T'imagine des choses, Thorne

604 32 0
                                    

Il est onze heures passé lorsque je suis réveillée par les douces vibrations de mon téléphone sous mon oreiller. Zach dort toujours à poing fermé contre moi, ce qui me fait sourire. Je me tortille pour m'emparer de mon appareil sans le réveiller. Je déverrouille l'écran, la vive luminosité me brûlant les rétines, pour découvrir que ce n'est rien de plus qu'une pub de mon opérateur. Ugh !

— Tout va bien ? articule Zach d'une voix endormie. Quelle heure il est ?

— Onze heures. Tu peux te rendormir.

Il roule sur le côté en poussant un râle incroyablement sexy.

— J'ai un match dans deux heures.

Quant à moi, j'ai une étude de cas à rédiger pour les cours. Avant cela, je voulais aller faire trois courses pour racheter des produits de base, comme le beurre. Je n'ai presque plus un rond sur mon compte, mais une plaquette de beurre ne coûte pas bien cher si on la divise en quatre.

Je me lève pour allumer la lumière, tandis que Zach s'abrite sous mes couettes.

— Qu'est-ce que tu fous ? bougonne-t-il d'une voix étouffée.

— Je m'habille, j'ai deux trois trucs à aller acheter.

— Reste, on ira plus tard.

— Non, j'aimerais y aller maintenant, au moins c'est fait.

Quand sa tête émerge de la couette, je suis déjà prête à partir. Je me fais un chignon désordonné qui fait écho au reste de mon apparence, puis je fouille mes tiroirs à la recherche du moindre dollar égaré.

— Ok, attends-moi deux minutes, je viens avec toi.

Je le retrouve cinq minutes plus tard dans la salle de bain. Il me rejoint pendant que je me lave les dents. Nous nous échangeons un regard complice dans le miroir. Ses iris sont teintés d'affect si j'ose le croire. Les miens refusent de se détourner de son visage, savourant secrètement l'absence d'animosité dans son expression.

Au magasin, il m'assigne la tâche de chauffeuse de caddie. Je découvre un contentement pur dans le simple fait de faire mes courses avec Zach. Tout comme les quelques heures de réflexion que j'ai passées sur le balcon avant le lever du soleil, j'aimerais encapsuler ce moment pour le revivre à ma guise. Et dire que, moins de vingt-quatre heures en arrière, nous étions prêts à nous sauter à la gorge...

Je suis mon coloc à travers les rayons tandis qu'il remplit le chariot. Le niveau de ce dernier monte et monte, et moi je perds peu à peu mon sourire. J'ignore dans quel univers je serai capable de payer ma part. Je n'ai que vingt dollars à mon nom actuellement. Ce sont les pourboires de mon dernier service au bar, ceux que j'ai oubliés dans mon short hier soir.

— Il te manque quoi pour faire une moussaka ?

— Tu... tu veux que je fasse une moussaka ?

— Ouais, enfin si ça te dérange pas. Pourquoi tu fais cette tête ?

— Parce que, euh...

Je m'arrête entre l'allée des sauces et celles des pâtes, victime de mon embarras. Je me penche par-dessus la poignée du caddie pour balayer nos courses du regard.

— C'est juste que, c'est déjà un peu beaucoup pour moi, tout ça. Je te rappelle que j'ai régalé mon père ce matin.

— Putain, tu lui as vraiment donné tout ton fric ? Je pensais que t'aurais gardé un peu de thune, au cas où.

— Je n'ai pas réfléchi sur le moment, je voulais juste qu'il parte.

Il prend une profonde inspiration, ce qui gonfle son torse et étire son maillot de foot blanc. Puis il soupire en regardant nos courses. Je sais qu'il va dire une bêtise avant même qu'il n'écarte les lèvres pour parler. J'ai appris à reconnaître la lueur de malice qui brille dans ses yeux.

The hate theory [Tome 2/2]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora