La culture générale peut parfois jouer des tours à l'esprit.
Dès le lendemain du drame, Ava était rentrée chez elle. Face aux interrogations de ses parents, elle avait prétendu avoir passé la nuit à réviser chez une amie et avait oublié de les avertir. S'ils lui avaient fait des remontrances pour ne pas les avoir prévenus, ils semblaient avoir cru à son alibi. Cela la rassurait car elle ne voulait pas avoir à gérer ça en plus de tout ce qui lui arrivait. Pour les protéger, elle se voyait forcée de leur mentir et de leur cacher la vérité. Sa mère pourrait comprendre puisque son aïeule lui en avait parlé, mais elle doutait que sa réaction lui fût favorable. Si elle lui en parlait, elle ne saurait pas comment les choses tourneraient pour elle et sa famille. Se taire demeurait la meilleure option. De toute façon, elle avait plus urgent en tête comme cette fameuse rencontre qui avait suivi la quasi-exécution de ses semblables. Ava se demandait si c'était un test, si on avait désiré jauger ses capacités magiques. Quoiqu'en se rappelant des mots de ce mystérieux sorcier, elle se doutait qu'ils iraient jusqu'à mettre en jeu des vies innocentes juste pour prouver des théories. Non, il souhaitait qu'elle comprît la dure réalité des choses, mais elle ne voulait pas s'y résoudre. Même si elle admettait avoir des œillères, son esprit refusait catégoriquement d'accepter qu'une guerre se préparait et qu'elle allait devoir choisir son camp.
La promesse qu'il lui avait faite résonnait encore dans ses oreilles. Il lui suffisait de tenir le coup et de ne pas craquer. Le conflit semblait imminent donc elle n'aurait pas beaucoup de temps à attendre. Elle pourrait toujours demander une date précise quand elle en aurait l'occasion, mais cette horrible tragédie aurait une fin, elle s'en assurerait. Il était hors de question qu'elle se fit détruire par cette opposition qui ne la concernait pas. Ce n'était pas son combat, elle ne devait pas s'impliquer. Tout ce qu'elle avait à faire, c'était attendre. Oui, attendre, mais quoi ? Serait-il plus moral de patienter et de voir les deux camps s'entretuer ?
Cela la dérangeait tout autant de savoir qu'elle pouvait être la clef pour mettre fin à cette machine à tuer qui se mettait en marche. Peu importait les dires d'un être vivant depuis plusieurs siècles, elle se devait d'essayer. Même si elle échouait, au moins, elle aurait tenté sa chance. Ce serait toujours mieux que d'assister à un véritable bain de sang sans lever le petit doigt. Elle ne pouvait se résoudre à demeurer impuissante quand elle pouvait trouver la solution à cet immense problème. Un problème qui la dépassait largement, mais elle n'était pas du genre à abandonner. Baisser les bras serait aussi indigne que de regarder les choses se faire sans agir. Il lui fallait juste obtenir plus d'informations sur ce qui se passerait. Peut-être que Kalliope ou Manfried pourraient l'aider. Malgré leur jeune âge, ils semblaient en savoir plus qu'il n'y paraissait et ils se sentaient constamment surveillés d'après ce que lui avait rapporté son amie. Elle espérait qu'ils ne courraient aucun risque tandis qu'elle tentait de comprendre l'origine de la menace qui planait sur eux. Alors qu'elle demeurait assise en tailleur sur son lit, un appel de Derek la fit sortir de ses pensées. Après une journée de cours fastidieuse, lui parler la détournerait de ses soucis, elle lui répondit donc d'une voix chaleureuse :
« Salut, comment ça va ?
- Bonsoir, oh sublime créature qui illumine chacun de mes jours, je ne peux qu'aller bien en voyant ton illustre visage !
- Qu'est-ce que tu veux, Derek ?
- Bah quoi, est-ce devenu interdit de faire des compliments ?
- Non, mais autant si rapidement, venant de ta part, ça cache quelque chose.
- J'en serais presque outré si je n'avais pas à te demander de sauver ma pauvre âme innocente !
- Tu n'as absolument rien d'innocent, idiot. Dis quand même, je suis d'humeur magnanime.
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Les enfants de Samhainn : L'éveil
RandomDepuis la nuit des temps, les créatures les plus sombres peuplent notre monde, mais elles sont demeurées cachées dans l'obscurité la plus totale. Néanmoins, en 1615, sur les plaines de Seattle, la sorcellerie a refait parler d'elle en massacrant une...