Chapitre 24 - Bain de sang

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J'observe la porte, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Est-ce Neil ? Nous ne nous sommes pas vus depuis que j'ai été kidnappée. Sans le vouloir mes mains deviennent moites et des papillons carnivores grignotent lentement mon ventre. Je sais que nous avons un lien spécial par le fait qu'il soit mon protecteur. Mais je sais également que je ne suis pas indifférente au charme de Neil. A ses yeux gris et hypnotiques, ses fossettes lorsqu'il sourit... Sa voix grave et envoûtante. Et puis il faut dire que mon rêve de ce matin ne me quitte pas. Depuis que je l'ai vu en rêve et que Claryssa à prédit sa venue, je n'arrive pas à calmer mon impatience. J'ai hâte de le mettre au courant sur toute la vérité, sur notre nouveau plan...
La porte s'ouvre enfin. En découvrant Léon qui marche fièrement dans la maisonnette, ma déception est si grande qu'elle en devient douloureuse. Mais le regard inquiet de Peter me ramène durement à la réalité. Touchant du bout des doigts ma bague, je prie silencieusement pour que le sort de la druidesse fonctionne. Un silence pesant règne dans la pièce. Claryssa est tendue comme un arc. Peter lui joue le bon petit soldat en faisant la courbette devant Léon, qui, nous observe en souriant.

— Alors, n'y a-t-il que Peter pour me montrer un peu d'intérêt ici ? Le nocturne s'approche de moi en attrapant ma main. Ma chère Lyra plus les jours passent plus je te trouve ravissante ! Et Claryssa... Je t'ai connu moins tendu. Que t'arrive-t-il ?

Il lâche ma main pour dévisager la druidesse qui doit sûrement prier pour que le sort fonctionne. Mise à part sa tête de coupable, je pense que Léon n'a rien remarqué. Je peux enfin prendre une longue et profonde inspiration. Maintenant, que notre plan n'est plus en danger, je peux me concentrer sur la suite. Dehors, la nuit est tombée, l'heure fatidique de la cérémonie est arrivée.

— Qui ne serait pas tendue ou angoissé à l'idée d'assister à l'ascension de l'élue... Et puis je te rappelle que je suis l'enchanteresse de la cérémonie de ce soir, rétorque Claryssa en soutenant le regard du chef de clan sans ciller.

— Invoquer le bain de lune n'est pas très compliqué, ne surestime pas ton rôle, répond sèchement Léon en saisissant la lame sur la table qu'à posé la druidesse quelques minutes plus tôt.

— Alors pourquoi ne le fais-tu pas toi-même ? Réplique-t-elle en lui décochant un sourire empoisonné.

— Tu sais bien que pour faire ce sort, le sorcier doit avoir le cœur pur, il plante d'un coup sec le couteau dans le bois de la table puis reprend la mâchoire contractée. Ce que je n'ai plus depuis bien longtemps. Même si cette conversation fut fort intéressante, tu m'excuseras de l'écourter pour amener Lyra vers l'autel et lui faire rencontrer notre peuple.

Je tourne automatiquement la tête vers la fenêtre entendant ces paroles et remarque une ribambelle de personnes dehors. Claryssa et Peter m'ont expliqué approximativement ce qu'il se passera ce soir, mais je ne peux m'empêcher de ressentir la peur engourdir tous mes membres. J'ai peur de Léon qui ne m'inspire que noirceur et dégoût, j'ai peur de cette cérémonie qui m'est complètement inconnue, j'ai peur que notre plan échoue et des conséquences que cela pourrait engendrer. Si le chef des nocturnes apprend que Peter et Claryssa ont comploté dans son dos, je ne donne pas cher de leur peau. Je fais quelques pas vers Léon dans l'idée de le suivre dehors en ignorant la petite voix dans ma tête qui me crie de ne pas sortir. Que peut-il m'arriver en soit ? Notre plan tient la route... J'ai confiance en mes coéquipiers. Tout devrait rouler comme sur des roulettes non ?

Pourtant, j'ai l'impression de manquer d'air et que mon corps pèse trois tonnes. J'ai déjà ressenti ce genre de sensation auparavant. Lors de mes oraux en cours de français ou lorsque Beka m'a poussé à participer à une comédie musicale du lycée dont elle avait le premier rôle. Bien évidemment, elle ne m'avait pas dit que je jouerai un arbre qui parle. Quand les rideaux ont disparu laissant apparaître les spectateurs, je m'étais littéralement liquéfiée. L'arbre perdit donc l'usage de la parole pendant tout l'acte un.
Ce soir, ce n'est pas la même chose, le peuple des nocturnes se réunit pour me voir... C'est moi qui ai le premier rôle cette fois. Et je ne suis pas sûre d'être à la hauteur.

LyraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant