8 - Ceux qui ont la démence

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Le son de sa voix m'apparut comme une bouée de sauvetage, me ramenant à moi-même. De retour au bar.

Chishiya était affalé contre le comptoir, regardant impassiblement la scène devant lui. Ses yeux tombèrent sur le pistolet, avant de se lever pour rencontrer les miens. Il n'y avait rien en eux, pas d'amusement, pas même de cruauté. Rien. Ils étaient bien plus vides et plus sombres qu'ils ne l'avaient jamais été. Et pourtant, à ce moment-là, je n'avais jamais été aussi ravie de le voir.

Tu devrais probablement ranger ce truc, dit-il. Le Chapelier serait pas très content d'apprendre que tu t'amuses avec la nouvelle. Il en attend beaucoup d'elle.

L'homme enfonça le pistolet plus loin dans ma peau, générant une nouvelle bouffée d'anxiété à travers moi. J'avais peur qu'il appuie accidentellement sur la gâchette. S'il me tirait dans le ventre, ca aurait été une mort lente et douloureuse.

Tu sais Chishiya, j'en ai marre que t'interfères tout le temps. Tu devrais rester en dehors de nos affaires.

Chishiya regarda l'homme avec désintérêt. Vos affaires. C'est fascinant ce que vous faites. Vous faites le ménage et vous appliquez la sentence, mais vous ne vérifiez jamais les preuves.

Qu'est-ce que tu racontes ? gronda l'homme. Ferme ta gueule et reste en dehors de ça.

Ce que je veux dire, c'est que vous ne prenez jamais la peine de vérifier si les traîtres sont réellement des traîtres. Il est étonnamment facile de glisser quelques cartes dans la chambre de quelqu'un d'autre.

La tension était à son comble, et je grimaçai alors que les doigts autour de mon poignet se serrèrent douloureusement. Puis tout aussi rapidement, il me relâcha. Il siffla une vague de menaces au visage de Chishiya, puis s'enfuit. Je n'avais pas compris un mot, et de toute façon, Chishiya resta complètement stoïque.

Alors que nous n'étions maintenant plus que tous les deux, il ne m'envoya pas un regard. Je me demandai alors pourquoi il était là. Il n'était sans doute pas venu au bar dans l'unique but de m'aider. Mais je ne pouvais pas non plus l'imaginer venir ici pour se soûler. Comme pour répondre à toutes les questions qui flottaient dans ma tête, Chishiya fit signe au barman et demanda un verre en quelques mots.

お水をください. De l'eau, s'il vous plait.

Le connaissant, il dirait que l'alcool ne fait qu'obscurcir l'esprit et émousser les capacités de raisonnement. Le barman posa le verre sur le comptoir, mais Chishiya ne s'éloigna pas, et sirota son eau.

Merci, je lui murmurai, même si m'aider n'avait probablement jamais été à son ordre du jour. Je suppose que ce genre de choses, c'est assez courant ici.

Eh bien, il n'y a que trois règles, dit-il. Du coin de l'œil, il fixa le sweat gris que Kuina m'avait donné. Pour le moment, t'es pas autorisée à te promener seule dans la ville parce que t'es nouvelle mais la prochaine fois que tu participes à un jeu, tu seras avec un des haut gradés. Si tu le demandes, il pourra t'accompagner pour que t'ailles te trouver de nouveaux vêtements.

Je ne savais pas comment il avait su que le sweat n'était pas à moi. De toute manière, j'avais renoncé à comprendre comment son cerveau fonctionnait.

Avant que je ne puisse demander, il parla, me prenant au dépourvu encore une nouvelle fois. Viens, Kuina doit nous attendre.

Cette nuit-là, je découvris que Kuina et Chishiya étaient en fait amis. Enfin, c'était peut-être pas vraiment de l'amitié, c'était difficile à dire. Ils traînaient ensemble et plaisantaient comme des amis, mais je sentais bien que Kuina ne lui faisait pas entièrement confiance. Les journées passaient vite, et malgré la tension évidente entre les militants et les haut gradés, j'essayais de profiter de mon séjour, avec l'eau chaude, la nourriture et tout le reste.

Et une fois Mise en Formule, Etalée sur une Epingle [Chishiya x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant