls quelques mètres nous séparent.

Son teint est anormalement pâle. Ses yeux sont gonflés et cernés. Ses cheveux bruns sont en bataille. Ses mains, qui ont certainement donné la mort à un grand nombre de personnes, jouent avec une lame.

— Je te hais. Finit-il par cracher. T'es qui putain ? Sa voix n'est qu'un murmure, mais dans le silence du matin je l'entends parfaitement. Il contemple la lame. Ce que tu fais avec... Alessandro... arrête ça tout de suite. Reste à ta place.

— Tu n'as pas à me dire ce que j'ai à faire. Je dis avec un élan de confiance soudain. Tu n'es rien pour moi. Il se lève et s'approche dangereusement de moi. Tu ne représentes aucune autorité. Je n'ai pas peur de toi ! Menteuse.

— Petite menteuse ! Son poing cogne sur le mur. Je sursaute légèrement et il sourit. Son visage est à quelques centimètres du mien. Ses yeux me transpercent. Toi, toi, tu n'es rien pour moi. Tu n'es qu'une inconsciente. Tu n'aurais jamais dû nous espionner.

— Tu te trompes. Vous êtes tombés sur moi par hasard.

— MENTEUSE ! Il hurle à présent. TU N'ARRÊTES PAS DE ME MENTIR ! Sa respiration est saccadée à cause de son énervement. Il détache son regard du mien et fait les cents pas dans la chambre. Plusieurs minutes s'écoulent avant qu'il ne prenne la parole. Continue ce que tu fais avec Alessandro. Fais en sorte qu'il t'apprécie. J'en tirerai peut-être quelque chose.

— Je veux quelque chose en échange alors. Il arrête de bouger et me regarde. Que je lui réclame quelque chose semble l'énerver.

— Non.

— Je veux une partie de ma liberté. Sinon je ne parle plus à Alessandro.

— Haha, mais tu ne serais même pas capable de mettre ta « menace » à exécution.

— C'est mal me connaître. Nous nous fixons quelques secondes. Je veux pouvoir entrer et sortir librement de ma chambre. Je veux avoir accès à la cuisine  et à la salle de bain. Et au salon aussi. Je veux pouvoir regarder la télé et manger ce que bon me semble.

— Tu en demandes beaucoup pour quelqu'un qui est prisonnier.

— Tu es d'accord ? Je le coupe avant qu'il ne soit encore plus médisant.

— C'est d'accord pour la cuisine, la salle de bain et le salon. Si tu veux manger ce que tu veux tu demanderas à « Aless », dit-il en m'imitant. Par contre, tu n'as pas accès aux autres pièces et encore moins à ma chambre. Idem pour le sous-sol. Si tu franchis la porte d'entrée, apprête toi à recevoir cette lame dans le ventre, pigé ?

Je fais « oui » de la tête. Je regagne un peu de libertés même s'il reste des conditions. Mon objectif principal n'est plus de m'enfuir, mais de le faire souffrir. Je trouverai un moyen pour me venger.

— Tu n'auras pas accès à un quelconque téléphone ni à internet. Si tu souhaites sortir, tu demandes à Alessandro. Et fais le moins de bruit possible. Te voir est déjà un supplice alors ne m'oblige pas à t'écouter. Je hoche de la tête. Ah oui, j'ai failli oublier. Tu ne sors pas de ta chambre sans être accompagnée par moi ou Alessandro. Que ce soit dans la cuisine, le salon, la salle de bain, il y aura quelqu'un avec toi. Je ne te fais pas confiance.

Sweet Pain [Tome 1 & 2] Where stories live. Discover now