Chapitre 16 - La Horde

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Au contact de ses gouttes de sang s'écoulant sur le sol, je sens comme une vibration sous mes pieds. Petite au début puis assez forte pour me faire presque perdre l'équilibre. Peter arbore un sourire malicieux, ses pupilles aussi rouges que ma robe. Sous les secousses, la poussière du plafond nous tombe sur la tête. Je m'accroche au mur pour ne pas tomber. Soudain, un bruit de craquement se fait entendre à ma droite. Je tourne la tête et observe déboussolée le mur sur lequel je m'appuie, se fissurer progressivement. Alors que je ferme les yeux prise d'une panique soudaine, je sens quelque chose me caresser le menton. Je les rouvre et louche sur une jolie fleur violette. Les tremblements de terre ont cessé quand elle a surgi tout d'un coup du mur. A croire que cette belle et délicate fleur est la coupable de tout ce vacarme.

— Tu vois, la magie des nocturnes n'est pas si mauvaise, elle fait même pousser des fleurs, s'exclame-t-il sarcastique.

— Vous connaissant, elle doit être vénéneuse, utilisable afin de faire du poison, précisé-je ce qui le fait fulminer.

— Merci de me donner la définition de vénéneuse à croire que je suis bête.

Je hausse les épaules, provocatrice. Peter reprend soudainement son sourire narquois ce qui ne sent pas bon. Je perds automatiquement le mien en le scrutant du regard. Il fait quelque pas dans ma direction en minaudant.

— A toi de me montrer ce que tu sais faire, me souffle-t-il un regard empli de sous-entendu.

Ma gorge se noue, je déglutis péniblement en essayant de ne pas paraître perturbée par sa phrase. Comment est-il au courant ? J'ai fait mon possible pour cacher mes pouvoirs, c'est impossible qu'il ait pu le savoir. Je joue la carte de l'innocence. Nier, c'est ce que je peux faire de mieux pour le moment. Je prends donc un air naïf en le regardant.

— De quoi tu veux parler ?

— De ta magie, je sais que tu fais semblant de ne pas en avoir. Tu as berné Léon, mais moi, rien ne m'échappe.

— Tu délires complètement...

Mon cœur bat fort et vite dans mon crâne. Je sais qu'il a compris à ma tête que je mens. Ses pupilles me scrutent comme si elles voient à l'intérieur de mon être. Je retiens mon souffle en priant pour que Peter lâche l'affaire. Mais à mon grand mécontentement, il reprend de plus belle :

— Lyra, jubile-t-il en attrapant une de mes fines tresses du bout des doigts. Tu ne sais vraiment... Vraiment pas mentir, c'en ai presque gênant.

Je prends la mouche et rougis de colère. Certes, je ne sais pas mentir, mais je ne lui donne pas le droit de m'insulter ! Monsieur, je fais apparaître une simple fleur et je me prends pour le roi des magiciens. Neil, lui, à carrément tué un homme rien qu'en posant ses mains contre ses tempes. Il a même réussi à créer une illusion incroyablement réelle, me guérissant par la même occasion ma phobie des motos. Neil... Ça fait longtemps à présent que je n'ai pas pensé à lui. Je me demande comment il va...

Non ! Je ne dois pas m'inquiéter ou ne serait-ce que me questionner à son sujet. Je retire mes cheveux avec lesquels le nocturne joue depuis quelques secondes.

— Je ne mens pas, sifflé-je en poursuivant mon chemin le laissant en plan derrière moi.

— Je n'aime pas quand on me prend pour un con, et tu l'as fais deux fois aujourd'hui, me lance Peter d'une voix menaçante.

— Comme quoi, tout arrive, je renchéris sur un ton amer en me tournant enfin vers lui.

Je n'ai pas le temps de comprendre quoi que ce soit qu'une nuée noire se disperse autour du nocturne. Peter utilise le sang, maintenant séché, de ses paumes pour faire apparaître un arc. Je cligne plusieurs fois des yeux perplexes. Mais à quoi joue-t-il ? Je ne comprends toujours pas la stratégie de Léon de me laisser avec Peter qui essaye constamment de me tuer. Ce type à un véritable problème d'impulsivité.

LyraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant