Chapitre 14 : Le géniteur

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Aurora fixe son mystérieux interlocuteur, essayant de percer quelles sont ses réelles intentions. Finalement, elle prend son courage à deux mains et ose demander avec un regard en coin :

— Comment vous êtes entré ? Est-ce que je dois appeler à l'aide ?

Arcan, qui arbore une chevalière dorée à l'annulaire droit, joint ses longues mains fines, souriant d'un air énigmatique avant de répondre :

— Comment suis-je arrivé ici ? Ah... ça, c'est une excellente question ? Crie si cela t'enchante, mais cela ne servira à rien car je suis là oui et non, répond-il en contournant le guéridon pour se diriger vers la cheminée.

— Vous allez me dire que j'ai une hallucination, c'est ça ?

— A toi d'en juger. Tu sais très certainement qu'elle est ma condition, n'est-ce pas ? enchaîne-t-il en prenant appuie sur le rebord de l'âtre.

— Quoi ? Que vous êtes un sorcier ? On m'a déjà mise au courant. Mais venez-en au fait...

— Je constate que tu as hérité de mon sens de la répartie ! Et je dois t'avouer que ça me plaît.

À ces mots, Aurora le foudroie des yeux, tandis que ses poings se contractent de colère :

— Je n'ai rien hérité de vous ! Vous m'entendez ? Je n'ai rien en commun avec un espèce de tordue tel que vous, s'exclame-t-elle.

La réponse sanglante de la jeune Lockwood ne semble pas avoir perturbé Arcan, loin de là. Il se contente d'afficher une mine arrogante puis répond :

— Et pourtant que tu le veuilles ou non, mon sang coule dans tes veines.

Sur ces mots, il quitte finalement le bord de la cheminée dans le dessein de se rapprocher de sa fille qui se saisit immédiatement de son chausson :

— N'avancez pas ou je vous jure que n'hésiterai pas à vous l'envoyer en pleine face !

Arcan s'arrête aussitôt et secoue la tête :

— Écoute moi, je te promets que je n'ai aucune mauvaise intention, c'est tout le contraire...

— Vous m'en direz tant, coupe sèchement la jolie blonde. C'est pour ça que vous avez envoyé toute une troupe de monstres me faire du mal !

— Non, non, réplique Arcan en agitant ses mains. Leur unique but était de te ramener auprès de moi afin que je puisse tout expliquer. En aucun cas ils t'auraient blessé, je ne l'aurais pas permis. Mais ces sales vermines ont réussi leur coup en t'implantant leurs mensonges dans la tête !

— M'expliquer quoi ? Que ma mère à dû s'enfuir loin de vous car vous êtes un psychopathe ! Je sais tout ce qu'il y'a savoir...

Arcan, fais un pas en arrière, visiblement mal à l'aise :

— Sache que j'aimais ta mère plus que tout. Elle était l'amour de ma vie et nous aurions pu trouver le vrai bonheur ensemble. Malheureusement, elle a pris la mauvaise décision après avoir écouté les conseils de personnes qui ne voulaient que me faire du mal.

En entendant ces paroles, Aurora vacille. Son intuition lui suggère que tout n'est que mensonges dissimulés derrière des mots choisis avec soin. Mais d'un autre côté, il semble tellement sincère qu'il est difficile de résonner correctement. Arcan, qui perçoit son incertitude, en profite pour semer le doute en elle en usant de son pouvoir de persuasion, tel un serpent qui inocule son venin :

— Je t'en prie, mon enfant, écoute-moi. Ne tombe pas dans le même piège que ta mère. Elle leur a fait confiance et cela lui a coûté la vie.

— Comment vous savez qu'elle est morte ? s'exclame Aurora surprise.

— Nous sommes à Damnaran, un lieu où la magie règne en maître. Les âmes de ceux qui ont autrefois foulé cette terre reviennent toujours, même sous forme d'esprits. J'ai senti son aura au moment exact où elle s'en est allé.

Suite à cela, le sorcier se rapproche doucement et tend sa main comme s'il voulait effleurer la joue de sa fille. Cependant alors que les pensées de la belle blonde se bousculent, des bruits de pas se font entendre dans le couloir. Surpris, Arcan s'arrête et regarde la porte avant de dire :

— Je dois partir maintenant ! Mais sache que je reviendrai bientôt...ne parle à quiconque de ma venue, ils ne sont pas dignes de confiance.

Puis, il recule en regardant sa fille. Ses yeux brillent d'une lumière farouche alors qu'il continue de reculer sans jamais la quitter du regard.

Aurora le regarde avec dédain et rétorque :

— Comme si j'allais vous écouter !

— Tu ne le feras pas..., répond Arcan en souriant avant de disparaître.

Désormais seule, Aurora a dû mal croire ce qu'elle vient de vivre. Face à elle, se trouvait son géniteur. Un homme décrit comme un psychopathe, mégalomane, doté d'un sarcasme sans égal. Enfin, c'est ce que lui a raconté les autres. Elle commence à se demander s'ils ont raison à son sujet, ou s'ils ont peut-être exagéré. Peut-être qu'il veut simplement la retrouver et rétablir des liens avec elle. Tout se bouscule dans sa tête. Elle ne parvient plus à réfléchir, ni à mettre de l'ordre dans son esprit. Mais alors qu'elle se débat contre son incertitude, elle entend frapper à la porte :

— Puis-je entrer ? demande une voix qu'elle connaît.

— Théobald ! Non, non... qu'est-ce que je fais ? se dit-elle paniquée.

Prise au dépourvu, hésitant à lui dire que son père lui a rendu visite, Aurora essuie son front perlé de sueur, prend une grande inspiration et répond d'une petite voix chevrotante :

— Tu peux entrer...

La poignée se baisse alors et la silhouette de Théobald apparaît dans l'encadrement de la porte. Son regard se pose sur Aurora, ce qui la déstabilise instantanément et la fait rougir. Théobald, qui l'a remarqué, affiche un petit sourire avant de s'avancer d'un pas léger vers elle.

— As-tu bien dormi ? demande-t-il avec une voix qui ferait fondre n'importe quelle femme.

Aurora sent son cœur battre plus vite, alors qu'elle répond en bafouillant :

— Euh... Oui, ça peut aller. Et toi ?

Théobald lui sourit encore une fois, et répond :

— Je n'ai jamais aussi bien dormi que depuis ton retour.

Le cœur d'Aurora se met à battre encore plus fort et elle sent son visage s'embraser, alors que Théobald s'approche d'avantage et ajoute :

— Tu es si belle quand tu rougis...

Aurora et Le monde de Damnaran ( en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant