Un magnifique massacre qui rouvrira de vieilles plaies.
La neige recouvrait les allées de Washington et le froid mordant menaçait toute personne qui ne se couvrait pas assez bien. Malgré le réchauffement climatique, les périodes hivernales étaient toujours aussi intenses et apportaient leur lot d'intempéries. Si les touristes s'émerveillaient du manteau blanc qui recouvrait la capitale, les locaux le maudissaient et ne cessaient de se plaindre du temps. C'était encore plus vrai quand une personne pensait y perdre son temps et c'était exactement ce que ressentait Benjamin Harell à la veille de la nouvelle année. Ne pouvant ignorer ce qu'il se passait dans sa ville, il n'aurait jamais penser qu'il devrait se déplacer pour rendre des comptes au Capitole. Cela ne lui disait rien de bon et il craignait que l'année 2052 ne débuta sous de mauvaises auspices. Si le gouvernement tentait de se débarrasser discrètement du problème, il craindrait tout de même que cela ne leur échappât et que la riposte de leurs adversaires fut des plus terribles. Cela l'inquiétait de devoir confier le destin de ses concitoyens à des bureaucrates ignares.
N'ayant pas beaucoup d'estime pour ses collègues, il les méprisait car ces derniers s'entouraient dans des tours de verre et ignoraient les agitations qui troublaient la paix de leur Etat ou de leur pays tout entier. Certes, les grandes guerres étaient derrière eux depuis que l'Ukraine et la Russie avaient enfin signé l'armistice, mais cela ne voulait pas dire qu'aucune autre ne se déclencherait. Ceux qui s'habillaient de costumes et de tailleurs élégants ne se préoccupaient pas vraiment de ce qui se passaient dans les rues qu'ils prétendaient gouverner et mener à la baguette. Pire chef d'orchestre n'aurait pu exister ! Ils ignoraient totalement le péril qui les menaçait et qui risquait de détruire de nombreuses existences. S'ils s'en souciaient seulement un instant, ils n'auraient pas attendu aussi longtemps avant d'écouter ce qu'il avait à dire. A moins qu'ils ne voulussent que le remettre au pas pour apaiser les tensions, il allait le découvrir.
Si ces idiots pensaient avoir seulement une once d'idée de ce qui se passait à Seattle, ils se trompaient lourdement. La première offensive avait été lancée la semaine précédente. Toutes les victimes avaient une famille, des rêves et des ambitions. Hélas, ils leurs avaient été ravi pour toujours et il n'était pas parvenu à les protéger. Lui qui s'était juré de veiller sur tous les citoyens de sa cité, il n'avait pas tenu parole. Qui sait ce qui découlerait de cette horrible défaillance ? Tout annonçait une multitude de cadavres à venir, mais il se berçait encore de la douce illusion que ce ne serait pas le cas. La logique voulait que le contraire vainquit au vu du massacre qui avait été perpétré lors de l'avant-dernière semaine du mois de décembre. Face à ce cahos, Harell avait peut-être perdu son mot à dire dans l'organisation de la défense de sa ville. Pourtant, il ne voulait pas ouvrir un conflit ouvert avec leurs adversaires. Il avait naïvement cru qu'un climat de peur et d'oppression suffirait à les obliger à se cacher, encore une fois. Hélas, cela avait échouer et les humains allaient le payer au prix fort.
Après un énième soupir et armé d'une tasse de café, le maire de Seattle tourna à droite au fond du couloir et rejoignit le bureau qui lui avait été indiqué. Il s'agissait de la salle de réunion, accolée au bureau du vice-président, dévoué à l'accueillir pour parer à cette situation de crise. La seule chose qu'il ignorait, c'était le nombre de députés ou de sénateurs que le sous-chef du pays voulait impliquer. En fonction du nombre, Harell aurait une chance de s'en sortir. Pourtant, quand la procureure et députée Fergusen entra dans la pièce, l'ensemble de son corps se tendit et son regard se fit aussi acéré qu'une arme. Il ne se souvenait que de bribes d'informations, mais une certitude demeurait ancrée au fond de lui : c'était de sa faute si une trêve n'avait pu être négociée. Par sa faute, ils devraient employer les grands moyens et craindre le pire. Tout ça aurait pu être évité, mais c'était inutile de revenir en arrière car cela était impossible. Sa seule marge de manœuvre était de convaincre les autres partis de la réunion. Ceux qui les rejoignirent furent le sénateur de Washington, le député de l'Ilinois, celui de Pensylvanie, celui du Massasuchets, celui de l'Indiana, celui de l'Ohio, celui du Minnesota, celui de New York, celui du Wisconsin et celui du Michigan. Tous prirent place autour de la table de réunion, tendus à l'idée de ce qu'ils allaient débattre aujourd'hui. Quand tous furent installés, ce fut au vice-président d'ouvrir la séance. Isaiah Harris était un jeune trentenaire, au teint mat, à la chevelure aussi noire que ses prunelles, à la stature fine, mais autoritaire. A priori, il n'avait pas la carrure pour ce poste, à peine sorti de ses études universitaires, il avait fini par s'imposer et donner le change. Ce fut d'une voix grave qu'il ouvrit la séance :
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Les enfants de Samhainn : L'éveil
RandomDepuis la nuit des temps, les créatures les plus sombres peuplent notre monde, mais elles sont demeurées cachées dans l'obscurité la plus totale. Néanmoins, en 1615, sur les plaines de Seattle, la sorcellerie a refait parler d'elle en massacrant une...