Voler

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 Après la première démonstration de magie d'Eywani, il devint courant pour les enfants de lui demander de montrer d'autres choses. Il faisait cela au repas du soir et doucement, il commençait à parler de son monde, illustrant d'images magiques planant au dessus des têtes. Tous s'étaient mis à attendre ses histoires avec impatience. Les adultes ne le pressaient pas et on tempérait les jeunes dans leurs questions pour ne pas le blesser en le poussant sur une chose dont-il ne voulait pas parler. Mais tous étaient avides de l'entendre. C'était tellement différent de ce que Grace et les Marcheurs de Rêves leur avaient déjà appris sur leur monde. C'était presque à croire qu'il s'agissait de deux mondes différents si le rappel constant de sa destruction par les Gens du Ciel ne ramenait pas à la réalité. Le premier sujet, ouvert par les dragons, fut les animaux de son monde et l'Aïais leur en parla sans rechigner. Avec sa magie, il leur en montra des images mouvantes évoluant dans les airs, y ajoutant souvent un petit Na'vi pour donner une idée de taille. Il leur parla aussi bien des créatures magiques que des animaux ordinaires. Des créatures comme l'acromentule, l'hippogriffe ou le basilic firent sensation, le serpent géant capable de tuer d'un regard leur inspirant un grand respect.

Les histoires d'Eywani devinrent régulières le soir au repas, tous se rassemblant autour de lui pour écouter et voir ses images magiques. C'était merveilleux pour eux. Lorsqu'il parlait, il avait souvent le regard voilé et triste, un pâle sourire au visage mais il disait aussi que cela faisait du bien de se souvenir de ces belles choses. Les soins n'étant plus constamment nécessaires, on avait envisagé de lui donner un hamac au milieu de la tribu pour dormir. Mais avec ses ailes abîmés, il ne pouvait s'y installer. Aussi, on lui avait aménagé une plate-forme sur une large branche au milieu de leur lieu de repos avec eux. On l'avait couverte de mousse et de fleurs pour qu'il puisse s'y reposer. L'Aïais avait été très touché et il se lovait dans ce tapis naturel avec plaisir. Si on s'étaient inquiétés de le laisser dormir seul, il avait assuré qu'il pouvait l'être pour la nuit maintenant qu'il allait mieux.

La journée, Eywani voyageait dans l'Arbre Maison ou tout autour, découvrant encore avec eux. Au plus il reprenait des forces, au plus il était facile et agréable de marcher pour lui. Les Omaticaya qui l'accompagnaient s'étaient maintenant habitués à aller tranquillement à son rythme, Eywani ne pouvant les suivre s'ils avançaient normalement. On avait découvert quelque chose de plus à son propos. Comme eux, il savait marcher sans bruit, être discret et ne pas déranger la nature. Au delà de cela encore, il n'écrasait jamais de fleurs, faisant attention à chaque endroit où il posait le pied. Il avait cependant besoin de pauses régulières pour poser ses ailes et reposer son dos, tous tristes de le voir peiner ainsi. Mo'at et les guérisseurs tentaient de le soulager de leur mieux mais ils ne pouvaient réparer les lourds dégâts qu'il avait subi. À cause de cela, on ne l'emmenait pas en forêt. Cela n'était pas prudent et l'Aïais était d'accord, s'y pliant même s'il avait visiblement envie d'y aller. Mais il était le premier à dire que cela serait dangereux alors qu'il ne pouvait se déplacer que lentement et prudemment.

Chaque jour, l'enfant de Gaïa s'améliorait. Il pleurait toujours la nuit en silence, beaucoup l'avaient constaté. Toutefois, son corps allait mieux. Ses blessures étaient guéries, sa peau n'avait plus le teint maladif et ses petits cristaux avaient retrouvé leur lumière délicate. Eywani les accompagnait désormais lorsqu'ils se lavaient ensembles comme il était de coutume, s'occupant les uns des autres. Il avait raconté que son peuple en faisait de même presque de la même façon. Eux faisaient leur toilette corporelle seul mais il leur arrivait souvent de s'offrir des massages, soignant les ailes, les cheveux et les ongles des autres. Il se mit donc à les accompagner pour ce moment de cohésion resserrant les liens. Cela se passait normalement en famille ou amis proches. Lui n'en n'avait pas mais il était joyeusement accueillis et tiré avec les autres. Souvent, il était avec Mo'at, Eytukan et leurs filles. Il allait aussi avec Ateyo, Tsu'tey et Arvok, d'autres groupes familiaux ou d'amis. Mo'at en profitait souvent pour masser son dos et ses ailes. On lui lavait les cheveux et on lui tressait parfois. Il était difficile pour les Na'vi et leurs grandes mains de tresser sa petite tête mais avec de la dextérité, certains y arrivaient très bien. Il n'était donc pas rare de le voir la chevelure tressée, les nattes tombant jusqu'à ses genoux.

L'ange de GaïaWhere stories live. Discover now