Chapitre 1 : Un Noel sans toi

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Il est 20 h 30 et la nuit s'est déjà étendue sur la ville. Dans la chambre aux murs gris sinistre, Aurora est installée sur le chesterfield en s'efforçant de ne pas respirer par le nez. Cette odeur de solution iodée lui est insupportable. La nutritionniste, au visage bienveillant, pénètre silencieusement dans la chambre et se dirige vers sa mère pour lui demander ce qu'elle souhaite manger. Comme à son habitude, Mildrid lui répond qu'elle ne peut rien avaler. Alors, elle lui propose un coca, ou un équivalent en sucre, pour compenser sa perte d'énergie.

— Essayez de boire un peu, dit la diététicienne en lui tendant la boisson.

De sa main fébrile, la malade saisit le verre, le porte à ses lèvres toutes pâles et avale une gorgée. La spécialiste esquisse un sourire et repart sur la pointe des pieds.

— Tu devrais rentrer ma chérie, suggère la cancéreuse à qui la chimiothérapie a fait perdre sa magnifique chevelure rousse et frisée.

— Je n'ai pas envie, réplique Aurora les yeux rouges et gonflés.

— Tu dois te reposer... ça fait deux nuits d'affilées que tu restes assise dans ce fauteuil.

— Ce n'est pas grave, le plus important, c'est toi !

— Je suis entre de très bonnes mains ici, lui assure-t-elle.

— Tu es sûre ?

— Absolument sûre...

— Bon, je rentre juste prendre une douche et je reviens.

Après une dernière hésitation, Aurora se penche vers sa mère, humant son parfum subtile de jasmin, puis l'embrasse. Celle-ci décoche un regard plein d'amour et caresse sa joue, avant d'être secouée par une quinte de toux. Par chance, une infirmière qui passait à proximité de la chambre 512, entend Mildrid. Elle entre avec une seringue et injecte un produit dans la perfusion. Le médicament commence à faire effet et doucement, la toux se calme.

— Ça va, maman ? C'est décidé, je reste avec toi !

— Je vais beaucoup mieux, répond-elle dans un soupir d'épuisement.

Aurora pivote vers l'infirmière et dit :

— Merci, mademoiselle !

Puis elle ajoute :

— Je dois rentrer chez moi. S'il vous plaît, vous veillerez bien sur elle en mon absence ?

— S'il y a quoi que ce soit, je vous appelle, rétorque la soignante en esquissant un sourire.

Enfin, elle quitte sa mère en lui faisant un petit signe de la main et se dirige vers la sortie pour rentrer chez elle. Après avoir roulé les quelques kilomètres qui séparent la maison de l'hôpital, la jeune fille gare sa voiture dans la cour et gravit les six marches qui mènent à la porte d'entrée. Soudain, alors qu'elle insère la clef dans la serrure, le téléphone fixe sonne. Ses mouvements se figent, son cœur s'accélère. D'une main tremblante, Aurora essaie de déverrouiller la porte le plus vite possible. Il ne lui faut que quelques secondes pour ouvrir et se ruer sur le combiné.

— Allô ?

— Mademoiselle Lockwood ?

— Oui, c'est moi...

— Je suis le Dr Michaels de l'hôpital Saint Davis.

— Que se passe-t-il ? Ma mère va bien ? s'écrie-t-elle.

— Mademoiselle..., j'ai le triste devoir de vous annoncer que votre mère est décédée, peu de temps après votre départ.

Le temps vient de s'arrêter. La voix du médecin chargée d'empathie annonçant son décès lui fait lâcher l'appareil et s'effondrer en pleurant :

Aurora et Le monde de Damnaran ( en pause)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora